Le grand Loup, dessinateur à Siné-Hebdo, avait naguère affiché un slogan révélateur : « La dictature, c’est ferme ta gueule, la démocratie, c’est cause toujours ». Un partout, la balle au centre ! L’actualité nous en fournit des exemples.
Il existe plusieurs formes de dictatures. Dans la paléo-communiste du genre Corée du Nord, il est inutile de perdre du temps à organiser des élections comme dans celle de la junte birmane où l’on envoie l’armée quand les bonzes la ramènent. Différentes sont les dictatures : post-coloniales en Afrique ou islamiste en Iran ; dans ces pays, il importe de sauver les apparences. On se contentera donc de convoquer les électeurs aux urnes en sachant que le résultat sera acquis avant même la proclamation des résultats. Ainsi, les démocraties occidentales, faute d’observateurs sur place, seront-elles contraintes de fermer les yeux, pendant que le pouvoir sauvegardé bouche les robinets du Net. A la place des mollahs reconduits, on se garderait bien de pavoiser car la menace des bombardements israéliens se précise. Mais il est vrai que seul le populo payera les pots cassés car les religieux ne fréquentent pas les sites nucléaires iraniens, Allah bonne heure !
Rien de tel dans nos démocraties : le résultat n’est pas caché, encore que la deuxième élection de Bush aux USA paraît bien avoir été truquée en Floride. Appelons ça une erreur de parcours. En revanche, le « cause toujours » est toujours en service commandé. Car le pouvoir réel, au-delà des apparences, n’est pas dans les urnes mais dans les paradis fiscaux, les sièges des multinationales et jamais dans le pays qui organise le scrutin populaire. Dès lors, les élus, simples représentants de leurs maîtres cachés, peuvent impunément demander que soit validé le renouvellement de leur contrat. Ça ne mange pas de pain. Et la démocratie à la Périclès, usée jusqu’à la corde, peut toujours revendiquer le titre de moins mauvais des systèmes, selon le mot de Churchill.
On peut toujours dauber sur les pêcheurs à la ligne qui ont boycotté les européennes. Et s’il s’agissait simplement d’une prise de conscience de l’inutilité du vote ?
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