Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
CULTURE / CHRONIQUE BOUQUINS

François Mitterrand sort de sa tombe et s’amuse

Fiction / vendredi 2 mai 2008 par Anaëlle Verzaux
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

François Mitterrand revival ! Après son blog, voilà qu’un de ses fantômes sort un livre, à paraître le 14 mai aux éditions Ramsay. C’est du Tonton tout craché. « Bakchich » s’en est procuré les bonnes feuilles, dont voici quelques extraits, en avant première.

A tous ceux qui croient à la résurrection des morts, et à ceux qui n’y croient pas, à tous ceux qui croient à la réincarnation, et à ceux qui n’y croient pas, Bakchich se fait un plaisir d’annoncer le grand retour de François Mitterrand sur la scène publique. Ses fans, évidemment le savent, Tonton a repris corps en mars 2007. Il a bien choisi le moment le malin, en pleine campagne présidentielle. Habile, il a opté pour la discrétion et l’utilisation d’un support moderne pour s’exprimer, le blog.

 - JPG - 9.4 ko

Alors oui, le blog, c’est excellent, pour commencer (90 000 visiteurs uniques par mois en mai et juin 2007). Mais il y a un moment où il faut se faire voir encore davantage. Et le moment, c’est maintenant : Tonton sort un livre, François Mitterrand 2008, il revient, à paraître aux éditions Ramsay le 14 mai… à l’occasion du dixième anniversaire de la dissolution de l’Assemblée Nationale ?

L’ex-président de la République dit ce qu’il pense du Parti socialiste, de la politique du gouvernement, de Nicolas Sarkozy (alias « mon lointain successeur »), de quelques hommes et femmes au parcours plus ou moins ombrageux(euses), etc. Sur tous ces thèmes et sur d’autres, Tonton divulgue, avec ce style admirable, des informations inédites. Car l’auteur du livre est très bien informé sur la vie politique française.

L’incroyable révélation du « Parisien libéré »

24 novembre : Contentement

Ce titre du Parisien libéré relatif à mon lointain successeur : « Il est content de lui ». Ah bon ? Incroyable. Depuis six mois qu’il gouverne ce pays, je ne m’en étais pas aperçu. Ces gens du Parisien libéré sont de singuliers précurseurs, je les en félicite.

Prise de risques au Parti Socialiste

26 novembre : Rénovation et idées

Premier « Forum de rénovation » du Parti socialiste consacré à la Nation. A cette occasion, François Hollande a prévenu les adversaires du PS que ce dernier allait engager « la bataille des idées ». « Enfin ! » serait-on tenté de s’exclamer. Il convient bien naturellement d’approuver cette initiative du Premier secrétaire. Mais, dans le même temps, il est nécessaire de garder présent à l’esprit ce vieux précepte de Machiavel : « Ne jamais déclencher de guerre sans avoir la certitude de la remporter ».

Le crime de lèche-président : Chabot et PPDA sur le banc des accusés

29 novembre : Fin de règnes

Mon lointain successeur vient de s’exprimer à la télévision. On aurait dit un étudiant de Sciences Po passant l’oral blanc de Président de la République. Pourtant, ses interlocuteurs, Arlette Chabot et Poivre d’Arvor, ont été très gentils, polis, lisses, prévenants… Que n’aurait-on pas dit s’ils s’étaient (de leur vivant, j’entends…) comportés avec moi de la sorte ?

Cela dit, je me mets à la place de mon lointain successeur, ça doit être intimidant de se retrouver face à des gens qu’il voyait déjà à la télévision lorsqu’il était enfant. Il a dû se sentir proche de ma génération. Vieux, si vieux, lui qui veut se montrer jeune, si jeune, avec ses culottes courtes et ses chaussures de sport.

Pour ma part, j’avais recours aux services aux services de Poivre d’Arvor lors d’entretiens télévisés quand les circonstances exigeaient dans ce cadre la présence symbolique de l’un de ces représentants des grands médias audiovisuels au service des puissances d’argent. Il remplissait très bien l’office, dont il était ignorant, car il ne résistait jamais à l’envie de faire le malin.

Le 14 juillet 1993, par exemple, il est allé jusqu’à me demander si j’allais appliquer les directives du Premier ministre Edouard Balladur, lors d’un prochain sommet des pas industrialisés. Je l’ai remis à sa place vite fait. J’ai gommé illico son petit sourire méprisant en lui rappelant que, décidément, certains hommes ne changent pas, que la « marque de fabrique » reste la même tout au long de leur vie, et que je le reconnaissais bien là. Il n’a pas moufté par la suite. A la fin de l’entretien, auquel participaient également Paul Amar et Jean-Pierre Elkabbach, ce dernier, toujours un peu mielleux, est venu me voir pour s’excuser du comportement de Poivre. « On lui avait pourtant dit avec Paul qu’il ne fallait pas vous poser cette question comme ça ». Il avait l’air désolé de ne pas avoir pu contenir l’expression des mauvais penchants de son petit camarade et j’ai compris qu’il craignait de passer pour son complice. Je l’ai rassuré ; ça ne coûtait rien.

Elle Chabot vouloir bien faire, Arlette me désespère

Quant à Arlette Chabot, mon dieu, quel ennui que cette journaliste… Incapable de parler d’autre chose que de petite politique. Les arbres, les élises, les livres, rien ne l’intéresse, c’est à désespérer. Dès 1974, après un voyage en province accompli en sa compagnie, ma religion était faite. Toujours me presser de questions.

