Christophe de Margerie, le patron de Total, n’aime pas les critiques. Surtout quand elles concernent ses activités pétrolières en Birmanie, où il perfuse au compte-goutte la junte au pouvoir.
Christophe de Margerie, le directeur général de Total, vient de perdre son légendaire sang-froid et son flegme tout britannique à propos des activités de sa firme en Birmanie.
Dans une interview à l’hebdomadaire américain Newsweek, il a carrément voué aux gémonies (go to hell) tous ceux qui se permettent de critiquer sa présence en Birmanie et de rappeler que Total est la perfusion financière, le ballon d’oxygène qui permet depuis 10 ans à la junte birmane de tenir, et même de développer, en symbiose avec la Corée du Nord, ce qui pourrait devenir une menace nucléaire militaire.
En 2008, le consortium Yadana, dont Total est le chef de file, a versé environ 3 millions d’euros par jour aux généraux birmans, sans qu’un seul centime passe par la case budget de l’Etat birman….
Dans sa réponse à Newsweek, M. De Margerie s’en est aussi pris à l’Inde, qui investit dans des gisements gaziers offshore de l’ouest birman et à la Corée du Sud - un allié des Etats-Unis, souligne-t-il, qui fait de même - en oubliant curieusement de mentionner la Chine. Mais ce qu’omet le patron de Total, c’est que ces investissements n’apporteront pas de cash aux généraux birmans, avant les années 2013-2015.
D’ici là, Total demeurera l’unique perfusion financière de ce régime, une position qui semble devenir inconfortable, surtout depuis qu’a été lancée, par Jane Birkin, l’idée de mise sous compte séquestre de tout ou partie des revenus gaziers de la junte.
Symptomatique de constater que la colère de Margerie a été anticipée sur France Inter, le 31 juillet. Une émission spéciale, dans la matinale, était consacrée à la Birmanie, à l’occasion du verdict -reporté- du procès d’Aung San Suu Kyi. Etaient invités un ancien président d’Amnesty International France, Francis Perrin, et un représentant d’Info-Birmanie. Malgré les questions d’auditeurs, le nom Total n’a pas été prononcé… Sauf par Jane Birkin, interrogée au téléphone en prélude à l’émission.
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Dans cette même interview à Newsweek, le patron de TOTAL ne manque pas d’air : il s’attribue fièrement la fin de la pollution de l’air à Bangkok, car le parc automobile de la capitale thailandaise serait passé au gaz suite aux importations de gaz birman rendues possibles par son fameux gazoduc.
Faux ! l’ensemble du gaz birman vendu en Thailande est exclusivement destiné à la centrale électrique de Ratchaburi. Quant au parc automobile -en fait les taxis- il n’avait pas attendu les importations birmanes pour passer au gaz. Depuis 30 ans la thailande exploite ses propres gisements gaziers.