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Plongée dans le nombril socialiste

Bonnes feuilles / vendredi 22 août 2008 par Marion Mourgue
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« Le Petit socialiste illustré » - en librairie lundi 25 août - devrait faire grincer quelques dents au PS. À quelques jours de l’université d’été de la Rochelle et à deux mois du congrès de Reims, dit de la « rénovation » avec l’élection d’un nouveau Premier secrétaire, le journaliste du « Monde », Jean-Michel Normand, revient avec humour sur cette drôle d’espèce que sont les socialistes ! Royal, Aubry, Delanoë, Hollande et tous les autres… chacun en prend pour son grade.

« Ça y est, la rénovation du Parti socialiste est en marche ! La preuve : depuis le début de l’année 2008, la cage du majestueux escalier d’honneur de la rue de Solférino où trônent les portraits des grandes figures du parti et qui mène au bureau du premier secrétaire a été entièrement repeinte. Un joli rose saumoné, très classe. Il fallait bien commencer par quelque chose », grince Jean-Michel Normand qui décortique avec délices les us et coutumes du PS. Des us et coutumes derrière lesquelles se cachent les guerres de chapelles entre éléphants, les luttes de pouvoir pour les postes, et le « chacun pour soi ». De préférence en tapant sur ses petits copains…

L’université d’été de la Rochelle s’annonce houleuse - JPG - 22.1 ko
L’université d’été de la Rochelle s’annonce houleuse
© Cacatie

Un exemple ? La manie des surnoms que se donnent les socialistes entre eux. Vachards, bien sûr ! De « Culbuto » pour François Hollande, à « la Dame aux Caméras » (Ségolène Royal) en passant par « Dark Vador » (Laurent Fabius) ou « la mère Tape-dur » (Martine Aubry) et « Lang de Blois » (Jack Lang), personne n’y échappe. Les socialistes ont de quoi s’habiller entre eux pour les cent prochains hivers à venir… « Les haines recuites s’expriment aussi à travers les surnoms et ce n’est pas un hasard si Laurent Fabius, qui ferraille depuis plus de trente ans au plus haut niveau du PS, est l’un des plus prolifiques créateurs de sobriquets », raille Normand. Ironique, il précise qu’hériter de l’un des ces sobriquets n’est pas forcément un mauvais point : « c’est un gage de notoriété et la reconnaissance d’un certain statut ». S’il le dit…

Le fantôme du père François

Une habitude qui cache en fait l’absence de dynamique politique et c’est bien là où le bât blesse. « Personne n’exige des socialistes qu’ils jettent par-dessus les toits leur folklore plus que centenaire. On leur recommande seulement de gommer ce léger complexe de supériorité (…). On se permet aussi de leur suggérer de se mettre au travail et de condescendre à parler des choses qui intéressent le bon peuple ».

En clair : que les socialistes arrêtent de se concentrer sur la prochaine présidentielle qui n’a lieu que dans quatre ans ! Et qu’ils donnent un contenu à leur projet en se prononçant sur l’éducation, la dette publique, les choix énergétiques, la politique d’immigration… Compris ? Pas sûr… « Au pays merveilleux du PS, tous les enjeux, même les plus minimes, sont systématiquement lus et décodés à travers le prisme de la présidentielle. », balance l’auteur du Petit socialiste illustré.

Conséquence : les gueules de bois électorales au niveau national s’enchaînent, l’absence de ligne cohérente se fait tous les jours un peu plus criante. Et il devient de plus en plus difficile que les socialistes parlent d’une seule voix ! Le fonctionnement du parti socialiste - celui de la rue Solférino et non des élus locaux qui enregistrent des succès retentissants aux élections locales - s’est largement dégradé, remarque, sarcastique, Jean-Michel Normand, « depuis le temps où le père François [Mitterrand] faisait marcher tout le monde à la baguette ».

Mitterrand, justement. Il flotte, rue de Solferino, une profonde mélancolie des années 1980 marquée par l’accession du PS aux affaires nationales : « La période mitterrandienne, celle de l’exercice du pouvoir et du PS version gothique flamboyant, suscite un bourdon empreint d’une nostalgie bien compréhensible dans un parti tricard à l’Élysée depuis que Tonton en a franchi le perron pour la dernière fois ». CQFD.

Depuis Mitterrand - ce qui fait quand même treize ans depuis sa disparition ! - les socialistes sont à la recherche du « petit père du peuple » qui leur fait aujourd’hui tant défaut. Chacun joue des coudes pour tenter de s’imposer. Vu la situation actuelle, il y a du boulot !

