Depuis que Steve Jobs est parti en guerre contre le porno, les journaux qui osent montrer du grivois se heurtent les uns après les autres à leur développement sur la tablette tactile iPad.
Une victime de plus des pudibonderies du gourou d’Apple Steve Jobs. Charlie-Hebdo n’aura pas son application iPad. Depuis que Steve Jobs est parti en guerre contre le porno, les journaux qui osent montrer un petit bout de sein ou une joyeuse raie des fesses se heurtent les uns après les autres à leur développement sur la tablette magique.
Ainsi, Playboy, L’Écho des Savanes ou encore le journal allemand Bild ont dû se plier aux règles édictées par Apple et abandonner toutes velléités érotiques voire sensuelles. Pour Charlie, explique à Bakchich son patron Charb, « il s’agirait plutôt de certains dessins considérés comme outranciers qui risquaient de ne pas passer la barrière de la censure ». « Une entreprise est venue nous démarcher pour développer notre application. Mais à la fin, le type nous a expliqué qu’on n’aurait pas le final cut sur la publication sur iPad. On les a donc envoyés bouler. »
Le tout-puissant Steve Jobs doit néanmoins revoir à la baisse ses espérances en matière de contrôle des contenus diffusés par l’environnement Apple. Plusieurs diffuseurs de porno ont déjà annoncé qu’ils allaient convertir leurs vidéos dans un format autre que Flash. Incompatible avec les outils Apple, le logiciel était jusqu’alors le plus usité pour la diffusion de contenu porno. Et permet un filtrage technique par la marque à la pomme. Temps révolu….. Allez Steve vous reprendrez bien un peu de blow jobs ?
Hum, faut quand même regarder plus en profondeur… et arrêter de réagir à chaud comme ça.
Même si je partage pas les limitations faites par Apple, faut quand même prendre en compte certains faits.
D’une part, c’est une boîte américaine, donc avec une culture américaine. N’en déplaise, mais ça joue énormément et on connaît la propension des américains à ne pas s’adapter aux différents marchés du monde, surtout Apple qui a toujours oeuvré à vendre une gamme de produits quasi stéréotypés… Aux USA, le sexe passe pas. On sait que le pays est prude, Playboy fait enlever des détails physiques sur ses couvertures pour pas être retiré de la vente.
Maintenant, on peut très bien faire ce que l’on veut avec son iPhone/iPad. Qu’il n’y ait pas de porno ou de sexe sur les boutiques Apple ne veut pas dire que l’on y a pas accès. Il y a des milliers de sites web que l’on peut consulter depuis ces terminaux, et les adresses ne sont pas blacklistées par Apple…
Or, là on parle des boutiques Apple, autrement dit un magasin virtuel. Et tous les magasins du monde choisissent ce qu’ils veulent bien vendre et ce qu’ils ne veulent pas vendre… Cherchez donc des films X à la Fnac ou chez Virgin Megastore… il n’y en a pas. Du coup, on part un peu vite dans les tours alors que globalement, ça se fait depuis des lustres. Est ce qu’un auteur indé qui viendrait demander à ce que son livre soit vendu à la Fnac se verrait dire "oui bien sûr. Ramenez nous du stock, on le vendra" ? Non. Pourtant, personne ne s’en offusque… il est bien là le problème. On s’offusque chez l’un, mais pas chez l’autre. Et j’ai envie de dire que certaines boîtes payent pour toutes les autres, ce qui contribue à rendre un marché de pleine distorsion bien loin de la réalité des choses.
Ça n’aide franchement pas à améliorer ces points là et faire naître des débats. Car quand l’un sera jeté au pilori, les autres en profiteront pour pointer ces défaillances alors qu’elles font la même chose… et le consommateur saute dedans à pieds joints sans se poser plus de questions. Bref, il est en quelque sorte instrumentalisé.
Ça fait un petit moment maintenant que tout le monde joue sur 1984 / Brave New World. Ou comment on nous promet un futur merveilleusement médiocre alors qu’on ne se rend pas compte que nous vivons dans le meilleur des mondes. On pointe le contrôle par la force pour pouvoir imposer le contrôle par le plaisir. Neil Postman a très bien expliqué la différence entre ces deux livres, il pourrait être intéressant de se pencher sur son analyse courte mais pleine de bon sens pour aller plus loin que la simple auto-censure de Charlie Hebdo.
Quand je lis une comparaison de ce type : " Imaginez si un jour Samsung ou Philipps interdisent de regarder un porno ou meme un film -12 sur leur télés ? Inconcevable, et c’est pourtant exactement la meme chose qui se passe ici …" Je me dis quand même que c’est totalement hors sujet et que la problématique n’est pas comprise dans les Grandes Lignes. Je le ré-explique encore. Apple n’interdit à personne de regarder du contenu de son choix sur un iPad. On peut uploader des films dans iTunes, on peut passer par internet, etc. Donc la comparaison ne tient pas. Par contre, si Philips ou Samsung avaient des magasins virtuels qui louent (directement sur la télé) ou vendent des films et qu’ils censureraient le contenu, alors là, oui, la comparaison aurait un sens.
Mais dans l’absolu, les raccourcis ont la belle vie, et les réactions épidermiques qui en découlent sont vraiment superficielles. Alors oui, tant qu’il y aura ce genre de réactions, ce ne sont pas les consommateurs qui y gagneront, mais bel et bien ceux qui leur vendent quelque chose…
Tes arguments ne tiennent pas, DarkDhalia. Charlie Hebdo doit vendre ces journaux pour vivre. Pour toucher des revenus, il faut passer par Apple, et donc subir la censure.
Ce mégalo de Jobs clame partout que l’avenir de la presse, c’est l’IPad.
On peux comprendre la grogne de certains editeurs.