Si l’autisme est mal traité en France, si les parents sont souvent isolés, le comédien Laurent Savard a décidé de vider son sac sur scène. Père d’un enfant autiste, il raconte avec un humour noir décapant sa vie avec Gabin.
« Comme quelque part je pense que l’humour est salvateur, je me suis dit la meilleure façon d’évacuer et de trouver les réponses que je n’ai pas c’est de bâtir un spectacle sur scène. » Le comédien Laurent Savard est le père d’un enfant autiste et hyperactif de cinq ans, Gabin. Né un 14 juillet, « ce fut le début d’un feu d’artifice permanent » selon le bon mot du père qui a appelé son one-man-show Le bal des pompiers.
Il s’attendait, avec sa femme Marie-Lou, à éprouver « la connerie » comme ils disent « mais à ce point, je ne l’imaginais pas » s’étonne encore Laurent, goguenard. Ce comédien, doué d’une bonne dose d’humour noir, tout comme son pote Stéphane Guillon, a écrit un spectacle sur sa vie avec Gabin. Celle du quotidien partagé, mais aussi sur leurs rencontres avec le psychologue, le pédiatre, l’instit’ ou le passant lambda. Tournés en ridicule, ces personnages qu’il incarne font à la fois rire et flipper… « -Mais vous l’avez vécu ce que vous dites, là, sur scène ? » - « Oui » sourit en se pinçant les lèvres le comédien, « beaucoup de phrases sont rapportées trait pour trait. Chaque fois que je rencontrais un des gus, je me disais, lui, il va terminer en sketch… »
Portrait et extrait du spectacle :
« Pitoyable » est son constat sur les difficultés pour des parents confrontés à l’autisme. Entre 30 000 et 80 000 autistes vivent en France selon les calculs plus ou mois élastiques de la pathologie. « On a été livré à nous-mêmes, il a fallu nous-mêmes nous renseigner, démarcher et il faut se battre pour garder son enfant afin qu’il ne parte pas en hôpital de jour ou ailleurs. »
« Je ne voulais pas faire un spectacle militant, tempère toutefois Laurent Savard. Je voulais juste transposer sur scène l’absurdité de certaines situations. Je suis auteur et comédien. Au fond tous les one-man-shows parlent du quotidien. Le mien, c’est Gabin. J’ai demandé des conseils à Stéphane Guillon ou à d’autres pour savoir si ma démarche était légitime, si je ne récupérais pas quelque chose… Tout le monde m’a dit de foncer. »
Et résultat, si on rit beaucoup, on éprouve aussi beaucoup de tendresse pour ce gamin incompris qu’on a l’impression de voir sur scène tant le comédien lui donne chair. Joué seulement deux fois au Splendid, le spectacle reviendra sur scène en fin d’année et des dates hors de Paris sont en préparation. Des maisons d’édition ont aussi contacté le comédien pour rédiger un livre sur son expérience. Bakchich vous tiendra au courant.
A lire sur Bakchich.info :
Monsieur Lesme Veuillez transmettre ce message à Laurent Savard
Monsieur Savard vous êtes un père formidable Ancienne institutrice d’école maternelle, j’ai eu un élève autiste en 1970, il y a des moments pénibles mais lorsque par hasard on rencontre la maman 15 ans après, et que l’on apprend que ce garçon est dans un lycée agricole, qu’il est heureux et que les parents aussi. Je vous souhaite que Gabin, grâce à vous et aussi à des enseignants moins obtus que la directrice, s’en sorte aussi bien. Courage. J. Marion