Jane Birkin demandait au patron de Total, Christophe de Margerie, d’accepter le contrôle de l’Onu sur la dîme qu’il versait à la junte birmane. Mais l’AFP n’a retenu que la réponse de De Margerie…
Jane Birkin écrit, dans Le Monde du 27 mai dernier, une lettre ouverte au « patron de TOTAL », Christophe de Margerie, où elle souligne les responsabilités du groupe pétrolier, premier pourvoyeur de fonds de la junte, dans le sort d’Aung San Suu Kyi. Elle enjoint Margerie de ne pas s’opposer à l’élaboration d’un « compte séquestre », un dispositif onusien qui permettrait de gérer, au bénéfice de la population birmane, les 3 millions d’euros quotidiens que Total verse directement dans la poche des généraux.
Christophe de Margerie, dans les colonnes du même journal, le 30 mai, tente de justifier le rôle de Total en Birmanie. En s’abstenant soigneusement de répondre sur le « compte séquestre ». Il affirme essentiellement qu’un retrait de Total, que Jane ne mentionnait même pas, ne réglerait rien et forcément aggraverait le sort des nombreux Birmans bénéficiant des largesses de Total. Ces prétendues largesses représentent beaucoup moins de 1% de ce que le pétrolier verse aux généraux birmans…
L’AFP, qui n’avait pas cru bon de faire état de la lettre de Jane Birkin lors de sa parution, reprend instantanément à son compte les écrits de Margerie et titre sa dépêche : « Total défend son maintien en Birmanie ».
Pour l’AFP, c’est facile, il suffit de reproduire ce qu’écrit de Margerie, sans la plus élémentaire vérification : « Pourquoi donc continuer à prôner le départ de Total, ce qui ne fera qu’appauvrir plus encore la population ? », écrit M. de Margerie, dans un texte destiné à l’actrice et chanteuse Jane Birkin, qui a reproché à Total de rester en Birmanie et donc de donner de l’argent à la junte birmane.
A l’AFP, les mots de De Margerie sont paroles d’évangile. L’Agence met ainsi tout son poids dans une véritable opération de désinformation, faisant croire à ses nombreux clients que le patron de Total a bel et bien répondu aux questions de l’actrice. Un véritable tour de passe-passe pour éluder l’embarrassant « compte séquestre ». Pour Total, et donc l’AFP, une priorité : ne surtout pas gêner les généraux birmans sur leur talon d’Achille : l’argent du gaz.
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réflexion parallèle : et si on demandait nous aussi directement à Total pourquoi elle n’est pas très pressée de voir mettre en place ce compte séquestre (il doit bien y avoir un mail institutionnel destiné à recevoir les questions des "simples citoyens"). Si on s’y met à plusieurs, des centaines ou des milliers, le but étant au moins d’arriver à avoir une résonance médiatique plus consistante que ce que vous décrivez pour justifier sa présence en Birmanie
question subsidiaire : à moins qu’il y ait déjà un tel genre de mobilisation lancé quelque part (contre Total et sur cette question précise du compte séquestre pour contrer les généraux Birmans) ?
Ce que dit Monsieur de Margerie est tout à fait exact :
"si Total venait à partir, d’autres compagnies, bien moins attentives au respect des droits de l’homme et aux conditions de travail de leurs salariés, s’empresseraient de nous remplacer, contribuant probablement à une augmentation des revenus de l’Etat et non pas le contraire."
La réponse de Margerie est donc plutôt amusante. Elle sous-entend qu’il est possible de supporter encore plus les dictatures sanguinaires que ne le fait Total.
D’ailleurs je demande à Margerie de répéter son argumentaire vaseux s’il l’ose :
Total, itère !