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Portrait chinois : Li Keqiang, "l’éternel étudiant"

Les maîtres de l’univers / vendredi 4 juin 2010 par Joseph Bertrand
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Bakchich poursuit sa série de portraits chez les pairs de l’Empire. Au tour du vice-premier ministre, Li Keqiang, le protégé du président à la si brillante carrière.

En Chine, pas besoin de téléphone ni rouge ni arabe puisque l’Empire de plus d’un milliard quatre cent millions d’âmes est géré par les neufs hommes du Comité permanent du Bureau politique du Parti Communiste Chinois

Bakchich vous propose avec une série de portraits une entrée chez les pairs de l’Empire. Après Hu Jintao et Wen Jiabao, voici le tour du vice-premier ministre Li Keqiang (prononcez "li que tiang").

Li Keqiang, "l’éternel étudiant"

Li Keqiang - JPG - 33.1 ko
Li Keqiang
Dessin d’Oliv’

Li Keqiang est le tout nouveau, tout neuf vice-premier ministre depuis la fin du Congrès National de mars 2008. Sans être adepte de pékinologie, il semblerait que cette promotion revient donc à dire qu’il a été officieusement adoubé comme le plus que probable successeur de Wen Jiabao. Que de chemin parcouru pour ce (plus très jeune) jeune prodige de la politique chinoise contemporaine et protégé de Hu Jintao !

« Pour tout bagage, on a 20 ans… »

Né en juillet 1955 dans la province pauvre de l’Anhui, Li Keqiang est issu d’une famille de petits fonctionnaires. Ayant quitté l’école très tôt du fait de cette Révolution n’ayant de Culturelle que le nom, le jeune keqiang armé de la pensée Mao comme seul bagage se retrouve donc aux champs comme « jeune instruit ».

Ces années passées dans un coin oublié des dirigeants du PCC (et des hommes en général : précisément la brigade de Dongling, dans la commune de Damio appartenant au district de Fengyang dans la province de l’Anhui) ne vont pas assombrir sa détermination. Bien au contraire, puisque c’est là qu’il se voit accorder l’infime honneur de rentrer dans un Parti (mai 1976) moribond. Le voici désormais secrétaire de la cellule du Parti pour la dite brigade. Quelle promotion !

1978 et la fin de la Révolution Culturelle le libèrent de ses « charges » à la campagne et marque son retour en la capitale où il entame un cursus de droit (1978-1982) à l’université de Beijing nouvellement réouverte.

Notre Li Keqiang devait être bien brillant pour entrer ainsi à l’université (à l’époque, le taux d’entrée est de 3%). Tellement brillant qu’il est dans le même temps responsable de l’association des étudiants (1978-1982), puis secrétaire du comité de la Ligue de la Jeunesse Communiste (1982-1983)… Hum hum, brillant oui, vue sa probable assiduité en cours… Sa biographie officielle ne nous dit pas s’il a ou non obtenu sa licence de droit…

Mais quoiqu’il en soit le voilà promu : membre du secrétariat de la Ligue de Jeunesse (jusqu’en 1993). Li Keqiang peut alors reprendre ses chères études… D’abord en économie – sa marotte – où il va jusqu’à décrocher un doctorat de l’université de Beijing (1988-1994) et à l’Ecole Centrale du Parti (septembre novembre 1991).

« On se fout du tiers comme du quart »

Fort de ce « bagage théorique », Li Keqiang entreprend sa conquête du pouvoir. Il est très vite remarqué pour son formidable coup droit et sa montée à la volée, lui qui passe son temps à jouer au tennis avec les caciques du régime tels que Hu Qili, Li Ruihuan ou encore Hu Jintao. Ce rapprochement avec la 4ème génération montante du pouvoir fera que certains analystes étrangers le surnommeront désormais « la copie carbone conforme de Hu avec 13 ans de moins ».

Mais, pour qu’il puisse faire ses preuves (ou peut-être parce que certains ne l’avaient pas tant à la bonne que ça), le Centre le charge très vite de déminer les nombreux problèmes de la Chine communiste sur la voie rapide de « l’économie socialiste de marché » : à savoir le libéralisme économique à tout prix avec un zest de communisme pour la forme. En commençant par la périphérie et la province sinistrée du Henan - durement touchée par le scandale du « sang-contaminé » et bubon sur la face d’une Chine en voie de modernisation – où il est appointé gouverneur par intérim (1998-1999) et gouverneur (1999-2003).

Li Keqiang connaît ses classiques maoïstes et la théorie de « l’encerclement des villes par les campagnes » ne semble pas avoir de secret pour lui. En moins de quatre ans, il aura réussi à être tout à la fois, le gouverneur, le secrétaire du comité du Parti pour la province (2002-2004) et le président de l’assemblée populaire provinciale (2003-2004). Le voilà donc l’homme le plus puissant de la province la plus peuplée de Chine (pas loin de 100 millions d’habitants), qui plus est aux portes de la capitale !

« Et pour le reste on imagine… »

Lors de son discours de fin de son mandat dans le Henan, Li peut donc sans fard déclarer : « Les décisions que j’ai prises ici au Henan ne sont pas toutes justes et nul doute que certaines devront être remises en cause dans le futur. Ainsi, prenez sur vous de les corriger… ».

Après cette brillante démonstration de démocratisation, Li Keqiang est, cette fois, envoyé vers le Nord, dans la province du Liaoning (2004). Il faut cette fois-ci « régler » la question de la désindustrialisation féroce opérée dans les années 80 et 90 et gérer l’immense problème du chômage (et notamment celui des manifestations des travailleurs virés : les xiagang zhigong). Différente province, mêmes recettes mais en plus rapide : l’expérience aidant…

Fin 2007, voilà notre étudiant prodige, secrétaire du comité du parti pour la province (2004-2007) et toujours président du comité permanent de l’assemblé populaire permanente (2005-2007).

Le Congrès voit son retour au centre du pouvoir (il est le quatrième homme le plus puissant de Chine). La démocratisation « à la chinoise » est en marche. Mais bien sûr Madame la Marquise…

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1 MESSAGES

Forum

  • Portrait chinois : Li Keqiang, "l’éternel étudiant"
    le samedi 5 juin 2010 à 09:16

    Un article documenté, solidement étayé et un analyste qui exprime son jugement personnel, ce qui est tout à fait normal et honorable. Jusqu’à présent, le meilleur portrait de la série.

    Deux remarques toutefois : la prononciation, c’est plutôt "Li Ke Tchian(g)" et si il est vrai que Li fait partie de ceux qui dirigent réellement la République populaire, ses fonctions actuelles le désignent plutôt comme un possible prochain secrétaire général du parti que comme un Premier ministre.

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