Le quotidien le plus lu de Taïwan s’est intéressé aux carnets de l’ex-monsieur Finances du constructeur des frégates, révélés par le numéro 3 de Bakchich Hebdo.
La publication, dans Bakchich Hebdo n°3 , d’extraits des carnets secrets de Gérard Menayas, ancien directeur financier de la Direction des chantiers navals-Internationale (DCN-I), relance "l’affaire des frégates", du moins du côté de Taïwan, où le quotidien le plus lu du pays, United Daily News, nous a consacré un article. A Paris en revanche, ces révélations n’ont eu aucun écho !
Petite piqûre de rappel pour les (nombreux) lecteurs avides de comprendre.
En 1988, Thomson (devenu Thalès), fleuron de l’électronique de défense français, réussit une superbe affaire : vendre à Taïwan six frégates "Lafayette" tout équipées. Le bien nommé contrat « Bravo » est paraphé en 1991. Montant : 2,8 milliards de dollars. D’autres entreprises comme la Direction des Constructions navales (DCN) participent à ce monumental chantier.
Pour faire passer le deal auprès de la Chine populaire, peu enthousiaste à l’idée que la France arme son petit voisin, 500 millions de dollars de commissions ont été versés.
Entre en scène l’intermédiaire vedette des frégates, Andrew Wang, alias "DD" : c’est par lui que les fonds vont circuler et transiter par la Suisse.
D’autres réseaux, ceux d’Elf, débauchés pour l’occasion, ont fait également du beau travail, officiellement pour arroser les dignitaires chinois.
Chacun sait en France que tous les partis politiques ont été régalés par les subsides du contrat "Bravo", tout comme des diplomates, des hauts dirigeants de Thomson et d’Elf.
Une instruction sur les frégates est enfin ouverte en 2001 à Paris, en écho à la découverte sur les comptes suisses d’Andrew Wang, de plusieurs dizaines de millions de dollars. L’enquête est confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Dominique de Talancé.
Beaucoup plus tard, en 2007, et alors que Van Ruymbeke peine dans son instruction en raison du secret-défense qui lui est opposé, les juges Desset et Hullin commencent à enquêter sur une histoire de barbouzerie pour le compte de la DCN Internationale, fer de lance de la Direction des Constructions navales.
Ils découvrent entre autres que la DCN, avec l’aval du ministre du Budget de l’époque, Nicolas Sarkozy, a créé en 1994 une officine au Luxembourg, Heine, destinée à acheminer les commissions. Ce qui, à l’époque, n’avait rien d’illégal. Seules les « rétro » commissions, destinées aux politiques et fonctionnaires français, l’étaient.
A Taiwan, destinataire des frégates, les gouvernements changent. S’ensuivent des règlements de comptes. En 2000, la police taïwanaise recherche officiellement Wang, soupçonné d’avoir commandité l’assassinat d’un officier qui enquêtait sur les commissions du contrat "Bravo". Le président de l’époque, Chen Shui-bian, met en place une commission d’enquête sur "le dossier Lafayette".
En octobre 2003, l’Etat taïwanais se constitue partie civile au motif que Thomson (devenu Thales) a violé l’article 18 du contrat "Bravo" qui interdit tout paiement d’intermédiaires.
Taïwan, qui a saisi la commission internationale d’arbitrage, demande 800 millions de dollars à Paris, soit le remboursement de 500 millions de dollars de commissions et de rétro-commissions et 300 millions de pénalités variées.
Mais en France, l’instruction de l’affaire des frégates par Van Ruymbeke se heurte au secret-défense et se conclut par un non-lieu, en octobre 2008. Officiellement, il n’y a donc jamais eu de commissions et de rétro-commissions. Donc rien à rembourser à Taïwan.
Dans son numéro 3, Bakchich Hebdo révélait que Gérard Menayas, directeur financier de la DCNI, avait rédigé des carnets sur les activités de son entreprise. Lesquels carnets ont été mis sous scellés par les juges Desset et Hullin dans le cadre de leur enquête sur la DCN.
Or, Bakchich Hebdo a livré des extraits de cette littérature fort instructive sur la destination possible des fameuses commissions. Rien à ce stade d’avéré ; mais il reste que l’interrogatoire de l’auteur et de ses principaux patrons à la DCN et à la DCNI s’impose.
Tout comme il paraît s’imposer que la commission rogatoire internationale lancée au Luxembourg, en janvier dernier, par les deux mêmes juges sur les officines qui distribuaient les commissions puissent revenir rapidement de l’étranger.
Autant de révélations qui suscitent l’intérêt du United Daily News à Taïwan. Pour le premier quotidien du pays, Nicolas Sarkozy a peu d’intérêt à se tirer une balle dans le pied en laissant cette instruction sur la DCN aller à son terme.
Le quotidien souligne aussi l’importance des personnalités françaises citées dans les carnets : six politiques, dont un ancien ministre des Finances, (Edouard Balladur), un ancien ministre des Affaires européennes devenu plus tard garde des Sceaux, (Elisabeth Guigou), un ancien ministre de l’Intérieur, (Charles Pasqua), sans parler du président en exercice.
Relevons que l’Observatoire des Médias en Bretagne s’est aussi intéressé aux carnets Menayas. Y est cité le nom de Jean-Yves Le Drian, à l’époque député-maire PS de Lorient, ville qui abritait un chantier de la DCN.