Au PS, point d’idées fraîches

D’autant plus que les ambitions sont vives chez les aînés comme chez les petits jeunes. Entendez les quadras du parti : Manuels Valls, Pierre Moscovici, Vincent Peillon ou encore Arnaud Montebourg. « Cela fait trop d’années que les quadras piaffent d’entrer en jeu, mais les plus âgés, ceux qui trustèrent les meilleures places sous l’ère Jospin, ne veulent pas rentrer aux vestiaires ».

Les quadras devront donc patienter : « l’ascenseur social(iste) est brusquement tombé en panne » en 2002. « Derrière leur goût pour la provocation se dissimule une profonde amertume générationnelle », qui explique pour beaucoup « leurs parcours sinusoïdaux et leurs positionnements à géométrie variable ». Pourtant, sans renouvellement du personnel politique, point d’idées fraîches au PS !

D’ailleurs, les courants sont de moins en moins des écoles de pensée et ont tendance à se transformer en simples écuries présidentielles. Où le but du jeu - toujours le même ! - consiste à choisir le bon cheval et faire en sorte qu’il soit sur la grille de départ du Grand Prix.

« Engueulez-vous les uns les autres ! », réclame Normand comme un cri du cœur. « De belles engueulades, des empoignades dont on se souviendra, des prises de bec en bonne et due forme… tout bien considéré, c’est peut-être ce qu’il faut souhaiter aux socialistes ». Du mouvement, des idées, des échanges directs et non par média ou par livre interposé. Comme le rappelle, le journaliste du Monde, les « plus belles victoires » des socialistes - 1981 et 1997 - « furent acquises après de sévères explications sur une ligne politique et pas seulement égocentrique ». Le reste suivra. Compris, les socialistes ?

En avant-première, Bakchich vous propose deux pages extraites du Petit Socialiste illustré.

Le petit socialiste illustré, de Jean-Michel Normand - JPG - 19.7 ko
Le petit socialiste illustré, de Jean-Michel Normand
© Jean-Claude Gawsewitch Éditeur

LANG DE BLOIS

« Au temps de sa splendeur, lorsqu’il appartenait encore a la direction du PS et n’avait pas perdu son fauteuil de maire de la pre´fecture du Loir-et-Cher lors des élections municipales de 2001, Jack Lang était « Lang de Blois ». Ce qui, il faut en convenir, est un jeu de mots un peu facile. Le toujours sémillant Jack, en effet, n’est pas celui qui pratique la langue de bois la plus systématique. Et lorsqu’il s’y re´sout, il le fait avec maestria, ciselant des phrases totalement creuses mais qui sonnent joliment, avec plein d’adjectifs formidables. Désormais député du Pas-de-Calais, l’ancien ministre de la Culture a fait ami-ami avec Nicolas Sarkozy en prenant une part active au Comité Balladur pour la réforme des institutions en tant que vice-président. Hélas, malgré tous ses efforts de persuasion, ce grand juriste n’a pu parvenir à convaincre les parlementaires du PS de se rallier au projet présidentiel. Du coup, « Jack » a été soupçonné de pratiquer le dédoublement de personnalité. Docteur Jack, l’opposant socialiste, icône de la gauche, cohabiterait avec Mister Lang, incapable de faire son deuil des ors de la République, taraudé par l’ouverture sarkozyenne.  »

****

« Alors, social-démocrate, réformiste, progressiste ? Il n’existe pas de mots pour dire le projet de société du PS et cette carence témoigne parfaitement de l’apesanteur idéologique dans laquelle évoluent les socialistes français. Car ce dont ils souffrent, c’est d’un déficit de doctrine. Ils sont devenus sociaux-démocrates, mais sont les seuls à ne pas le savoir. Faute d’avoir théorisé leur ralliement à l’économie de marché, à la reconnaissance des contraintes internationales ou à la nécessité de repenser le fonctionnement de l’État providence, ils se sont privés d’une boussole qui leur aurait permis de se définir autrement que par rapport à la droite. Alors qu’il s’agissait de l’acte fondateur d’une mutation profonde de la gauche française, le « virage de la rigueur » de 1983 fut présenté comme une simple « parenthèse » par Lionel Jospin. Aux dernières nouvelles, elle n’est toujours pas refermée. À son crédit, le même Jospin fut l’un des seuls, au PS, à tenter de faire phosphorer les cerveaux socialistes en engageant une réflexion face au blairisme émergent. En 1997, fraîchement arrivé à Matignon, il proposa de distinguer l’économie de marché (qu’il fallait assumer) de la société de marché (qu’il fallait condamner). Faute de combattants, la réflexion n’alla guère plus loin.  »

