Le ministère de l’Écologie a délivré des permis d’exploration des gaz de schistes à Total, GDF-Suez et des sociétés américaines.
On aime. On adore. Halliburton. Cette transnationale située à Dallas, spécialisée dans le BTP et le pétrole, a été dirigée entre 1995 et 2000 par un certain Dick Cheney. Lequel devient, le 20 janvier 2001, vice-président des États-Unis. Dans un geste héroïque, il abandonne alors son poste de PDG. Quoique. En 2002, Halliburton n’est que le dix-neuvième fournisseur de l’armée américaine. En 2003, sur fond de guerre en Irak, il devient le premier, ce qui n’est que justice.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Il a fallu trouver de nouveaux marchés, ce qui n’a rien d’évident, avec tous ces requins de la finance qui traînent un peu partout. Mais Halliburton a d’excellents ingénieurs, qui ont mis au point, dès les années 80, une méthode révolutionnaire de forage horizontal pour récupérer des gaz de schistes. Or les gaz piégés dans ces couches sédimentaires – dont du schiste – représentent de colossales réserves encore intactes. Certains prétendent qu’elles sont quatre fois plus importantes que les gisements connus de gaz conventionnel. Il faut et il suffit d’aller les chercher. Bon, cela enverra fatalement, au moment de la combustion, de phénoménales quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais on s’en fout, non ?
En France, le ministère de l’Écologie a délivré, en mars 2010, des permis d’exploration des gaz de schistes à Total, GDF-Suez et des sociétés américaines, sur au moins deux vastes zones. Entre Montélimar et le nord de Montpellier. Entre Saint-Affrique (Aveyron) et Le Vigan (Gard), via le Larzac.
On risque d’autant plus de s’amuser que l’Agence de l’environnement américaine (EPA ) commence à se poser de menues questions. Les produits chimiques utilisés pour fracturer les schistes rendent l’eau des nappes – et des robinets – imbuvable. Parfois explosive, au sens propre, comme l’ont montré des témoignages documentés. Or l’EPA vient d’assigner Halliburton pour ne pas avoir fourni la liste des produits chimiques utilisés dans le procédé dit « de fracturation hydraulique ». Les services de com’ du géant américain ont aussitôt réagi en offrant une réponse admirable. Halliburton aurait déjà donné une documentation de plus de 5 000 pages. Le hic, selon l’EPA , c’est que cette lecture est imbitable.
Halliburton a-t-il quelque chose à cacher ? Quelque chose qui expliquerait ce qui est arrivé à l’eau jadis potable du village de Pavilion, Wyoming ? Onze des dix-sept puits locaux sont farcis, entre autres, par du 2-Butoxyéthanol, hautement cancérigène.