Les socialistes ont poussé un soupir de soulagement hier soir. Six mois après la tragédie-comédie du congrès de Reims, Martine Aubry et Ségolène Royal ont tenu un meeting commun à Rezé.
Envoyée spéciale à Rezé (Loire-Atlantique)
Un meeting, deux vedettes. « De là où on est parti, c’est déjà pas si mal », confie un socialiste membre du secrétariat national qui souhaite en finir avec les querelles internes au Parti socialiste. Souriantes et se donnant mutuellement l’accolade, Martine Aubry et Ségolène Royal sont arrivées ensemble, hier, pour un meeting commun à Rezé, près de Nantes.
Assises au premier rang, mitraillées par les photographes, la Première secrétaire et la présidente de la région Poitou-Charentes ont voulu donner le change. « Ma chère Martine, notre Première secrétaire », a lancé Ségolène Royal « Forcément, ça fait du bien d’être ensemble. N’est-ce pas que ça fait du bien ? ». Martine Aubry a bien entendu répondu par la positive… Avant d’ajouter à son tour : « On aime nous opposer. C’est vrai, nous sommes différentes mais nous avons l’essentiel en commun. Tu as porté nos valeurs à la présidentielle en combattant Nicolas Sarkozy et en disant : il nous ment. Aujourd’hui, tous les Français savent que tu avais raison ».
Et de poursuivre, pleine d’allant : « le PS entier a été fier quand Ségolène a dit à Dakar ce qu’elle pensait du discours de Nicolas Sarkozy [en 2006]. Alors, ma chère Ségolène, en pensant à nos combats communs, je vais te faire un petit cadeau : une statuette africaine qui représente une femme debout [en référence au dernier livre Femme debout de Royal] ». Tonnerre d’applaudissements dans la salle. Sacrée ambiance au PS. Qui l’eût cru en novembre dernier ?
Il faut dire que les deux élues socialistes n’avaient plus trop le choix. En cas de mauvais score aux Européennes, Aubry aura tout intérêt à faire porter le chapeau à l’ensemble des socialistes. Pour continuer à peser au sein du PS, après le scrutin, Royal aura, elle, besoin de retrouver une place au sein de l’appareil.
Ce meeting de campagne, organisé hier à moins de quinze jours des élections européennes, n’a rien d’anodin. Derrière la jolie photo de famille des socialistes avec Martine Aubry et Ségolène Royal réunies sur une même tribune, s’est joué l’après congrès de Reims. « Ce n’est pas qu’une photographie mais la volonté de travailler encore plus ensemble », a lancé Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes à la tribune et président du groupe PS à l’Assemblée. « Ce n’est pas qu’une image, c’est une promesse. Nous avons besoin de tous les talents, de toutes les intelligences ». Avant d’ajouter : « nous voulons redonner confiance ».
« La direction du parti », expliquait un ségoléniste, « s’est rendue compte que sur le terrain, le congrès n’était toujours pas digéré et qu’il fallait clore cette page ». Pas facile quand on sait que les deux ex-rivales ne s’étaient pas croisées depuis le 29 novembre, moment où elles avaient un peu discuté de la composition de la direction, sans parvenir à un accord.
Si un premier rapprochement avait eu lieu entre les deux camps, le 24 février dernier, au moment de l’entrée de onze proches de Ségolène Royal au sein de la direction, la place de l’ex-candidate à la présidentielle n’avait en revanche pas été tranchée. « Ils ont laissé traîner la question alors qu’ils auraient dû tout faire d’un coup pour que l’on en finisse », s’étonne un ami de Ségolène Royal. Un proche de Martine Aubry botte en touche : « nous venons juste d’avoir une liste des missions que Ségolène aimerait obtenir ». La question devrait finalement être tranchée, d’un commun accord, au lendemain des européennes.
Mais ce mercredi 27 mai, au moment où les sondages donnent un Parti socialiste largement devancé par l’UMP aux européennes, les socialistes ont choisi de faire taire leurs divisions. « Ce soir, la tête d’affiche, c’est l’Europe, rien que l’Europe », a lancé Bernadette Vergnaud, tête de liste du PS dans le Grand-Ouest. « Nous voilà réunis », s’est réjoui Jean-Christophe Cambadélis, directeur de la campagne, à la tribune. « Ce soir, nous allons parler d’Europe », a-t-il ajouté avec soulagement. « Nous avons la puissance de l’unité qui va donner à notre campagne un sursaut », a renchéri Royal. Martine Aubry a conclu : « À Rezé, il se passe quelque chose et dans cette dernière ligne droite, nous allons y aller tous ensemble ». La campagne du PS peut battre son plein… il reste quinze jours.
À lire ou relire sur Bakchich :
quelle est la stratégie réelle de Ségolène Royal quand on voit la manière de trainer, reporter, boycotter même des actions nationales, faire une association à part, … cette question pourrait-elle lui être posée ?
il semble que le côté personnel sensus stricto pipolisant de la présidentielle serait encore dans son objectif non ? puisque pour avancer la campagne sur les européennes de manière efficace il aurait fallu règler la question de l’unité de travail dans le Ps (avec des points de vue divers) avant.
Les sondages donnent un parti socialiste largement devancé par l’UMP. Quel scoop ! Le régistre est différent, mais c’est presque aussi drôle que ceux qui nous parlaient il y a 3 semaines, de Bayrou, chef de file de l’opposition.
L’UMP est en tête certes, mais sans l’apport du MODEM, elle est toujours devancée par l’alliance du PS et du PC qui n’a pas même besoin des Verts, ni de Mélanchon … Décidément, certains prennent vraiment leurs rêves pour des réalités. Pour nous faire rire, ils devraient nous rejouer le coup de la dissolution !
J’hésite à rire ou à pleurer.
S’afficher ensemble, cela permettra, si les résultats sont aussi mauvais que les sondages l’indiquent, à l’une comme à l’autre de dire "vous voyez, la france ne veut pas de nous deux réunies puisqu on fait 20 %".
Quelle sera la prochaine étape ? un remake de JULES-ET-JIM avec Royale, Aubry et Bayrou ?
Vous avez raison. La façon dont les "journalistes" politiques nous parlent, à l’unisson, de la débacle du PS, n’est pas sans rappeler les législatives de 1997.
Les "sondages" (qu’il faut pourtant relativiser en raison de l’abstention annoncée) donne un PS stable à 20% avec un PC/Mélachon en hausse à 6%. Les 26% de la majorité présidentielle dans son ensemble sont en revanche une catazstrophe électorale qu’il va être difficile de camoufler.
La campagne ne décolle pas nous annoncent les journaux télévisés et les émissions "bla-bla" sans même se rendre compte que leurs présentateurs sont les principaux responsables : les petites phrases obtenues par les journalistes assorties de l’appel à l’abstention des pseudo intellos de Canal+ ne sont pas la politique.
Carrément pitoyable.
1- Madame Royal n’a qu’une ambition, être la première femme présidente de la République Française.
2- Pour Madame Aubry, tout le monde est nul, sauf elle même. Ce qui voudrait dire que Mme Royal est aussi nulle.
Conclusion, ces deux personnages n’ont rien à faire ensemble.
Ce cirque n’apporte rien au débat démocratique et encore moins à la construction d’une Europe vraiment sociale.