© Jean-Claude Gawsewitch Éditeur

Lire ou relire sur Bakchich :

L’ex candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, publie avec le sociologue Alain Touraine « Si la gauche veut des idées », sorti aux éditions Grasset. Une série de « rencontres écrites » où alternent sous forme de courts chapitres les (…)
« De l’audace » ! Le manifeste politique de Bertrand Delanoë sort enfin en librairies. Le peuple de gauche va enfin pouvoir dévorer le contenu de ce qui est annoncé d’ores et déjà comme un programme aussi novateur et percutant que la déclaration de (…)
« Le Petit socialiste illustré » de Jean-Michel Normand, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 25 août 2008, 176 pages, 13,90 euros.

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11 MESSAGES

Forum

  • Plongée dans le nombril socialiste
    le mercredi 27 août 2008 à 14:20

    Avis non indispensable mais avis quand même : l’auteur du bouquin trouve le bon créneau (et le bon moment) pour se faire du fric sans gros risques. C’est aussi ça le "journalisme" coco !

    Et si on plongeait dans le "nombril du journalisme", celui qui rétribue une misère les pigistes et autres précaires qui font vivre les structures pendant que les huiles se gobergent en pondant un article tous les trois ans ? Y compris et dans la presse de gauche…

  • Plongée dans le nombril socialiste
    le vendredi 22 août 2008 à 12:00, Phil2922 a dit :

    Jospin avait privatisé les Télécoms en 97, après avoir signé une pétition nationale SUD PTT qui s’opposait à la privatisation. C’est vrai qu’il était encore dans l’opposition quand il signait la pétition… !

    Montebourg a longtemps fait des déclarations fracassantes contre le cumul des mandats. Problème, depuis les législatives et cantonales, il est devenu un cumulard et il n’a pas l’intention de quitter un mandat…

    Des exemples de ce genre, on pourrait en donner à la pelle qui montrerait que les Socialos ont besoin de trouver avant tout un ou une leader capable de ne pas trahir ses déclarations, une fois arrivé au pouvoir… !

  • Plongée dans le nombril socialiste
    le vendredi 22 août 2008 à 10:53, Edika a dit :
    Avec une opposition bête à bouffer du foin, talonnette 1er peut dormir sur ses deux oreilles , au détriment d’une grande majorité du peuple qui s’appauvrit de jour en jour !
    • Plongée dans le nombril socialiste
      le vendredi 22 août 2008 à 11:37

      Au lieu de se concentrer sur :

      "Blingbling, talonnettes, Naboléon, Patek, bourrelets, Carla, Rachida, Fouquet’s, caniche de Bush etc…"

      Les brillantes intelligences qui s’expriment sur Bakchich feraient mieux de réfléchir à des propositions alternatives pour être crédibles.

      • Plongée dans le nombril socialiste
        le vendredi 22 août 2008 à 14:16, Dr_Maboul a dit :

        Remarquons que pour pouvoir proposer des alternatives au système économique actuel, il faut commencer par le comprendre. Or peu de choses sont plus difficiles (la mécanique quantique étant nettement plus simple à saisir, pour moi en tous cas).

        De plus la dialectique patronale et libérale entretient cette complexité (au moins dans la forme), et le citoyen non économiste de formation, même s’il se sent floué, est incapable d’exprimer clairement ses griefs ou ses contres mesures.

        Le plus simple pour moi serait de commencer par encourager l’actionnariat du personnel des entreprises pour les intéresser à l’économie de marché (de façon un peu plus significative que 0.1% comme chez Axa). Si une plus grande partie de la population comprend ces mécanismes complexes et en profite, c’est sûr, de nouvelles propositions émergeront.

        • comprendre le système
          le dimanche 31 août 2008 à 14:39, affreux jojo a dit :
          Les gens qui le font marcher ce système ne le comprennent pas, je ne vois pas pourquoi nous on s’emmerderait le faire. D’autant que ce serait bien la première fois que l’on cherche à comprendre coment fonctionne quelque chose qu’il faut détruire !
        • Salut Dr Maboul encore un visionnaire !
          le mercredi 31 décembre 2008 à 16:24, marco2people a dit :

          "Le plus simple pour moi serait de commencer par encourager l’actionnariat du personnel des entreprises pour les intéresser à l’économie de marché"

          Bien vu je suis salarié de Renault action Aout 2007 130 Euros Decembre 2008 17 Euros

          je vais avoir une belle retraite par capitalisation !

