Trois mois. Il aura fallu trois mois au PS pour tourner la page du Congrès de Reims. Et terminer la gué-guerre socialiste. Aujourd’hui, une dizaine de proches de Ségolène Royal font leur entrée au sein de la direction du PS.
« Ce sont des ajustements, pas un remaniement », précise d’emblée Guillaume Bachelay, proche de Laurent Fabius et secrétaire national du PS. « Des ajustements qui se font sur la ligne politique décidée au congrès de Reims ». En clair, l’entrée des royalistes qui devrait être officialisée ce mardi à l’issue du bureau national, se fera sur les positions de l’actuelle direction. Avec l’idée de dépasser le Congrès sans revenir sur son issue.
Des portefeuilles seront donc créés pour accueillir l’entourage de Ségolène Royal, sans modifier l’organigramme en place. Le jeu de chaises musicales aurait sans doute suscité la colère des secrétaires nationaux en poste, et risqué de faire volet en éclats la majorité de Martine Aubry. En principe, les royalistes obtiendront six secrétariats nationaux - pour les questions de société, la famille, l’exclusion… - et quatre secrétariats nationaux adjoints - sur les thématiques des élections, des fédérations, de la trésorerie, de la rénovation, des attributions dites « régaliennes ».
« Les royalistes accèderont à tous les postes », confie un proche de Martine Aubry, « manière de montrer que le PS, comme certains le pensent, n’est pas en guerre avec Ségolène Royal ». Ainsi, retrouvera-t-on désormais au secrétariat national, David Assouline - négociateur en chef sur ce dossier - Jean-Pierre Mignard, Jean-Louis Bianco, Aurélie Filippetti, Gaëtan Gorce, Guillaume Garot, Patrick Mennucci ou encore Najat Belkacem et Dominique Bertinotti.
En revanche, ni Ségolène Royal, ni ses trois ténors lors du Congrès - Vincent Peillon, François Rebsamen et Manuel Valls - n’intègreront les instances dirigeantes. Un choix que Valls a commenté, ce dimanche 22 février, sur Canal+ : « il nous faut prendre parfois un peu de recul, participer au débat d’idées, d’autres prendront des responsabilités. Encore une fois, ce qui compte, c’est le rassemblement ». Un proche de Martine Aubry acquiesce : « Tout le monde était d’accord pour qu’il n’y ait pas de leaders et qu’on évite les individualités ». Attention aux têtes qui dépassent !
Après trois mois de batailles par médias interposés, de petites phrases à la sauce assassine, l’heure est donc - officiellement - à la réunification du Parti socialiste. « C’était nécessaire dans le contexte actuel de crise pour défendre l’intérêt général », précisent d’une même voix royalistes et aubrystes. « Et les militants le demandaient ». D’autant plus que dans trois mois auront lieu les élections européennes, au moment où les conséquences de la crise devraient être les plus fortes avec un pic du chômage et une multiplication des plans de licenciements. Dans un tel contexte, les Français auraient du mal à être séduits par un parti socialiste traversé par les querelles au mieux d’idées, au pire d’égo.
Cette réconciliation n’a pourtant pas été une sinécure. Au soir de l’élection serrée de la Première secrétaire, les proches de Ségolène Royal avaient menacé de porter l’affaire devant les tribunaux. Puis décidé de revendiquer leur leadership au sein du PS, à l’image du sénateur François Rebsamen, qui confiait : « nous sommes quand même le plus grand courant du PS ». Avant d’ajouter : « la motion majoritaire que nous représentons va trouver la voie pour s’exprimer ». Une préoccupation partagée, début 2009, par la plupart des royalistes. Sans réel succès. À force de multiplier les déclarations en écho à celles des membres de la direction, les royalistes avaient fini par lasser les militants.
Mi-févier, l’ex-candidate à la présidentielle a donc amorcé un sacré virage : « Martine Aubry est la chef du Parti socialiste, et moi, je suis derrière ». La Première secrétaire n’en a tellement pas cru ses oreilles qu’elle a commis en retour un joli lapsus sur France Inter, en désignant Royal comme « l’ex-Présidente de la République »… On comprend que, dans ces conditions, la réunification ait pu avoir lieu ! Le même jour, la première secrétaire et ses fidèles rencontraient, justement, au Sénat, les amis de Ségolène Royal. L’incroyable affaire !
Reste à savoir si la mayonnaise prendra. Surtout que Royal, elle, compte garder sa liberté de parole et de mouvement jusqu’au bout, comme en Guadeloupe ce week-end. Quitte à agacer et ce même parmi les siens. « Ségolène peut avoir un côté maladroit », explique embarrassé un de ses proches. La semaine dernière, dans L’Express, Vincent Peillon utilisait, pour désigner Royal, les termes d’« imprévisible », « irrationnelle », « demi-dingue » et « folle ». Et hop, habillée pour l’hiver !
Manifestement, l’ex-candidate à la présidentielle n’en a cure. Aubry, non plus. Tout est bien qui finit bien…
À lire ou relire sur Bakchich :
A bakchich, c’est vraiment dur de ne pas taper sur Ségolène Royal…
Tous les jours, les Royalistes prennent une claque mais on s’en fout.
m aubry qui n’emballe pas les foules mais fait fuir les adhérents fait un petit effort.
Personnellement, je pense que le PS est mort au congrès de Reims car il y avait un formidable élan avec Ségolène Royal qui a fait boum bada boum !!!
On va voir si les Royalistes vont redonner un peu de vie.
Euh ! comme dirait hamon en tirant la gueule : c’est pas gagné.