Le réalisateur Patrick Benquet a donné la parole aux plus hauts responsables du système qui a régi quarante ans de relations franco-africaines. Explosif.
L’enquête de Patrick Benquet s’ouvre sur un cercueil sur lequel deux ennemis sont venus s’incliner. Chirac et Sarkozy, en juin 2009, saluent une dernière fois Omar Bongo, chef d’État du Gabon. Tout un symbole : celui du basculement des relations franco-africaines en faveur des dirigeants du continent noir…
Extraits et interview du conseiller historique Antoine Glaser et du réalisateur Patrick Benquet :
Le premier volet "La raison d’État" est diffusé le 9 décembre sur France 2 à 23h10 et le second volet "L’argent roi", le 16 décembre.
Le DVD est disponible à la vente sur le site de la compagnie des phares et balises.
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j’aime bien ce buzz intense sur une "Françafrique" qui est désormais un astre mort, comme la décrit Pierre Péan, et voir tous les courageux contempteurs de cette chose morte nous rapppelle qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…
Aujourd’hui chinois et américains font pareil, sinon pire que les français jadis, mais leurs présents agissements passent pour de l’habileté, et de la pertinence. Et là, on ne s’attarde pas sur les cadavres..
Certes, la légende sur un De Gaulle apportant le "bien" à la France et au monde, légende vendue depuis 40 ans n’est plus tenable quand on voit le cortège de magouilles et de malheurs que depuis 45 jusqu’en 69 il a trainé derrière lui, du massacre de Sétif aux crimes du SAC en passant par le massacre des Bamis du Cameroun , les 300 à 400 000 morts de trop en en Algérie du fait de son retour au pouvoir via un putsch aen claironnant "Algérie française" (cf les analyses récentes de 5 historiens), la corruption incroyable dans son entourage, etc…
Donc comme ce n’est plus tenable on nous vend une autre histoire, un peu moins guimauve mais pas tout à fait la vérité, loin de là.
Donc si l’on en croit le doc. d’hier soir les magouilles de De Gaulle et De Foccart en Afrique, c’était au nom de la "raison d’état" et pour faire passer ce nouveau story telling on n’hésite pas à mentir soit directement soit par omission.
Des exemples : Foccart serait un fidèle de De Gaulle du fait de son appartenance au BCRA.
Ouais..
Appartenance bien tardive car Foccart a été avant un grand collabo qui a collaboré avec les nazis au sein de l’organisation TODT et il semble-t-il assassiné les témoins de cette collaboration. Donc un CV quelque peu sulfureux largement passé sous silence.
Donc mensonge par omission et CV bien ripoliné.
Foccart était si proche de De gaulle car comme l’a expliqué P. Péan dans "l’homme de l’ombre" il était dépositaire de toute la face sombre du gaullisme celui dont on soulève un peu le voile, tout ce qui été occulté jusqu’à ce jour.
Gros mensonge : Foccart commercerait "avec les Antilles" via la SAFIEX.
Ouh le gros mensonge !
La SAFIEX faisiat l’essentiel de son business avec l’Afrique et ce depuis la IVeme et le fait que Foccart soit devenu le grand manitou de l’Afrique pour le compte de De Gaulle en 60, ne l’a pas empêché de continuer son business créant la plus gros conflit d’intérêt qu’on ait jamais vu à la tête de l’état.
Gros, gros mensonge donc dans ce documentaire.
Pourquoi ?
Sans nul doute parce que cela contredit la démonstration, laborieuse : où est la raison d’état quand Foccart se goinfre en Afrique du fait de ses fonctions ? Où est la "probité" du Général avec ce conflit d’intérêt énorme ?
Précisions : la Safiex participait très largement au financement occulte des gaullistes sous la IVeme et a continué largement sous la Veme.Pourquoi ne pas donner cette clé et nous mentir en nous disant que la Safiex commerçait avec les Antilles ?
Et on peut continuer : dans ce doc. on a parlé d el’assassinat de F. Moumié mais par de celui de Rum Nyobé assassinat pourtant commandité par Maurice Delauney.
Autre énormes oublis :
la massacre des Bamilékés du Cameroun où la France et Foccart ont largement participé,
les raisons pas très glorieuses pour lesquelles De Gaulle a poussé les biafrais à la rébellion : son ego du fait d el’attitude du Nigéria lors d es essais nucléaires dans le Sahara,
la présence des voyous du SAC au Gabon qui était la base arrière par ex. de Debizet..
J’espère qu’on m’expliquera où est la raison d’état lorsque des voyous du SAC assassinent à Villeneuve sur Lot le peintre Luong parce qu’il était l’amant de la femme de Bongo…
On pourrait continuer ainsi longtemps.
Donc documentaire un peu moins guimauve que d’habitude mais largement orienté, partiel et partial.
Les médias français ne disent pas toute la vérité sur la situation en Côte d’Ivoire.
Plusieurs pays, comme la Russie, le Brésil, la Chine ou le Mexique soutiennent Laurent Gbagbo, alors que les Etats-Unis ou la France demandent son départ. A Abidjan, le président sortant n’a pas l’intention de céder sa place. Or, ce sont les intérêts économiques français, dont ceux du groupe Bolloré en première ligne, qui sont menacés. Philippe Evanno est chercheur à la Sorbonne, directeur de l’Institut de Prospective Africaine et il connait parfaitement l’Afrique. Il a notamment été formé par Jacques Foccart et a collaboré avec lui jusqu’au décès de ce dernier. Il était l’invité de Yannick Urrien mercredi 8 décembre dans le magazine de 8h10.
