En annonçant sa candidature aux primaires socialistes, la présidente de la région Poitou-Charentes a rappelé sa réussite dans le sauvetage d’Heuliez. Une analyse loin de faire consensus dans le secteur de l’industrie.
Dès le lendemain de l’annonce de sa candidature, Ségolène Royal s’est justifiée sur France Inter. L’usine Heuliez constitue une fois de plus la pierre angulaire de sa démonstration à matière économique : « quand j’empêche l’entreprise Heuliez de fermer […] je me dis que l’on aurait pu sauver la totalité de l’industrie de l’automobile en France » a t-elle alors humblement déclaré.
Mélange des genres entre politique et industrie, rarement une entreprise aura suscité autant d’effets d’annonce. Pourtant, les déclarations de Ségolène Royal surviennent à un moment où l’usine Heuliez est loin d’être apaisé.
Depuis maintenant six semaines, les 43 salariés de JDM Automobiles en Mayenne poursuivent leur bras-de-fer avec la direction. Leur usine, qui venait d’être rachetée voici deux mois par Heuliez, a fermé le 25 novembre. "Ils nous proposent de travailler à Cerizay, dans les Deux-Sèvres, mais Heuliez ne tourne pas bien, remarque Bruno Besnard, délégué syndical CGT, personne n’a envie de prendre ce risque."
En effet, il ne faut pas être prix Nobel d’économie pour savoir qu’une entreprise qui a enchainé deux dépôts de bilan, un plan social, et une reprise avortée rassure difficilement de futurs clients. Quoi que puisse en dire Ségolène Royal.
Pendant des mois, le présidente de la région Poitou-Charentes et le ministre de l’Industrie en poste Christian Estrosi se sont accusés de « mentir » et de « tricher » dans ce dossier.
Dans les Deux-Sèvres, le fief de Royal, nombreux sont ceux qui pensent que le plan de sauvetage d’Heuliez était avant tout une opération de communication pour la présidente de région. "Ségolène Royal nous explique "j’ai sauvé Heuliez" mais que je sache elle est la présidente de Région, pas la Région elle même, ni son portefeuille" regrette un chef d’entreprise dans la confection du Bocage Bressuirais.
La région Poitou-Charentes laisse en effet beaucoup d’argent dans l’entreprise Heuliez. Le groupe BGI (Baelen-De Gaillard Industries) reprend les activités traditionnelles d’Heuliez (emboutissage et carrosserie) mais la région soutient le groupe sur la partie traditionnelle avec une avance remboursable de 1,6 million d’euros et une garantie de prêt bancaire à hauteur de 3 millions d’euros. La société MIA Electric et le groupe Kohl rachètent la partie dédiée au véhicule électrique ; la région y est actionnaire à hauteur de 31%.
De quoi susciter des amertumes autour de Cerizay car Heuliez n’y est pas la seule entreprise et beaucoup d’autres pâtissent du contexte économique difficile : " Nos subventions sont réduites alors que notre projet industriel est plus viable qu’Heuliez. Les moins responsables sont les plus subventionnés " confie le chef d’entreprise qui souhaite garder l’anonymat.
Car le constat est fait depuis longtemps par tous les spécialistes de l’automobile : public ou privé, l’argent investit dans Heuliez est perdu car l’entreprise est positionnée, comme l’allemand Karmann ou l’italien Pininfarina, sur un marché à « l’avenir compromis ». Dans l’emboutissage, la concurrence des pays de l’Est ou du Maghreb est véroce. En assemblage, les débouchés se réduisent jour après jour.
Par ailleurs, « la partie véhicule électrique semble aussi vouée à l’échec car tous les constructeurs mondiaux se sont engouffrés dans la brèche du zéro émission » regrette Jacques Garat, consultant reconnu pour les entreprises de l’industrie. Heuliez n’a pas le pôle de recherche nécessaire pour proposer les meilleures technologies au meilleur prix. » Pour Jacques Garat, Heuliez déjà affaiblie, n’aura à terme, pas « les moyens de ses ambitions » et restera très loin derrière Aixam, Ligier et Microcar.
Tout ça na pas vraiment d’importance pour Ségolène Royal, le 18 novembre, c’est en grande pompe qu’elle inaugurait le lancement des pré-séries du véhicule électrique "Mia". Le modèle sera fabriqué par le consortium allemand repreneur d’Heuliez. Après avoir effectué quelques km au volant, Ségolène Royal n’hésitait pas à qualifier de « non polluante » la Mia.
Chaque fois que l’occasion se présente, la voiture électrique est en effet présentée comme une option propre et économique alors que de point de vue mérite très largement d’être reconsidéré.
Pour l’ingénieur-conseil spécialiste dans le domaine de l’énergie et du climat, Jean-Marc Jancovici, « penser que nous pouvons procéder à l’électrification rapide de véhicules qui conserveraient les mêmes caractéristiques est une solution qui au mieux ne fait que déplacer le problème initial, sans le résoudre, et au pire le renforcer ».
Car il est en train de se passer avec la voiture électrique ce qui s’est produit avec les biocarburants à la fin des années 90. Les écologistes rappellent par exemple que, si ses batteries sont rechargées avec de l’électricité nucléaire, une voiture électrique contribue à toutes les tares de l’industrie atomique : production de déchets radioactifs, risques d’accident nucléaire, rejets de produits radioactifs et chimiques dans l’environnement, etc. Sans parler qu’un bon nombre de centrales en France restent des centrales thermiques, donc émettrices de gaz à effet de serre. En Poitou comme ailleurs.
"Les perroquets de Ségolène Royal", le charme peu discret des éléments de langage de la madone du Poitou, à lire dans Bakchich Hebdo n°49.
Vous dites ; "Car il est en train de se passer avec la voiture électrique ce qui s’est produit avec les biocarburants à la fin des années 90. Les écologistes rappellent par exemple que, si ses batteries sont rechargées avec de l’électricité nucléaire, une voiture électrique contribue à toutes les tares de l’industrie atomique"
Mais qui sont ceux qui ont fait du foin sur les biocarburants ? les écolos d’abord et tout le monde a embrayer, pour se rendre compte ensuite que c’était pas si fiable. Qui sont ceux qui ont critiqué le diesel dans le temps ? les écolos ! et maintenant le Diesel est le plus propre des carburants . Alors on pourrait avoir un peu de retenue et si c’est vrai que la voiture électique pose question, faites en un débat constructif au lieu de ne trouver qu’un prétexte politicien..