Le nom de Le Drian refait surface dans l’affaire des frégates de Taïwan
Dans un article du quotidien daté samedi 17 octobre, Renaud Lecadre rappelle que Jean-Marie Boivin, alias "Bacchus", l’homme-clef des commissions de la DCN, n’a toujours pas parlé aux juges. Citant Bakchich et le courrier de rendez-vous que "Bacchus" aurait reçu de Claude Guéant, Libé souligne que Sarkozy, comme nous l’écrivions, "surveille l’affaire DCN comme le lait sur le feu".
A lire ou relire sur Bakchich.info :
Les articles de Bakchich.info consacrés à la DCN
A voir sur Bakchich.tv :
Le quotidien souligne aussi l’importance des personnalités françaises citées dans les carnets : six politiques, dont un ancien ministre des Finances, (Edouard Balladur), un ancien ministre des Affaires européennes devenu plus tard garde des Sceaux, (Elisabeth Guigou), un ancien ministre de l’Intérieur, (Charles Pasqua), sans parler du président en exercice.
Nous retrouvons pasqua dans tous les bons coups !! Dire que le pouvoir est entre les mains de son fils spirituel…
Cher Nicolas,
Excellent article qui aurait pu utilement être complété par la récente décision des juges helvétiques qui, de facto, poussent les magistrats taïwanais à aller de l’avant dans l’affaire "Lafayette", comme elle est appelée à Taïwan, laquelle concerne l’argent public venant des poches de leurs concitoyens et sur l’affaire similaire qui se développe avec le Pakistan.
Une correction s’impose sur les postes des 6 personnes citées : pour les magistrats taïwanais, dans le dossier des rétro-commissions, Edouard Balladur est vu comme Premier Ministre de l’époque et Nicolas Sarkozy comme son Ministre du Budget.
Autre détail intéressant, cette fois, du côté PS : si nul n’ignore à Taïwan- en France, c’est un secret de polichinelle bien gardé par des médias très soumis- les excellentes relations qui régnèrent un temps certain entre Elisabeth Guigou, à l’époque Garde des Sceaux- donc en situation de pouvoir orienter les investigations de la Justice- et le PDG de Thalès, Alain Gomez, il serait dommage d’oublier aussi les fréquents voyages à Taïwan dans ces années 1990 de quelques députés PS dont un certain…Julien Dray.
Celui-là même qui comprend aujourd’hui que Jean Sarkozy puisse convoiter la manne financière de l’EPAD à 23 ans.
D’aucunes mauvaises langues à Taipei y voient une solidarité récente qui aurait de plus anciennes racines….
Mais, la presse taïwanaise, il est vrai, est indépendante ( y compris financièrement)et dit parfois tout haut des choses qu’en France, on a du mal à lire et à entendre sur les noms cités par Monsieur Menayas.
Quant aux magistrats de Taïwan, après les affaires inouïes de corruption de l’ancien Président Chen Shui Bian, ils ont l’opinion publique derrière eux afin de faire revenir l’argent public qui a disparu en rétro-commissions délictueuses que la Justice française, jusqu’ici, a été empêchée de suivre !
Au fait : empêchée par qui ?
Il est en effet temps que Monsieur Menayas s’explique publiquement, sur cette affaire comme sur celle, plus récente, qui a produit à Taïwan le scandale "Taïwan Goal Corporation", en lien avec l’ancien Président très corrompu, Chen Shui Bian…..
Et ce scandale a bien été "initié" aussi suite à une visite de gens venant de France ( selon la presse taïwanaise, non démentie à ce jour, de l’Elysée et de DCNI !!!). Et je ne parle pas du scandale impliquant Airbus-EADS avec China Air (achat "fictif" d’avions qui sont encore dans les bureaux d’études)….
Les "affaires" glauques sont si nombreuses que les Taïwanais ont de quoi "dialoguer" longtemps avec la Justice française, si cette dernière était aussi indépendante qu’à Taïwan.
Mais, heureusement, il reste l’arbitrage international qui risque donc de coûter, dans cette affaire "affairiste" qui unit gens du PS et de l’UMP, 1,7 milliard d’euros à l’Etat français (donc les contribuables) et 700 millions à Thalès.
Si cela est, ce sera le pitoyable résultat d’une omerta d’Etat entre PS et UMP contre la vérité des faits et la réalité de rétro-commissions que les politiques français sont incapables d’assumer pleinement.
Sans oublier que les autres dossiers de même nature, y compris peut-être avec le Pakistan ou des Etats arabes, pourraient suivre le même chemin juridique et donc coûter cher à l’Etat français et à ses entreprises privées si transparentes..
Ce qui fait dire avec ironie à une journaliste taïwanaise talentueuse et francophone : " la France est la seule République bananière qui réussit l’exploit de vendre des armes à d’autres et de les rembourser de sa poche à ses clients" !
Cela sonne comme une ode sincère à la compétence digne de nos ministres intègres et de nos députés honnêtes.
Bien cordialement,
"la taule pour le petits … champagne et légion d’honneur pour les bandits de l’état"
Tout est vraiement pourri dans ce pays. Des purges staliniennes seraient souhaitables parmi tous ces politicards véreux de doite comme de gauche ! Et pendant ce temps, nous les humbles et les sans grade,sans étiquettes et sans richesses,nous courbons l’échine pour payer toutes les augmentations d’impôts destinées couvrir leurs frasques et leurs magouilles !
Français ! Reveillez-vous !