Entre les copains d’Areva ou l’absence d’EDF, les travaux de la mission d’information sur l’énergie éolienne ont l’effet d’un courant d’air.
Il y a bien longtemps que Don Quichotte n’est plus un simple personnage de roman. Les moulins à vent sont aujourd’hui des éoliennes contre lesquelles se battent de preux chevaliers accoutrés de costumes de député.
Le premier d’entre eux, Patrick Ollier, préfèrent les cheminées nucléaires aux longs mâts aux bras ballants. Il l’a toujours assumé et ne s’en est jamais caché. Peut-être un peu trop, au vu des conclusions de la mission d’information qu’il présidait sur l’énergie éolienne, rendues publiques le 24 mars. Habitué aux voyages en Libye pour négocier les contrats dans le nucléaire civil entre Areva -fleuron de l’énergie français- et Kadhafi, l’époux d’Alliot-Marie avait fait la demande de cette mission non par masochisme mais par simple opportunisme. But de la manœuvre : se réserver le chapitre 34 du Grenelle II sur les énergies qui projette qu’en 2020, 10% de notre production électricité provienne de l’éolien, contre 1,5% aujourd’hui.
Le choix du rapporteur de la mission imposée par Ollier, Franck Reynier, mettait l’UMP à l’abri du vent. L’homme pose allègrement sur son blog au côté d’Anne Lauvergeon, patronne d’Areva. Quant au vice-président de la majorité, Serge Poignant, il avait demandé au sommet de Copenhague sur le climat que l’énergie nucléaire soit incluse dans l’énergie renouvelable. Provoquant un tollé chez les associations hormis les hourras de nos amis chinois, bien connus pour leur foi écolo.
Côté socialiste, le rapporteur Philippe Plisson, pro-éolien, il en fallait bien un, se souvient de la première réunion : « Ollier me dit en aparté, les éoliennes ca commence a bien faire ! J’en ai marre ! Si ça ne tenait qu’à moi il n’y en aurait pas. Je lui ai répondu que si son truc c’était de l’anti-éolien primaire, qu’il me le dise et je me barre ! ». Ce qu’il fera le 19 mars à la lecture du pré-rapport de la mission.
Il faut avouer que les 21 comptes-rendus des auditionnés sur la question ont commis quelques omissions. Alors que le rapport dénonce à tour de bras les « effets d’aubaine » pour les promoteurs d’éolien, les propos d’une haut fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances, Marie-Christine Lepetit, qui a nié cet effet, n’y sont pas mentionnés.
Également trappés, les propos du maire de Saint-Georges-sur-Arnon prêt à accepter l’implantation d’éoliennes sur sa commune bien que le gouvernement ait décidé de supprimer la taxe professionnelle. Sa faute ? Aller contre le principe de la suppression de la taxe pro, censé réduire l’intérêt pour les élus locaux d’installer des moulins à vents.
Dans la lignée, le voyage au Danemark -première puissance mondiale éolienne par habitant- des membres de la mission semble avoir servi de prétexte et donné de l’herpès au sieur Ollier. Puisqu’il n’y retient dans les lignes de son rapport que l’arrêt de l’éolien terrestre.
Et l’entreprise EDF là-dedans ? « Elle n’apparaît nulle part, elle est dans l’antichambre ! » assure une huile de la mission. Quant à Giscard, également interrogé, pro-nucléaire devant l’Éternel, il y tient le haut du pavé.
Comble de l’ironie, ni Chantal Jouanno, ni Jean-Louis Borloo n’étaient sur les bancs de l’hémicycle pour défendre les conclusions de la mission. Benoît Apparu, secrétaire d’État au logement, a été envoyé au front. Le Grenelle II de l’Environnement, c’est bien du vent.
A lire sur Bakchich.info :
Le grenelle II de l’environnement approche… Mais, il est comme les films, souvent moins bon que le I. Déjà que Sarko et les pronucléaires ont enlevé l’essentiel écologique de ce grenelle, alors vous pensez bien que ce n’est pas avec le II que les Verts et Europe Ecologie vont se réconcilier avec les décideurs néo-libéraux.
Eolienne, éolienne est ce que j’ai une gueule d’éolienne… ?!