Hôtel Marigny à 15h, 1er décembre 2009, Journée mondiale contre le sida. Je me suis retrouvé mardi, assis à une table ronde avec des représentants d’organisations (y compris Pierre Bergé, grand ami des petits enfants malades du sida) dont les budgets annuels sont au minimum 100 fois celui du Comité des familles pour survivre au sida, association qui fédère — malgré ses petits moyens — des familles vivant avec le VIH dans toute la France.
En fin de compte, malgré la disproportion de moyens, je me suis senti à l’aise pour exprimer, expliquer et analyser la place qu’occupent les familles concernées. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en face de moi j’avais l’Ambassadrice du Fonds mondial contre le sida en faveur des mères et des enfants vivant avec le VIH.
J’ai donc pu expliquer, par exemple, pourquoi et comment tout a changé grâce aux mamans séropositives. Aujourd’hui, dans la lutte contre le sida, nous vivons une révolution qui n’est silencieuse seulement parce que ceux qui détiennent le monopole de la visibilité de l’épidémie refusent d’en parler, par crainte d’une chute des dons. Cette révolution, c’est le fait que les traitements antirétroviraux non seulement sauvent et prolongent les vies des séropositifs, mais en plus permettent de bloquer la transmission sexuelle du virus.
Non seulement cette découverte ne date pas d’hier, mais (surtout) on la doit aux mamans. Car la première preuve que les médicaments réduisent la transmission concerne la transmission de la mère à l’enfant. En effet, en 1993, certaines d’entre elles ont volontairement accepté de prendre un placebo alors qu’elles étaient enceintes. D’autres ont reçu du Retrovir® (AZT). Rapidement, l’essai a été arrêté et l’ensemble des mamans traité, car il était évident que le traitement bloquait la transmission aux enfants !
Pour les mamans comme pour les accoucheurs, c’était la première véritable victoire de la médecine face au virus.
Si je sais que l’accès universel au traitement est une cause juste, les familles de France qui vivent avec le VIH en sont la preuve vivante.
Si on en parle si peu, c’est sans doute parce que ces mamans n’appartiennent pas à la population qui détient le sida « médiatique », celui pour lequel on récolte de l’argent à la télévision. La majorité de ces mamans sont pauvres et issues de l’immigration.
De ce fait, nous ne pouvons que saluer l’engagement sincère de ceux et celles qui non seulement souhaitent servir de haut-parleur pour faire entendre les besoins et les revendications des mères et des pères concernés, mais qui prendrons le temps de les écouter.
C’est pourquoi je salue le fait que Carla Bruni-Sarkozy ait accepté mon invitation à venir partager un repas avec les familles dans notre minuscule local situé au cœur du 19e arrondissement de Paris… Et je sais maintenant qu’elle tient ses engagements. J’espère simplement que ses conseillers, eux, n’attendront pas l’approche du 1er décembre 2010 pour se souvenir de nous !
Je sais. C’est plus fort que moi. Mais c’est à bon escient.