          Sans rancune !

  • Plongée dans les nombrils socialistes
    le vendredi 22 août 2008 à 10:18, Dr_Maboul a dit :

    Le dernier paragraphe (très pertinent) et l’ensemble de l’article fait un constat clair : les socialistes ont acceptés l’économie de marché avec Jospin (traité de Nice et de Madrid notamment).

    Ils soutiennent avec ardeur le projet économique européen autant que le projet politique et c’est peut-être aussi ce qui a déçu une parti de leur électorat traditionnel.

    On fait toujours confiance aux socialiste pour les élections locales mais pour la question économique, qui dépend essentiellement des institutions nationales et surtout européennes, l’électorat ne semble pas faire confiance à ceux qui se disent socialiste et privatisent à peine moins que la droite, qui elle s’assume dans ce rôle.

    Je pense, comme l’auteur, qu’il faut une véritable réflexion au PS surtout sur la politique économique. Parce qu’on ne peut pas voter pour un parti qui n’a pas clairement défini sa politique et contient en son sein des ultra-libéraux kaynistes (DSK) autant que des vrais socio-démocrates mais plus d’authentiques socialistes (qu’on cherchera un certain temps au PC avant de les trouver).

    • Plongée dans les nombrils socialistes
      le vendredi 22 août 2008 à 14:22

      Encore un petit effort et vous allez trouver que nous sommes au bord la révolution….

      En Europe, en 2008, avec la moitié des ménages français propriétaires de leurs logements, avec 718 000 foyers fiscaux sur 24 000 000 payant l’ISF, avec un parc automobile de 22 000 000 de voitures, avec 2 200 000 véhicules neufs achetés chaque année etc…

      Eh bien avec tout ça, il est évident que les français aspirent aux joies des kolkhozes, à la douceur des appartements collectifs, à la tranquilité de vie procurée par une police vraiment efficace, à l’enthousiasme du retour périodique à la terre pour aider aux moissons, à la fierté des défilés au pas de l’oie, aux messages forts dispensés par le Grand Leader dans les meetings place de la Révolution.

      Bye bye Lénine !!!

      • Plongée dans les nombrils socialistes
        le vendredi 22 août 2008 à 15:31, Dr_Maboul a dit :

        Cessez de confondre possession privée, jouissance matérielle et liberté voulez-vous. Il est à peu près évident pour la grande majorité de la population que l’expérience communiste, surtout en URSS, a été un échec.

        Ca ne vous autorise pas pour autant à moquer un idéal dévoyé, comme tous les idéaux, par las aparatchiks amoureux du pouvoir. Surtout quand la beauté philosophique de celui-ci transcende les individualités et a pour horizon l’humanité, alors que les autres idéaux n’avaient que dieu ou des individus pour but.

        Ca ne légitime sûrement pas le capitalisme sauvage des années 90 à nos jours. Même s’il apporte (encore) le confort matériel à la plupart des habitants de l’Occident.

        Ca n’interdit pas pour autant de chercher des alternatives au système économique actuel, et encore moins de chercher des alternatives idéologiques.

        Je le rappelle à toutes fins utiles, un idéal dépasse l’individualité pour devenir un projet de société rêvé par une partie de celle-ci. Ce n’est pas un constat. En aucun cas la démocratisation des moyens de transports privés ou d’un quelconque bonheur matériel ne peut se substituer à la nécessaire remise en question de la société par elle-même. Ce qui n’évolue plus meurt.

        Et pour reprendre le titre de l’article, une société qui ne fait que se regarder le nombril ne verra pas qu’elle fonce droit dans le mur.

        • Plongée dans les nombrils socialistes
          le vendredi 22 août 2008 à 18:30

          La beauté philosophique du communisme peut être existe t’elle, je n’en n’ai aucune idée, la beauté pratique du communisme m’a complètement échappé je dois dire.

          Moi j’ai des idées simples, entre une société de libertés avec des inégalités et une société sans liberté et égalitaire dans la misère généralisée, mon choix est vite fait.

          Comme j’observe que toujours, partout et tout le temps le processus suivi a les mêmes résultats, je crains d’être assez peu sensible à vos arguments.

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