Anne Lauvergeon en passe d’être maintenue à la tête du fleuron nucléaire français Areva. Une nouvelle qui ne l’empêche pas de réclamer son dû à l’Etat : 3 milliards d’euros suite à une augmentation de capital.
A défaut de réponse de l’Elysée, Areva se tourne vers les députés. Le fleuron du nucléaire français s’impatiente d’une augmentation de capital qui commence à tarder. Un pécule de 3 milliards d’euros. Ainsi, « le Comité de Groupe Européen d’AREVA constate avec inquiétude que le Conseil de Surveillance n’a pas mis en œuvre, dix mois après, l’ensemble des décisions prises le 30 juin 2009 » souligne le courrier du 28 avril aux parlementaires. Et de conclure : « Nous vous prions de prendre position et d’user de votre influence ».
Le lendemain, c’était au tour de la CFDT AREVA de revenir à la charge des élus. Soulignant que « l’Etat n’a pas validé ses engagements » et que « si aucune décision n’est prise, la Direction d’AREVA n’exclut pas le report voir l’annulation de certains investissements, de partenariats industriels et la fin des plans d’embauches […] avec des licenciements. » Jusqu’à évoquer le risque d’un « démantèlement » de l’entreprise.
Si l’affaire tourne en eau de boudin, c’est parce que les relations entre Anne Lauvergeon, patronne de la boîte, et Sarko se détérioraient depuis décembre dernier. Suite à l’échec retentissant d’Areva à Abou Dhabi d’un contrat de 40 milliards d’euros passé sous le nez d’ « Atomic Anne » au profit d’un concurrent coréen inconnu. Sarko se faisait une affaire personnelle de la débarquer. Son grand chambellan,Claude Guéant, a cherché un point de chute à la dame, lui proposant notamment l’ambassade de France en Italie. A l’Élysée, on songeait aussi à lui confier Air France, où le directeur général actuel, Pierre-Henri Gourgeon, est jugé trop éloigné de ses troupes et incapable de redresser la compagnie. Finalement, il semble qu’elle puisse sauver son poste et assurer la fin de son mandat jusqu’en juin 2011.
Lauvergeon aurait mis KO Super Sarko ? Pas si sûr. Si l’Élysée a décidé de lui accorder un nouveau sursis, c’est que les candidats ne se bousculent pas au portillon si l’on excepte Yazid Sabeg, commissaire à la diversité à à l’égalité des chances, qui se rêve à la tête d’une grande entreprise emblématique, sans compter la mobilisation du grand Alain Minc (que certains patrons affublent du qualificatif de "nuisible") en faveur d’une polytechnicienne de ses amis, Pascale Sourisse.
Si Super Sarko a reculé pour le moment c’est aussi parce que François Roussely, ancien patron d’EDF très écouté à l’Elysée, ne voulait pas que le rapport qu’il doit rendre très prochainement sur la refonte de la filière nucléaire française soit instrumentalisé pour virer Lauvergeon. Il répète depuis plusieurs semaines que la commission qu’il préside ne se penche que sur les enjeux industriels.
Atomic Anne est donc maintenue mais sous surveillance stricte. Le conseil de surveillance, présidé par Jean-Cyril Spinetta, ancien patron d’Air France, vient d’accueillir dans ses rangs René Ricol, expert comptable qui a été médiateur du crédit et qui est actuellement "commissaire général à l’investissement, chargé de veiller à l’exécution du grand emprunt national sous l’autorité du Premier ministre". En fait de Fillon, Ricol n’a qu’un seul interlocuteur : Super Sarko. Chez Areva, il devient immédiatement co-président du comité d’audit. Autant dire qu’il sera chargé de valider toutes les décisions financières de Lauvergeon. Voilà qui va mettre un peu d’ambiance dans le cénacle. En attendant les trois milliards d’euros.
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