Elle y élude la question de la différence (inexistante ?) sur le fond entre Aubry et Royal. Elle l’élude, parce qu’en fait, il y en a une. La « méthode » Collomb, ou la dérive centriste. Avec laquelle on peut ou non être d’accord, mais qui est réelle, et qui marche à Lyon parce que Lyon a toujours été centriste. Le problème vient de ce qu’elle avance masquée, non avouée, déguisée, et que forcément cela fait poser question. En effet, si la démarche est avouable, pourquoi ne pas l’avouer ?
Ensuite, quand, comme Najat Belkacem, on a usé et abusé de toutes les magouilles mises en place par Collomb pour verrouiller le parti et imposer ses lieutenants, il est effectivement assez difficile, sauf à très volontairement se placer en défenseur « de pointe » de la rénovation, de prétendre vouloir rénover les méthodes mêmes que l’on utilise pour s’imposer envers le vote des militants.
Ceci étant, quand on voit la force avec laquelle les « Royalistes » tapent sur Benoît Hamon, le rejet de cette ligne de gauche, il apparaît clairement que c’est toujours le même débat « dérive centriste contre dérive gauchiste » qui fracture ce parti. Ce débat commence à vieillir, puisqu’il était déjà une ligne de démarcation entre rocardiens et mitterrandistes, si tant est que l’on puisse accuser les mitterrandistes d’avoir été de gauche ! C’est néanmoins la vieille bataille entre gauche « moderniste » (centriste) et gauche « archaïque » (gauchiste).
Autre point intéressant, c’est que dans cette interview, Najat y démontre qu’elle connaît mal ou pas le fonctionnement de son parti. Ce qui peut se comprendre vu son peu d’ancienneté (et d’intérêt ?), mais est grave pour un membre du bureau national. En effet, elle se plaint qu’au bureau national seulement 30 % des places soient attribués à sa motion « qui a réuni 50 % des militants » mais c’est pourtant ce que prévoient les statuts : le nombre des places est déterminé par le score sur les motions, le premier tour du congrès ! C’est grave, pour une « militante » qui veut réformer « le logiciel du PS » de ne même pas connaître ce qu’elle veut réformer ! Mais, au fond, Najat Belkacem est-elle encore à une contradiction près ?