Le Who’s who vous barbe ? Internetalis Universalus vous propose des notices alternatives en continu. Cette semaine : le Grand Timonier.
Mao Tsé-Toung, né en 1893 à Shaoshan et mort en 1976 à Pékin, est un révolutionnaire communiste et homme d’état chinois. Il fut le « Grand Timonier » de la Chine.
Fils de paysan aisé, le jeune Mao Tsé-Toung organise des mouvements syndicalistes et cofonde le parti communiste chinois (PCC) en 1921 à Shanghai. Après la rupture avec le Kuomintang nationaliste en 1927, Mao part dans le Hunan conduire le soulèvement paysan. Il est vaincu, mais se sent toujours aussi en forme : quand on nem on a toujours vingt ans.
Il fonde l’armée rouge chinoise en ralliant les chefs de guerre locaux dans la montagne, qui lui font écho. Mao exerce alors une domination autoritaire sur la république soviétique chinoise du Jiangxi fondée en 1931, et tombe dans ses travers tel un gros porc, éliminant un par un ses rivaux politiques décidément trop petit-bourgeois. En trois ans il fait 180 000 victimes mais est tout de même considéré comme modéré au sein du PCC. Cette vexation sera pour lui une terrible blessure secrète.
Les régions communistes se multiplient en Chine, Tchang Kaï-Chek s’énerve alors et lance une grande offensive en 1934 contre ses anciens alliés communistes. Mao prend la tête de l’armée rouge et opte pour une retraite stratégique : il part dans la montagne faire on ne sait quoi avec ses hommes, un peu comme dans "Le Secret de Brokeback Mountain", mais en plus scout. Plutôt que de faire la jonction avec l’armée du nord dirigée par un général charismatique, Mao Tsé-Toung préfèrera tourner en rond et piller les régions traversées. C’est la Longue Marche, sympatoche rando pédestre (Carte IGN 85102) qui s’achèvera en 1935 après 12 000 km et 100 000 morts dans les rangs communistes.
En 1937, le PCC s’allie à nouveau avec les nationalistes pour contrer l’invasion japonaise. Suivant l’enseignement de Lao-Tseu, Mao Tsé-Toung ne met pas la charrue avant le bœuf cinq parfums, et l’alliance éclate en 1945 une fois seulement le Japon vaincu. L’armée populaire de libération parvient à l’emporter sur Tchang Kaï-Chek et dans la foulée, Mao Tsé-Toung proclame à Pékin la République Populaire de Chine. Sous la dictature du parti unique, il met en place le collectivisme communiste (et pas le contraire) sur le modèle soviétique. Les plats N9 et J4 disparaissent, et toute la Chine se met à manger du B12.
En 1957, d’humeur poète, Mao lance la campagne des Cents Fleurs, destinée à encourager la liberté d’expression et la critique du régime. Mais finalement une fois qu’il entend les critiques, il n’apprécie plus trop, et décide de massacrer les intellectuels. La Chine est au bord du précipice : Mao Tsé-Toung décide d’effectuer le Grand Bond en Avant. Ce grand bond de 1958-1960, réforme industrielle demandant au peuple des sacrifices inhumains, se traduira par la plus grande famine de l’histoire qui causera une quinzaine de millions de morts. Et comme on dit du côté de Pékin, quand il fait famine c’est un temps à ne pas mettre un chien dehors. Mao est fragilisé et perd son poste de président. En 1964 il publie le Petit Livre Rouge, un best of de ses meilleures pensées diffusé à 900 millions d’exemplaires, classé deuxième au Top 50 derrière la Bible.
De 1966 à 1976, Mao Tsé-Toung relance sa carrière avec la Révolution Culturelle, exhortant la jeunesse révolutionnaire, les « gardes rouges », à se révolter contre des fonctionnaires corrompus. Mais comme disait Sun Tzu (qui ?), chaque détritus a son sac-poubelle, Mao envoie ensuite l’armée réprimer violemment ces débordements. Les intellectuels seront envoyés en rééducation à la campagne sur le slogan : « La seule culture utile, c’est planter des patates ». Mao détient alors un pouvoir absolu (le seul qui vaille), qui lui permet d’instaurer un culte de la personnalité.
La suite est moins pittoresque. Les années 70 voient la Chine se détendre en direction du monde occidental, Mao joue au ping-pong avec Nixon et la Chine revient à l’ONU en 1971. Mao Tsé-Toung meurt à Pékin en 1976. Son record mondial de 70 millions de morts reste inégalé à ce jour.
• Avoir un surnom star : 1 point
• Détenir le record du monde du nombre de morts : 1 point
• Marcher pendant 12 000 km : 1 point
• Gagner une révolution dans un pays de 500 millions d’habitants : 1 point
• Ecrire un best-seller mondial : 1 point
• Avoir une philosophie politique à son nom : 1 point
Vous me permettrez de préférer la bio d’Alain Roux (Le Singe et le Tigre, Mao, un destin chinois).. Par exemple :
"Mao est un patriote, son engagement premier a été nationaliste. Ce qui s’explique beaucoup par l’humiliation subie par la Chine au XIXe siècle. Était-il socialiste ? Qu’est-ce que veut dire le socialisme pour un Chinois ? Le mot lui-même en chinois n’est pas clair. Il se rapproche plutôt du terme sociologie. Pour Mao, le socialisme s’apparente à l’étatisme. Il consiste à confier au parti-État la responsabilité de moderniser le pays par en haut. Cet étatisme entre chez Mao en conflit avec sa vision d’un monde égalitaire, sans classes sociales ni races ni nations, la Grande Harmonie, qui remonte à la tradition chinoise. Mao donne l’impression qu’il a voulu une Chine moins injuste, plus égalitaire. Dans les faits, c’est un projet plutôt populiste. À la différence des dirigeants communistes européens, Mao n’a pas grande confiance dans la classe ouvrière. Il a été en 1922, au Hunan, un dirigeant ouvrier qui a conduit des grèves mais il est déçu très rapidement par le prolétariat chinois, il l’a dit à un représentant de l’Internationale communiste de passage dans sa province : il a trouvé la classe ouvrière peu combative, corporatiste, encadrée par les sociétés secrètes. Pour ces raisons, il a recherché d’autres forces sociales pour porter la révolution…" http://www.humanite.fr/Alain-Roux-Mao-survit-au-maoisme
Le problème avec l’Histoire et les personnages historiques, c’est qu’il faut absolument éviter de les observer avec une lorgnette, surtout en prenant le mauvais bout.
Mao Ze Dong est assurément un personnage majeur du XXème siècle et un acteur prépondérant de la Révolution chinoise. Pour autant, il n’est évidement ni aussi blanc que le dépaignaient les maoistes de 68, ni aussi aussi noir que le décrit l’auteur de l’article. Pas plus qu’il n’est la Révolution à lui seul …
En dehors de la création de l’Armée populaire de libération, Mao a eu le génie d’insérer une révolution communiste dans le moule confucéin mis en place par l’Empereur Quin Shi Huangdi (311 av JC) dans lequel le PCC, avec ses écoles, assume les fonctions des écoles mandarinales qui forment les cadres de l’Etat : dans les faits, le Secrétaire général du parti n’a guère plus de pouvoir que l’Empereur …
Mais évidemment, pour comprendre ça, il faut quand même creuser un peu au-delà de la facilité des apparences et des discours pré-machés par les agences "intelligentes" des champions du monde "libéral".