Jane Birkin, après des années d’efforts, est en passe d’accomplir un exploit : lever le tabou, percer le bouclier politico-médiatique qui exonère Total de toute responsabilité ou complicité dans la tragédie birmane.
Jane Birkin, après des années d’efforts, est en passe d’accomplir un exploit : lever le tabou, percer le bouclier politico-médiatique qui exonère Total de toute responsabilité ou complicité dans la tragédie birmane.
Depuis 1994, l’arrivée de Total en Birmanie, l’ensemble de la classe politique française, quand il s’agit d’envisager des sanctions contre la junte, ne peut même pas prononcer le nom du pétrolier. Dans la défense de son amie Aung San Suu Kyi, Jane n’hésite pas à éclairer avec ses mots les vrais enjeux de la crise birmane. Consacrant à cette cause désespérée toute son énergie, ses réseaux et son temps.
Jane est sur le point de contraindre le pétrolier Total (la seule vraie perfusion financière de la junte birmane) à reconnaitre publiquement qu’il existe bel et bien un moyen de pression contre la junte birmane : le compte séquestre. Un dispositif figurant à l’arsenal du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui prévoit le versement des revenus-gaziers, en l’occurrence sur un compte géré par la Communauté internationale au bénéfice de la population du pays et non plus à la disposition exclusive des généraux.
Qu’une telle résolution s’expose au veto automatique de la Chine et de la Russie n’est nullement rédhibitoire. Tous ceux qui connaissent la très particulière mentalité des généraux birmans savent que le seul fait de mettre ce projet sur la table aura des effets considérables sur la perception de leur (in)vulnérabilité.
C’est Jane qui, au printemps 2007, prend l’initiative d’approcher l’Elysée pour y faire recevoir par le président Sarkozy, le premier ministre du gouvernement birman en exil. Cette visite de Sein Win, cousin germain d’Aung San Suu Kyi, survient en septembre 2007, au pire de la répression par l’armée birmane de la « révolution orange ». Avec une autre surprise : Jane jette Total sur la table.
Pendant le festival de Cannes 2008, Jane organise sur la Croisette une procession de moines birmans, rescapés de la féroce répression. Le cyclone Nargis et ses 150 000 morts, une autre occasion de se faire entendre à l’Elysée, et de réclamer que les moyens de Total soient mis à disposition des rescapés.
Dans le même temps, elle enregistre la chanson et le clip « Aung san Suu Kyi », où elle dénonce la perfusion financière qu’apporte Total à la junte birmane. Une chanson qu’elle entonne à chacun de ses récitals. Tribune dans Le Monde, passages à la télé, Jane s’empare de tous les micros accessibles pour marteler son message.
Lundi 18 mai, ouverture dans la prison d’Insein, de la mascarade de procès d’Aung San Suu Kyi. Jane, à peine débarquée d’avion, prépare sa participation à la manif de la mi-journée devant l’ambassade de Birmanie. Nouvel appel à Total. Le soir, elle démontre en direct au journal de Public Sénat, le mensonge par omission de Bernard Kouchner. Notre ministre des Affaires étrangères, le matin sur France-inter avait cru bon de prétendre que les sanctions contre la Birmanie n’avaient pas d’effet, oubliant de préciser que Total est exclu du dispositif. Jane explique la nécessité du compte séquestre.
Mardi 19 mai, 12 h 30, place de la République, sous un grand portrait d’Aung San Suu Kyi, que Jane avait inauguré 18 mois plus tôt, avec Bertrand Delanoë, rappelle à Total qu’il ne s’oppose pas au projet de résolution sur le compte séquestre.
Merci Jane, continue !
Madame Ockrent ne néglige pas les intérêts de Total, ex-employeur de son mari Bernard Kouchner. Dans l’émission le débat de Paris, diffusée mardi soir sur France 24, le présentateur Sylvain Attal a rempli à merveille sa mission : Son invité d’honneur, Jean-François Lassalle, Monsieur Birmanie de Total, a, sans contradicteur, eu tout le loisir de s’étendre sur les largesses que Total consacre au bien-être des populations birmanes. Et combien les sanctions (dont il oublie de dire que Total est exclu) sont inopérantes.
La question qui fâche n’a donc pas été posée : Total, la seule vraie perfusion financière de la junte birmane, peut-elle s’exonérer de toute responsabilité quant aux agissements d’un régime dont elle est le ballon d’oxygène ? Alors qu’il existe un dispositif onusien, le compte séquestre, qui permet de gérer sous contrôle international les revenus du gaz, au bénéfice de la population, et non des seuls généraux…
Jane Birkin, qui depuis des années, explique combien Total est vital pour le régime birman, et que des moyens juridiques existent pour retirer aux généraux l’exclusivité de l’argent du gaz , n’est pas invitée.
M. Lassalle composerait-il sa salle de presse ?
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Vous dites TOTAL est en Birmanie depuis 1994, vous relayez ainsi un mensonge, car cela à commencé en 1988 au moment des élections, et Mitterant savait que si le LND gagnait les élection le gaz découvert allait passer dans la main des anglais grâce a ANG San Suu Ky qui a de fort lien en Angleterre. D’où le soutien à la junte qui a cette epoque était ruiné et prête à lâcher le pouvoir.
En 1991 les soldats birman aidé par des mercenaires français, des armes acheté grâce à Total (voir affaire avec Lech Wałęsa) et des photo satellite fournit par la France, nettoyaient la futur zone du gazoduc dont la construction a commencé en 1992, avec les travailleurs forcé !
Compte sequestre, paradis fiscaux… On en apprend de bien bonnes en ce moment… Vas-y Jeanne fonce… !!
Quand à Bernard Kouchner et Christine Ockrent, ils sont vraiment prêts à tout tant qu’il y a de l’oseille à se faire. En plus ils prennent un ton complaisant et hautain quand il y a des personnes en face d’eux qui les contredisent. C’est méprisable… !!
N’en croyez rien. Si un compte séquestre était instauré, il s’appliquerait à tout opérateur… D’autre part, ni la Chine, ni l’Inde n’ont intérêt à supplanter Total, car ils sont certes avides de gaz birman, mais pour leur propres besoins énergetiques, or le gisement yadana ne peut approvisionner que la Thailande. (qui ne dispose pas des moyens de racheter la part de Total)
Enfin, le compte séquestre ne priverait pas Bangkok de son approvisionnement ; seuls les généraux birmans verraient diminuer leurs revenus.
Bravo, Jane Birkin ! C’est une action qui redonne espoir : on peut donc faire bouger un mammouth comme Total !
La dernière phrase de l’article manque de clarté.
Mardi 19 mai, 12 h 30, place de la République, sous un grand portrait d’Aung San Suu Kyi, que Jane avait inauguré 18 mois plus tôt, avec Bertrand Delanoë, rappelle à Total qu’il ne s’oppose pas au projet de résolution sur le compte séquestre.
Qui rappelle à Total ?
@ demos,
Cette demande de compte séquestre a déjà été formulée par jane Birkin, dans une tribune au Monde en 2007, et dans une lettre à Christophe de Margerie, le DG de Total. C’est donc elle qui prie Total de ne pas faire obstacle au dépôt d’une telle résolution. Nul n’ignore l’influence considérable du pétrolier sur le ministère des Affaires étrangères, l’Elysée et Matignon…