(Durée : 29 minutes). Pour écouter l’entretien avec Philippe Evanno, cliquez sur le bouton lecture :
D’abord, Philippe Evanno souligne que cette affaire traduit « une opposition entre l’ONU et une nation. Plus généralement, on peut se demander si nous ne sommes pas en train d’assister à un renversement de situation concernant la gestion des dossiers africains et leur domination actuelle par les organisations internationales contrôlées par les États-Unis ». En réalité, « cette crise a eu pour mérite de manifester au grand jour le fait que les organisations africaines étaient sous contrôle américain. Aujourd’hui, c’est la place et la domination des États-Unis sur le continent africain qui sont en jeu. La divulgation des notes diplomatiques américaines par Wikileaks et leur analyse permettent de démontrer que les Américains étaient très heureux de l’effacement français, puisque cela leur laisse le champ libre sur la totalité du continent ». Selon Philippe Evanno, « le bouclage de cette domination se joue sur la présidentielle ivoirienne, puisque c’est sur cette présidentielle que l’on joue l’annulation pure et simple de la souveraineté des Etats africains ». Alors, pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il adopté la position américaine ? Réponse de l’expert : « Je crois que c’est tout simplement la sienne. Nous avons, pour la première fois sous la Vème République, un président de la République qui est totalement acquis aux objectifs américains et cela revient à faire de la France un pays supplétif des États-Unis, notamment en Afrique. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas avoir des accords avec les Américains : c’était le cas à l’époque du général De Gaulle lorsqu’il y a eu un accord de partage de responsabilités, la France étant chargée de la lutte contre le bloc soviétique dans ses anciennes colonies. Cela a très bien fonctionné pendant plusieurs dizaines d’années, jusqu’à la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation totalement différente. Nous sommes dans la situation où, après la chute du mur de Berlin, on a cru qu’il n’y avait qu’une seule grande puissance. Or, depuis la dernière réunion du G20 en Corée du Sud, on se rend compte que l’on assiste à l’émergence d’une deuxième superpuissance et à une nouvelle forme de confrontation où la Chine et ses alliés, notamment la Russie, ce qui est aussi une nouveauté, cherchent à prendre pied sur le continent africain ».
La responsabilité de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin.
Pour Philippe Evanno, « cette crise ivoirienne est directement liée à l’incapacité de Jacques Chirac à comprendre l’Afrique et à réagir correctement sur les dossiers africains. N’oublions pas que le coup d’Etat de décembre 1999 pouvait être enrayé en appliquant simplement les accords de défense avec la Côte d’Ivoire. Il suffisait de faire sortir une patrouille du 43e BIMA, basé à Port-Bouët. Les mutins, qui étaient des braves garçons dont les soldes n’avaient pas été payées et qui étaient manipulés pour faire tomber Bédié, seraient tout simplement rentrés dans leur caserne ». Or, explique Philippe Evanno, « Jacques Chirac n’a pas eu le courage d’appliquer les accords de défense et cette seule absence de décision a détruit la totalité de la présence française en Afrique. À partir de cet instant, tous les chefs d’état africains disposant d’accords de défense avec la France ont su que la parole de la France ne valait plus rien ». Après le coup d’état de 1999, les autorités françaises, avec Alassane Ouattara, ont organisé le partage du pays en deux : « C’est Dominique de Villepin qui est à l’origine de cette partition. En pleine paix, on a coupé un pays en deux pour des intérêts assez difficiles à expliquer. On a imposé à la Côte d’Ivoire une succession d’accords internationaux qui ont cherché à limiter sa souveraineté, notamment une commission électorale dite indépendante, qui est constituée quasi exclusivement d’opposants au pouvoir en place ». Alors, Laurent Gbagbo est-il fondé à contester le résultat de cette élection présidentielle ? Philippe Evanno rappelle qu’au second tour, « Laurent Gbagbo n’avait que deux représentants sur une douzaine de commissaires centraux ! Cette commission avait trois jours pour rendre sa décision. La commission électorale s’est retrouvée dans l’incapacité de proclamer les résultats et la Constitution ivoirienne prévoyait qu’à ce moment-là, le rôle de proclamer les résultats revenait au Conseil constitutionnel. Il y a donc eu l’organisation d’une conférence de presse à l’Hôtel du Golf, le siège de campagne d’Alassane Ouattara, avec l’ex-président de la commission électorale, pour annoncer des résultats non certifiés et qui ont été évidemment inversés par le Conseil constitutionnel ». Ainsi, « cette commission indépendante ne l’était pas réellement, puisque composée essentiellement d’adversaires à Laurent Gbagbo. Mais cela ne veut pas dire que cette commission n’ait pas fait un très gros travail. L’ONU a été incapable de respecter ses engagements et d’assurer le désarmement des forces de la rébellion au nord. L’élection a eu lieu sous le contrôle des forces armées de la rébellion. Ce sont des seigneurs de la guerre, qui détournent les taxes et les impôts à leur profit, qui ont pris le contrôle du diamant et de différents minerais et contrôlent une partie du commerce du cacao. Cette rébellion au nord est une organisation politique, économique et militaire et elle est restée en place alors que différentes résolutions de l’ONU et différents accords internationaux prévoyaient que l’élection ne pourrait pas avoir lieu tant que le désarmement ne serait pas effectif ». Dans ce contexte, il faut bien comprendre, souligne Philippe Evanno, que l’on a organisé des élections « dans un pays dont une partie du territoire était aux mains de milices armées ».