Coauteur d’un livre avec Mitterrand en 2007, Abdellah Taïa gagne, deux ans plus tard, son ticket de membre de la très influente commission d’avances sur recettes du Centre national du cinéma. Puis une avance pour son film…
Il s’en fallait de peu pour qu’Abdellah Taïa rejoigne la cohorte des jeunes gens qui n’ont pas eu de chance. Né en 1973 à Hay Salam, quartier populaire de Salé, Abdellah a un père qui occupe un modeste emploi à la bibliothèque de Rabat. Parfois, le papa apporte des livres à la maison, ce qui a donné à son fils le goût de la littérature. Aujourd’hui, Taïa figure sur la liste des auteurs « goncourables ».
Les bonnes fortunes, Abdellah les accumule. Ce garçon, qui revendique son homosexualité comme un élément identitaire – ce qui a provoqué un scandale au Maroc –, n’a-t-il pas signé deux livres en compagnie de deux Français qui comptent, Frédéric Mitterrand et François-Marie Banier ? Maroc 1900-1960, un certain regard, écrit à quatre mains avec Mitterrand, contient beaucoup de photos et ne dit que du bien de la monarchie. Pour Banier, Taïa préface Grandes chaleurs, encore un livre d’images qui, sous son titre, « cache un côté coquin », dixit Banier.
Et c’est certainement par hasard que, le 30 décembre 2009, le jeune Marocain est nommé membre de la commission d’avances sur recettes au CNC, le Centre national du cinéma (lire encadré). Désigné par son coauteur, Frédéric Mitterrand, qui, en tant que ministre, dispose ici d’un droit régalien, Abdellah est aussi coopté par Florence Malraux, la présidente de la commission. Notons que, parmi les huit membres chargés de distribuer la manne publique afin de financer les projets de films, Abdellah est le seul à n’avoir ni références ni compétences reconnues en matière de cinéma… Pas grave.
Mais grave quand, le 8 juillet 2010, la commission, dont Abdellah Taïa est membre, accorde une avance à un certain Taïa Abdellah. Le film promis sera sûrement formidable, et son titre est prometteur : Sans toi, sans ton amour, sans ton corps, sans ton sexe.
Afin d’obtenir quelques explications sur ce comportement qui, de loin, peut fait penser à une coutume de République bananière, nous avons contacté le CNC. Nadia Brossard, qui y est « gestionnaire », nous a expliqué que, « pour devenir membre de la commission d’avances, aucune condition n’est imposée », mais qu’« il vaut mieux parler et lire le français »… Quant à l’étrange pratique qui fait qu’un membre de la commission se voit accorder des fonds, c’est simple : « Il quitte la salle au moment du vote » ! Si vous voulez tourner un film, écrivez donc d’abord un livre avec Frédo Mitterrand.
Créée en juin 1959 par André Malraux, la commission d’avances sur recettes a pour but de promouvoir le cinéma indépendant dit « d’auteur ». Symbole de l’exception culturelle française, elle attribue chaque année 25 millions d’euros répartis entre une soixantaine de films.
Selon les chiffres du Centre national du cinéma (CNC ), un peu plus de 2000 œuvres ont pu être réalisées grâce à cette subvention. La commission est composée de trois collèges. Les deux premiers statuant sur l’avance avant réalisation, le troisième pour les films terminés. Les membres des collèges reçoivent environ 650 films par an.
J’ai contacté Abdellah Taïa, qui est un auteur que j’apprécie beaucoup dont j’ai lu la plupart des livres, via son site internet.
Il m’a répondu qu’il faisait parti du CNC, en tant que membre de l’avance sur recettes, depuis 2008 donc un an avant que Mittérand devienne ministre de la Culture.
Même si je reste d’accord qu’il n’est pas normal qu’un membre de la commission se voit octroyer une avance de cette même commission.
Mais où est la vérité, pourquoi rajouter des mensonges ?!
En faisant des recherches sur le net concernant cet article, je m’aperçois qu’il est repris mot pour mot par quantité de sites différents. Qui en est la source ?? Avez vous fait votre travail de journaliste ?
Avant d’écrire, mieux vaut savoir lire, avant de donner des leçons le mieux est de les apprendre. Voici l’extrait officiel de la nomination de Taïa :
composition de la commission (1er et 2ème collège)
Par décision de la Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée en date du 30 décembre 2009, sont nommés à compter du 1er janvier 2010
Avance avant réalisation
Présidente : Florence MALRAUX
1er collège Vice-présidente : Adeline LECALLIER
Thomas BIDEGAIN Lucas BELVAUX Florence COLOMBANI Christine GOZLAN Yannick KERGOAT Abdellah TAIA Régine VIAL
Taïa, est donc nommé à partir du 1 janvier 2010. Ou bien ?
Le coup du "Pour devenir membre, pas de conditions imposées, il suffit de savoir parler et lire le français", ça me fait penser à : "Pour sauter du toit de l’immeuble, pas de conditions imposées, il suffit de savoir battre des pieds et des mains".
Par contre, si vous voulez survivre à la chute, alors c’est une autre histoire et il y a quelques conditions supplémentaires : un parachute ou des ailes…
Sympa, ce CNC. Sauf que les conséquences de l’incompétence probable de cette jeune personne se chiffrent en sous-sous, et que les sous-sous, ce ne seront pas les siens ni ceux des membres du CNC ni non plus ceux de l’ami Mitterrand.
Donc, en toute logique, je réécris ma phrase du début : "Pour sauter du toit de l’immeuble, pas de conditions imposées, il suffit que celui que vous allez pousser sache battre des pieds et des mains". Et à ce tarif là, pas besoin d’investir dans un parachute à lui donner, c’est plus économique.
Ce qui me fait penser à la grande déclaration suivante : « Nous nous battrons jusqu’à votre dernier souffle ! »
Eh bien, là, "ils" claqueront le fric jusqu’à notre dernier centime et même au-delà, c’est désormais sûr et certain !