Lundi, le Press club remettra le prix de l’humour politique. Bakchich vous en livre le nectar et quelques anecdotes savoureuses.
Cela ne saute pas forcément aux yeux, mais il arrive aux hommes politiques d’avoir de l’esprit. Au point même de susciter parfois une certaine hilarité. Grand bien leur en fasse. Il existe un prix pour les en remercier. Il sera remis par un jury d’experts, composé de journalistes et d’hommes politiques le lundi 29 juin au Press Club. Parmi les qualifiés cette année, Najat Belkacem, Guillaume Bachelet ou encore Roselyne Bachelot et Jean-François Copé. D’ores et déjà, certains ont déjà fait savoir qu’ils ne se rendraient pas aux agapes prévues en leur honneur. Comme Bachelot, Albanel ou Giscard d’Estaing. Delanoë, Belkacem ou Copé, en revanche, en seront.
Car c’est aussi l’occasion pour eux de montrer un visage plus sympathique et pourquoi pas d’entretenir les liens souvent incestueux avec les journalistes présents. Le champion toute catégorie, c’est André Santini, qui, soupçonné de dopage, est interdit de compétition, mais parraine le prix depuis trois ans. Il avait remporté sa première victoire en déclarant : « Saint-Louis rendait la justice sous un chêne, Arpaillange (le garde des Sceaux socialiste de l’époque) la rend comme un gland ». Une belle phrase à réactualiser comme bon vous semble.
Cette année, la cuvée est plutôt réjouissante (voir encadré). A l’instar de la citation de Guillaume Bachelet, secrétaire national à l’Industrie du Parti socialiste : « La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant. »
Le prix, créé à l’origine par la conseillère politique Jacqueline Nebout en 1988, a connu un temps d’arrêt sous la présidence Chirac. A l’origine, une petite phrase : « j’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale » , prononcée par le grand Jacquot, qu’une partie du jury avait décidé de sélectionner. Las, sans doute refroidie par quelques coups de fil présidentiels, la directrice du prix mettra brutalement fin à l’événement… pendant cinq ans. Ce n’est qu’en 2002, sous l’impulsion de l’ancien patron de l’AFP, Jean Miot, que les politiques retrouveront les joies des célébrations humoristiques. Et à quelques reprises, l’incident diplomatique a été frôlé. En 2007, alors que la presse révèle que Xavier Bertrand est franc-maçon, François Fillon a ce commentaire : « Maçon, ça ne m’étonne pas, franc, je suis plus surpris. » Une phrase que s’empresse de sélectionner le jury, saluant ainsi une belle saillie dont le Premier ministre est plutôt avare. Que nenni, le cabinet du Premier ministre, furibard, se fendra d’un courrier au Press Club affirmant sans détours, que jamais, au grand jamais, François Fillon n’avait tenu ces propos.
Rebelotte en 2008. Le Canard Enchaîné relève une citation de François Bayrou : « Si je suis élu, rien ne changera. » Du bon sens ? Un bon mot ? En fait une erreur du Canard. Toujours est-il, qu’hilare, le jury sélectionne la phrase. A plusieurs reprises, le patron du MoDem téléphonera personnellement aux organisateurs pour dénoncer la citation erronée. Et d’insister ensuite pour ne pas figurer dans la liste des sélectionnés. Ah le téléphone, quelle vilaine habitude.
En 2005, un certain Nicolas Sarkozy remportait le prix pour la citation suivante : « Je ne suis candidat à rien. » Un prix qu’il ne viendra pas chercher. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi.
Jean-Christophe Cambadélis, Député PS de Paris : « Si Ségolène Royal s’excuse chaque fois que Sarkozy fait une boulette, elle va passer sa vie à genoux ».
Martine Aubry, Première secrétaire du PS : « Ségolène Royal aura la place qu’elle souhaite dans le PS, même si la plupart sont déjà occupées ».
Valéry Giscard-d’Estaing, à propos d’un éventuel rattachement de sa région Auvergne : « Je doute que le comité Balladur réussisse là où Jules César a échoué ».
Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, à qui l’on suggère de devenir Commissaire Européen : « Pourquoi pas entraîneur du PSG ? ».
Najat Belkacem, conseillère régionale PS et adjointe au maire de Lyon : « Il ne faut pas que le PS se laisse électrocuter par ses courants ».
Une mention spéciale a été attribuée à Guillaume Bachelet , Secrétaire National à l’Industrie du PS : « La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant ».
Roselyne Bachelot, après la victoire des handballeurs français aux Championnats du monde : « Dans les vestiaires, nous n’avions qu’un mot : énorme ! »
Luc Chatel, porte-parole du gouvernement : « Le Chef de l’Etat appelle parfois Brice Hortefeux pour ne rien lui dire. C’est la preuve de la qualité de leurs relations ».
Jean-François Copé, Président du Groupe UMP à l’Assemblée Nationale : « Moi vivant, il n’y aura pas d’augmentation de la redevance ».
Nadine Morano, Secrétaire d’Etat chargée de la famille : « Je suis Sarkoziste jusqu’au bout des globules ».
Ségolène Royal, de retour des Etats-Unis : « J’ai inspiré Obama et ses équipes m’ont copiée ».
Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication : « Mes cheveux raccourcissent au fur et à mesure que mon expérience croît ».
Jean-François Copé, Président du Groupe UMP à l’Assemblée Nationale, s’adressant au Président Nicolas Sarkozy : « Tu as prévu de filer les clés de l’UMP à Xavier Bertrand ; tu devrais en garder un double ».
Bertrand Delanoë, Maire de Paris : « Le vrai changement au PS, ce serait de gagner ».
Jean-Pierre Raffarin, Ancien Premier Ministre : « Le tour de taille n’est pas un handicap au Sénat ».
Michel Rocard, Ancien Premier Ministre : « Le PS est mal portant ; et comme je respecte les hôpitaux, je baisse la voix comme on doit le faire quand il y a un malade dans la place ».
Une mention spéciale a été attribuée au Sénateur sortant François Gerbault : « Le système des quotas a été inventé par un Sénateur romain : Numerus Clausus ».
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