Après la séquence du Congrès du PS, voici l’histoire des jeunes lions qui s’étaient imaginés sur le devant de la scène. Jusqu’à ce qu’ils se fassent manger tout cru par des éléphants roses.
« En 2007, ils ont pensé que leur temps était arrivé ? » Qui « ils » ? les Manuels Valls, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Julien Dray, Harlem Désir. « Ils attendent depuis tellement longtemps ». Voici le constat que posent d’emblée Nicolas Barotte et Sandrine Rigaud - respectivement journalistes au Figaro et à France 3 - dans leur livre : PS, coulisses d’un jeu de massacre. Celui d’une nouvelle génération qui, jusqu’au congrès de Reims, a rêvé d’accéder au devant de la scène. Sans y arriver. Faute d’être « parvenu à faire plier Bertrand Delanoë, Martine Aubry ou Ségolène Royal ».
Dilemme pour les quadras qui les ont suivi : faut-il continuer avec eux ? S’en éloigner ? « Les quadras ne sont pas pris au sérieux dans le parti », racontent les journalistes dans leur livre truffé d’informations et d’anecdotes. « Pour comprendre la gauche telle qu’elle est et ses meurtres à répétition, c’est leur histoire qu’il faut raconter ». Et les socialistes ne sont pas tendres entre eux. Selon les uns, Manuel Valls est supposé « ne rien peser », Vincent Peillon est « un responsable dont il faut se méfier », selon les autres Harlem Désir ne serait qu’un dirigeant « sans grand sens politique » et Arnaud Montebourg quelqu’un dont il ne faut même pas parler. Très amical, ça va s’en dire !
Quant à Benoît Hamon, il n’a pas droit au même mépris. On le traite plutôt avec commisération : « un jeune aux idées vieilles ». Sauf que tous les ténors ont largement courtisé le député européen jusqu’à la fin du jeu. Sans succès. Hamon a préféré maintenir sa candidature au poste de Premier secrétaire, même après le congrès de Reims. Un pari gagnant là où les socialistes du même âge ont dû se ranger sagement derrière leurs aînés. Après les avoir aidés à monter au front. Vraiment, tous des ingrats !
Pierre Moscovici, lui aussi s’était lancé dans la course pour la succession de François Hollande. Un échec violent, comme le racontent les deux auteurs en revenant sur l’épisode de la Rochelle. Moscovici est seul à une terrasse, alors qu’à quelques mètres « ses amis » - Arnaud Montebourg, Jean-Christophe Cambadélis, Martine Aubry… - déjeunent ensemble. Une scène cruelle qui vaut ce commentaire à Moscovici : « Je suis comme le Comte de Monte-Cristo, je me souviendrai d’eux… Quand on vous plonge dans la mer avec un boulet au pied mais que vous réussissez à sortir du sac et à surnager, c’est embêtant pour ceux qui vous y ont mis si vous savez qui ils sont ». Le message est passé…
Voilà aussi le problème de cette « génération post-81 », soulignent les auteurs qui dressent le portrait de ses principales figures. Si tous ont plusieurs fois essayé de s’imposer au sein du parti, ils ont finalement échoué. Victimes de leurs propres divisions. « Cette génération n’a jamais su s’entendre. Personne ne veut soutenir l’autre ». In fine, ils ont choisi des camps différents : ceux de Bertrand Delanoë, Ségolène Royal ou Martine Aubry.
À l’image d’Harlem Désir et de Julien Dray. Autrefois complices lorsqu’ils fondent SOS Racisme, les deux « potes » n’ont aujourd’hui plus rien à voir. Le premier a suivi le maire de Paris quand le second a choisi la présidente de Poitou-Charentes. À l’image aussi d’Arnaud Montebourg et de Vincent Peillon. Réunis en 2002 au sein du NPS (Nouveau Parti Socialiste), ils se sont retrouvés six ans plus tard dans deux camps opposés. Martine Aubry pour le député de Saône-et-Loire ; Ségolène Royal pour celui qui a failli devenir son numéro2. Mais la génération Mitterrand n’était pas prête à laisser la main, constatent Nicolas Barotte et Sandrine Rigaud.
L’intérêt de tous les socialistes est pourtant le même : que le PS l’emporte en 2012 et revienne aux affaires. Lequel de ces sept-là incarnera le Parti socialiste de demain ? Paradoxe : « Les aspirants aux premiers rôles » réussiront « quand leurs aînés auront trébuché ». Pour ça, il leur faut, soulignent avec humour les deux auteurs, « tuer le père, la mère et le parrain ». Le massacre n’est pas prêt de s’achever au PS…
À lire ou relire sur Bakchich :
Bakchich est vraisemblablement le seul media qui parlera jamais de ce livre. C’est bien ! Ca nous permettra d’éviter de le feuilleter si il n’a pas encore été retiré des rayons dans quelques librairies. Les auteurs sont en retard d’une guerre : les éléphants du PS ? Qui ? Quoi ? Où ?
Ha oui, ce sont des journalistes du Figaro et de FR3 … De vrais spécialistes ! Ca explique tout.
Sans surprise, Ego individualisés oblige.
On vois les affects bien au delà du PS, que ce soit si difficile pour eux de saisir que l’intérêt premier est supérieur a leur propre ? Sans surprise des lors que le systeme dont ils sont partis ne connait que la lutte d’influence comme référence es statut.