La retraite obligatoire à 66 ans pour tous les membres du bureau politique du Comité Central et le contrôle accru de la toute puissante commission de contrôle et de discipline du Parti augurent une succession sans coup férir.
Les pères du pouvoir chinois se sont assemblés, en paire, en clan. Et les voilà qui se positionnent. Chacun sa stratégie, chacun ses appuis pour un seul objectif : un zeste de pouvoir, une part de gâteau, une tranche de la croissance chinoise et ses incroyables bénéfices financiers.
Petit détour dans le vaste monde de la pékinologie pour une revue des forces en présence et pour un pronostic en ces temps de paris en ligne.
Donc, en exclusivité : le nouveau bureau politique du Comité Central en 2012
(On vous en a déjà parlé)
- Bo Xilai.
Voici un autre « fils de ». Né en 1949, issu d’une illustre famille de révolutionnaire puisque son père Bo Yibo (1908-2007) fût une figure marquante des ères maoïstes et dengistes au point d’être nommé « immortel » du régime. Son ascendance le rapproche énormément de Xi Jinping, puisqu’il vaut mieux être deux pour combattre les membres du PCC qui se refusent à confier le pouvoir central à des véritables dynasties en devenir. .. Entré au Parti après les errements de la Révolution Culturelle en1980, Bo Xilai va vite devenir LA figure de la province côtière du Liaoning en étant successivement adjoint (1985-1992) et maire de Dalian (1993-2001), la capitale provinciale, puis gouverneur de la province (2001-2004). Rôle crucial puisque le Liaoning est la province qui marque la frontière avec la Corée du Nord !
Ministre du commerce (2004-2007), il va jouer sa carrière sur la défense des opprimés. En effet, à lui, la charge de négocier avec les grandes puissances (USA et Europe en tête) les conditions de la dissolution des barrières douanières intérieures suite à l’entrée de la Chine dans l’OMC (2001). Mais surtout, il est devenu depuis 2007, le « Monsieur Propre » de la Chine suite à son envoi par le Centre comme secrétaire de la municipalité de Chongqing. Véritable pourfendeur de la corruption (cf. Bakchich Hebdo, n°22 « les impairs de l’Empire »), il est aujourd’hui l’une des figures politiques préférées des habitants de l’Empire du Milieu.
- Guo Jinlong.
L’actuel maire de Pékin (depuis 2007) a passé la majeure partie de sa carrière politique dans la province du Sichuan (1979-1993) et au Tibet (1993-2004). Sa progression à la périphérie du pouvoir n’est pas sans rappeler celle de Hu Jintao ou de Wen Jiabao. C’est bien sûr les JO de Pékin qui vont le placer en pleine lumière puisqu’il va piloter le projet de A à Z. Si la grogne des pékinois à son égard est sévère, il n’est pas moins applaudi dans le reste du pays pour avoir brillamment organisé ces JO qui replacèrent la Chine dans le jeu des grandes nations. Il surfe donc – et pas du tout par hasard – sur la jolie vague de nationalisme ambiant qui balaye de façon incessante l’empire chinois. Sa dernière trouvaille pour s’attirer les faveurs de l’opinion public : sa lutte contre la hausse des tarifs de l’immobilier.
- Li Yuanchao.
C’est l’Homme du Parti par excellence. Armé de son doctorat en « socialisme scientifique » obtenu à l’Ecole Central du Parti (en 1995), il représente la nouvelle garde proche de Hu Jintao. Ancien membre du comité central de la ligue de la Jeunesse Communiste (1983-1990), il a réalisé toute sa carrière politique dans le Sud de la Chine, entre la province du Jiangsu et sa capitale Nankin. Et pour ne rien gâcher, il est aujourd’hui le chef du département de l’organisation du Comité Central du Parti (depuis 2007) : autant dire qu’il est en deuxième ligne… Membre non permanent de l’actuel bureau politique du Comité Central, sa chance semble enfin se présenter en 2012.
- Liu Yunshan
Chef du département de la propagande depuis 2002, il a loupé sa montée en 1ère division en 2007. Il ne risque pas de laisser passer sa chance de briller cette fois-ci…
- Liu Yandong
Seule et unique Dame à ce niveau dans le Parti. Actuelle directrice du département du Front Uni : le département qui s’occupe de gérer en « douceur » la future réunification avec « l’île rebelle » de Taiwan. Elle est la marque de l’ouverture du Parti envers la « deuxième moitié du ciel » chère à Mao. Ceci pourrait même lui conférer le titre de présidente de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, sorte de chambre d’enregistrement législative pour les notables des 55 « minorités nationales » chinoises.
- Ma Kai
C’est l’Homme à tout faire du conseil des Affaires d’Etat (depuis 2007). Mais il est surtout l’homme du développement industriel de la Chine puisque c’est l’ancien ministre (2003-2008) du super ministère de la NDRC (la commission du développement national et de la réforme) qui s’occupe tout à la fois de la planification, de l’épineuse question des matières premières et des avancées technologiques. Ma Kai est « l’intellectuel » du Parti, le « gestionnaire » du développement économique comme le confirme sa place actuelle à la tête de l’ENA chinoise.
Tous ces possibles futurs membres du bureau politique font des choix pour être non seulement en pole position, mais surtout pour aller le plus haut possible dans les méandres du pouvoir.
Il en manque un dans notre liste : un militaire. Aucun ne nous semble éligible pour le moment, et les deux présents comme membres suppléants du bureau politique vont être « frappés » en plein dans les dents par la limite d’âge.
Ainsi, certains jouent la carte populo, mais ils ne semblent pas à l’abri d’un brusque renversement de situation ou d’une machination politique provoquée par le Centre qui pourrait prendre peur devant un trop fort soutien. D’autres, - peut-être les plus malins politiquement parlant – jouent une carte unique : celle du Parti. Ces « héros » du Parti sont déjà là, dans les rangs des membres non permanents du Bureau Politique. Ils ont tous le doigt sur la couture et attendent leurs heures. Enfin, certains, s’appuient sur la bureaucratie inhérente au système communiste, convaincus que si la nation chinoise a besoin de théoriciens du marxiste, elle a aussi besoin de besogneux pour faire tourner l’usine du monde… La rupture ne semble pas être pour tout de suite.
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