Ça swingue chez Thales : cadres sup déclassés, manif intersyndicale au siège de Neuilly, 35h en danger. Le PDG Luc Vigneron est de plus en plus contesté.
Arrivé en juin 2009, Luc Vigneron, le PDG de Thales avait jusqu’alors réussi à se mettre à dos les seuls cadres sup’. « La présentation de son plan d’économie le 11 décembre était humiliante pour nous, analyse l’un d’eux. Il nous désignait dans l’organigramme en disant “ comment voulez-vous que ça marche“ ? ».
Depuis, certains vivent comme une punition de voir certains de leurs attributs rognés, (forfait téléphonique et frais de voyage réduits) notamment leur attribut automobile. Peugeot 207, Volkswagen Polo, Renault Clio à 15 000 euros. Voilà ce dont va progressivement hériter une partie du top management (plusieurs centaines de personnes) qui se trimballait en BMW série 5 ou Renault Espace à 45 000 euros.
Pour continuer à se sentir socialement un peu au-dessus du lot et ne pas rouler dans le même genre de voiture que sa secrétaire, il n’y a qu’une échappatoire. Se rabattre sur l’Austin Mini. Mais comme pour les autres bagnoles de la liste autorisée, ce modèle qu’on qualifie parfois de “ramasse-minette “ n’est en principe commandé qu’en version de base, « sous-motorisé, sans clim’ ni autoradio » s’étrangle un ancien de la maison.
Évidemment, ces soucis de riches pouvaient faire rigoler dans le milieu et le bas de l’échelle de Thales. Mais voilà que l’encadrement et les salariés ruent eux aussi dans les brancards. La CGC notamment a pondu un tract incendiaire sur la gestion de la direction. Et maintenant c’est l’union sacrée entre les cinq fédérations, auxquels s’est ajouté SUPER, le syndicat SUD maison. L’intersyndicale a affrété des cars et appelé jeudi 18 février à une manif’ devant le siège de la maison à Neuilly-sur-Seine. « Du jamais vu chez Thales » constatent pantois plusieurs connaisseurs de la maison. Avec Vigneron, le fleuron de la haute technologie prend presque des petits airs de SNCF.
Raison immédiate de cette graine de rébellion, la faiblesse des augmentations de salaires pour 2010. La direction a arrêté les négos sur un chiffre de + 1,2% de hausse, un peu plus pour les filiales qui ne marchent pas trop mal. On imagine la joyeuse ambiance le jour où la direction mettra sur la table un de ses projets phares. « Vigneron a l’intention de détricoter l’accord sur les 35 heures » indique une bonne source interne. Voilà qui devrait spécialement réjouir le DRH du groupe, Yves Barou, ancien du cabinet de Martine Aubry et l’un des pères de la loi sur les RTT.
Vue de l’extérieur, cette politique de vache maigre offre des opportunités inouïes. Avec des cadres déboussolés et frustrés, la concurrence n’a qu’à lancer ses hameçons pour ramener du bon poisson. Ce qu’EADS, grand rival européen de Thales ne se prive pas de faire. Le groupe présidé par Louis Gallois a d’ailleurs pris langue avec plusieurs pointures appâtées par des promesses de rallonge de plus de 20%.
Derrière la question de la perte des privilèges et des acquis, il y a une crainte plus métaphysique. La peur du néant. Chaque jour, la gestion de Vigneron et sa stratégie inquiètent un peu plus certains salariés qui ont l’impression que le groupe part en vrille. « La réorganisation qui donne le pouvoir aux pays et non aux matrices business est un non sens qui va affaiblir le groupe. Les commerciaux sont démotivés. Il faut certes attendre plusieurs mois pour avoir une idée mais pour l’instant, on n’engrange pas beaucoup de contrats » déplore un anxieux. Et toujours pas de contrat de Rafale à l’horizon, zinc dont Thales fournit plusieurs parties.
Du coup, la thèse de l’erreur de casting commence à dépasser le cercle interne pour être prise en considération par deux gros actionnaires, Dassault et l’État, lesquels ont installé Vigneron à la place de Ranque. Chez Nexter, il dirigeait moins de 3000 personnes dans une société qui, via la DGA, avait l’État pour principal client et interlocuteur. Mais Thales ce sont 70 000 salariés avec des activités militaires mais aussi civils sur des métiers très complexes et des marchés mondiaux extrêmement concurrentiels. En somme un beau paradoxe, Vigneron ne serait pas armé pour appréhender les marchés civils.
Qualifié d’« autiste » par un certain Vizir qui lâchait récemment sa bile sur le site internet de la Tribune, le pauvre patron se voit reprocher de travailler « en chambre », claquemuré dans son bureau avec des consultants comme Price WaterHouse, sans associer grand monde de la boîte qu’il dirige. Bonjour l’ambiance. D’autant que ses proches collaborateurs sont comme tétanisés.
Pour asseoir son autorité, Vigneron a laissé entendre que ça chaufferait pour le premier responsable qui dans le groupe émettrait des doutes sur sa politique. Pourvu que chacun laisse les armes aux vestiaires.
Sur cette page il y a confusion…
C’est moi Rensk et aujourd’hui j’aurais presque posté sous Mandarin… qui était tout à coup dans la « mémoire »… de la « fiche » ou l’on donne nos coordonnées… C’est vous qui avez un bug, éventuellement un virus… car moi j’ai fait un test en profondeur depuis ma dernière intervention à ce sujet.