Dans un film inédit, le patron de la com’ du FN Alain Vizier prétend avoir appris le résultat du 21 avril 2002 grâce aux chaudes félicitations de la directrice de France 2 Michèle Cotta. Celle-ci dément. Vizier… aussi.
Au FN, a-t-on rêvé de fricoter avec Cotta ? Dans le film "JMLP" (proposé depuis la semaine dernière sur internet), documentaire sans commentaire de Benjamin Cotto et Vincent Martin sur Jean-Marie Le Pen, dont Bakchich a publié des extraits, un passage truculent risque de provoquer un petit tintamarre sur le web (le film ayant été refusé par les chaînes de télévision). Dans une scène tournée le soir avec une caméra discrète, le leader du Front National et ses petits copains discutent des élections présidentielles de 2002 dans leur avion, de retour d’un meeting au cours des Européennes 2009.
L’extrait en question précédé d’une introduction du co-réalisateur de "JMLP" Vincent Martin :
Alain Vizier, directeur de la communication du FN, raconte comment il a appris la victoire de son poulain : « À cinq heures et demi, j’ai Michèle Cotta qui m’a appelé. À l’époque, elle était directrice (NDLR : générale) de France 2. Elle me dit "Alain, Alain ! Bravo, vous lui faites la bise de ma part." Je lui dis : "Qu’est ce qu’il se passe ?" Elle me dit : "Ça y est, c’est bon !" » Le tout raconté avec un enthousiasme zélé…
« Je démens avec la plus grande vigueur lui avoir téléphoné », a déclaré Michèle Cotta, jointe au téléphone par Bakchich. « Je n’étais pas du tout dans un état d’esprit de félicitations mais de consternation le soir du premier tour », a ajouté l’ancienne présidence de la directrice de l’info à TF1 (de 1987 et 1992) et directrice générale de France 2 (de 1999 à 2002). En renvoyant à son livre "Carnets secrets de la présidentielle", journal intime de la campagne 2002 dans lequel elle analyse le « séisme » du 21 avril.
Dans le film, Le Pen assis à côté de Vizier ne pipe mot sur l’anecdote. Le directeur de la communication, lui, renchérit quelques secondes plus tard : « Et quand la Cotta m’a dit "C’est OK", Bon bah, ça y est, c’était bon… Moi j’ai dit : "Qu’est ce qu’elle a, elle ? Et ben non… 5h30, je m’en souviens… » Quand Bakchich lui a rappelé son anecdote, le grand Vizier s’est pourtant défilé : « Je ne m’en souviens plus », rétropédale-t-il comme la première Rama Yade venue.
« Pourtant, dans le film (tourné l’an dernier), vous vous en souveniez », lui rappelle insidieusement Bakchich (d’autant que le service de communication du FN a reçu le film la semaine dernière). Les cadres du parti d’extrême-droite gémissent depuis des années d’être ostracisés par les grands médias —ce qui permet au big boss de se placer comme le candidat "anti-etablishment"— mais le patron de la com’ du FN a donc la mémoire qui flanche sur ses relations avec les patrons de télévision… Alain Vizier n’a pour autant pas désiré clairement démentir à Bakchich ses récents propos. Peut-être pour ne passer pour un éhonté vantard, voire un colporteur de bobard piégé. « Et oui, à chaque moment la mémoire vacille… Voyez », argue de manière vaseuse Vizier en raccrochant. Ne nous laissant même pas le temps de lui demander de « faire un poutou à Jean-Marie »…