Au royaume de Silvio, les capos sont rois. La mafia contrôle tout, et il ne faut pas compter sur "il Cavaliere" pour combattre l’hégémonie de la pègre, intimement liée à l’État. A lire dans Bakchich Hebdo n°29.
La « loi-bâillon » n’a pas été adoptée dans une lointaine dictature. C’est la presse italienne qui s’est levée contre ce texte parce qu’il « nie aux citoyens le droit d’être informés ». Ce message a fait la une du quotidien la Repubblica, inscrit sur un Post-it au milieu d’une page blanche.
Le Sénat italien, dominé par la droite, venait de donner son feu vert à ce projet de loi limitant les écoutes téléphoniques judiciaires. Parmi les mesures controversées, les journalistes pourraient être condamnés à des peines de prison et à de lourdes amendes pour la publication du contenu d’écoutes si la loi était adoptée par les députés en juillet. Ainsi, ils devraient attendre des années avant de rendre compte des enquêtes en cours.
Le gouvernement prétend que cette loi protège la vie privée des citoyens. Mais personne n’est dupe : elle sert à éviter qu’éclatent des affaires de corruption comme celle qui vient de coûter son poste au ministre de l’Industrie et touche le chef de la Protection civile, un intime de Berlusconi. Sans compter que maints scandales impliquant « il Cavaliere » n’auraient pas été révélés avec cette loi.
Ce n’est pas la première fois qu’une réforme du chef du Conseil italien tente de lui garantir l’impunité. Habituellement, en Europe, on rigole bien de ses déclarations contre les juges, qualifiés de « communistes ».
Mais, derrière ses bouffonneries et ses lois dites ad personam (« pour sa personne ») se cachent de dangereuses lois « ad mafiam » : grâce à ce nouveau texte, Toto Riina – le capo des capos de Cosa Nostra – serait encore libre ! C’est pourquoi les magistrats contestent fermement la limitation des écoutes téléphoniques dans leurs enquêtes, et bien d’autres mesures. La « loi-bâillon » n’est qu’un cadeau de plus à la mafia dans une hotte déjà bien garnie…
Un reportage de Cécile Raimbeau, notre correspondante à Palerme, au coeur de la Sicile, à lire cette semaine dans Bakchich Hebdo n°29.
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