« Et que pensez-vous d’Untel ? Et que ferez-vous d’Untel ? Et vous avez entendu ce qu’a déclaré Untel ?  » C’était assommant.

Arlette Chabot promène depuis toujours un visage triste et austère de duègne, ces dames de la petite noblesse ibérique chargée de veiller autrefois à la bonne éducation des jeunes reines d’Espagne. On l’imagine sans peine, la mine sinistre, pénétrant dans la chambre de la souveraine pour lui rappeler les devoirs de sa charge : « Une reine d’Espagne n’écoute pas de musique quand le roi est à la chasse ! », ou bien encore : « Une reine d’Espagne n’accepte pas de fleurs, même pas du roi ! »

Une fois, en novembre 1992, j’ai accepté un entretien à la télévision avec Arlette Chabot et Ruth Elkrief. A la fin, mes collaborateurs m’ont dit que j’avais donné l’impression de privilégier l’une par rapport à l’autre en termes d’attention et de prévenance. Ce n’était pas faux. Dès que je me tournais vers Arlette Chabot et que j’entrevoyais ce visage de duègne inflexible, je me sentais aussi désarmé qu’une jeune reine d’Espagne surprise au balcon à respirer un bouquet de myosotis tout en écoutant suavement une sérénade de Ruy Blas. Mes réponses s’en ressentaient. Je m’étais donc tourné plus qu’à mon tour vers Ruth Elkrief, qui me paraissait joyeuse et avenante. Elle était comme une petite reine d’Espagne, insouciante, oublieuse de sa duègne, contente d’être là. Mon plaisir de m’entretenir avec elle reflétait son plaisir, comme la feuille est un miroir dans lequel se reflète le ciel.

Tout bien réfléchi, Poivre et Chabot, ces deux-là datent un peu. D’ailleurs, cela a sauté aux yeux de mon lointain successeur, surtout Guéant et Louvrier qui, pourtant, ne m’aiment guère, mais ont enfin trouvé un sujet d’agrément. Ils ne l’ont pas dit devant les intéressés, amis à leur maître. Ce dernier a approuvé instantanément : « Trouvez m’en d’autres », a-t-il conclu sobrement.

Les intertitres ont été ajoutés par « Bakchich ».

AFFICHER LES
15 MESSAGES
0 | 5 | 10

Forum

  • François Mitterrand sort de sa tombe et s’amuse
    le vendredi 9 mai 2008 à 16:20, Kévin a dit :
    J’adore ! L’auteur est bien informé je le confirme, c’est bien le même que le blog… Même avec une somme d’argent importante je ne divulgerai son nom … lui et moi sommes d’accords sur un point important … le meilleurs film politique c’est le Président avec Gabin … Quand à ceux qui concidèrent que le style est mauvais … qu’ils essayent et nous pourrons comparer …
  • François Mitterrand sort de sa tombe et s’amuse
    le dimanche 4 mai 2008 à 17:00, Churchill a dit :
    De Germaine Tillon : " Les douleurs et les haines cesseront, ceux qui ne les oublient pas mourront aussi, et tout passe. Sauf quelques oeuvres - terre commune et partagée, patrimoine sans frontières." Mais quelle oeuvre monumentale nous a donc laissée le fameux jarnaco-nivernais ? On s’en fout tous de son legs ? Philippe-Auguste nous a laissé le lupanar des louves , celui qui hurlait aux portes de la ville que tous vous savez , son Louvre , et aussi le mien , chéri d’entre les chéris , France d’entre toutes les Frances . Louis le neuvième , la Sainte Chapelle , Richelieu l’Académie . Le quatorzième Louis , certainement le plus grand , ce fut Versailles . Napoléon , l’armée la plus grande du monde . Son neveu , l’économie dynamique sous l’Expo et la franche rigolade d’Offenbach l’Allemand . Le dernier monument debout , ce fut de Gaulle , encore inégalé today ! Relisez donc l’Histoire vécue de Pierre Clostermann et surtout le chapitre intitulé " Les personnages " . On y parle de dieux vêtus d’air " , de Lysander , de Hernu , de Cousteau , de Wilson , de Clinton , de Dom Helder Camara , de Calluire . Byron avait raison : " Un personnage n’est que la vérité d’une mascararde . " La disparition du si grand aviateur se fit dans l’anonymat collectif le plus total , comme si les grands hommes gênaient tellement aujourd’hui ; pourtant , il était un des plus grands résistants de la vieille Patrie . Alors Solutré , vous pensez !
  • François Mitterrand sort de sa tombe et s’amuse
    le vendredi 2 mai 2008 à 16:14, Lancelot a dit :

    On me paye combien pour divulguer le nom de l’auteur ?

    (T’inquiète Tonton, je suis incorruptible …)

  • François Mitterrand sort de sa tombe et s’amuse
    le vendredi 2 mai 2008 à 12:32, cassandre a dit :

    Ces passages sont exellents !!!

    Cette façon de rédiger les pensées d’un "défunt" en balançant quelques portrait est top original !!!

    Cela me fait penser au journal de Carla B dans le Canard,

    Avant je commençais ma lecture du Canard par par les dessins maitenant, je commence par le journal de Carla B

  • Merci "tonton"
    le vendredi 2 mai 2008 à 12:21, Nathan a dit :
    Enfin de l’impertinence, enfin de l’insolence, on pourrait presque dire enfin du vrai journalisme. Au plaisir de vous lire
0 | 5 | 10
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte