Shakespeare monté par Richard Demarcy et son "naïf théâtre" au Grand Parquet c’est une cour de récréation endiablée.
Quand le théâtre est comme un banquet de couleurs, de joies, une gourmandise qui nous réveille et nous interpelle, c’est très vivifiant. Richard Demarcy porte cette énergie et la transmet à ses comédiens et au public à travers son spectacle « Un certain songe, une nuit d’été », une libre adaptation de l’œuvre de William Shakespeare. On retrouve dans cette adaptation la lune et son mystère, les amours contrariés et les chassés-croisés de quatre jeunes amoureux, les manipulations d’un elfe rusé, les désiderata des rois et reines capricieux, et surtout les « artisans de théâtre » qui sont les héros de cette farce et donnent tout son sens au théâtre dans ce qu’il a de plus essentiel : faire éclater les frontières entre les rêves et la réalité ?
La mise en scène choisit la légèreté et la grande naïveté pour soulever des problèmes graves, ce qui permet une relecture de la pièce notamment dans son début sombre où la fille n’a que le choix de mourir ou d’aller au couvent si elle refuse le mariage voulu par son père. Il a choisi un univers burlesque, à la Karl Valentin, et nous sommes saisis par les images de Buster Keaton, Bourvil, Louis de Funès, Laurel et Hardy, Tati avec son air enchanté et enfantin qui transparaissent dans les tableaux.
Fulgurances de couleurs, éclatements de joies, amoureux de la vie, animaux de la forêt complices des amoureux, associées à la dureté d’une société qui sépare sans aucune pitié des amoureux et ce ne sont pas musulmans extrémistes, mais notre belle et bonne bourgeoisie emprisonnée par ses préjugés coriaces ! Comment ? ma fille va épouser un « black », un arabe, un juif !!!?? C’est la fin !! il ne faut pas laisser faire cela. Quel outrage ! Mieux vaut la mort ou le couvent affirme le père.
Shakespeare monté par Richard Demarcy et son « naïf théâtre » au Grand Parquet c’est une cour de récréation endiablée où les galopins se régalent avec une gourmandise évidente tandis que les grands manipulateurs (parents, les fées , Rois ou gouvernants), du haut s’amusent à tirer les fils des marionnettes c’est le jeu de la cruauté..
Les artisans prennent très au sérieux leurs rôles car ils vont pouvoir combler le vide qui s’est installé dans le Royaume depuis qu’il n’y a plus de théâtre, petit clin d’œil à la place de la culture malmenée par nos politiques.
Richard Demarcy a écrit des pièces et monté des spectacles avec un engagement sans faille pour la justice et l’ouverture aux autres, en s’ouvrant à l’international. Pour preuve, son spectacle fait jouer un portugais, une taïwanaise, angolaise, un franco-canadien – Guy Lafrance !! – une sénégalaise, congolais, camerounais, et bien sûr, est-il utile de l’ajouter, ils sont tous aussi français que vous et moi !
Comme il le dit lui-même dans le café-restaurant chaleureux du « Grand Parquet » où l’on peut retrouver la troupe, il est plus que temps d’écrire un petit livre intitulé « Réjouissez-vous ! ». Stéphane Hessel en serait le premier adepte !
Du 7 au 30 janvier 2011
Les vendredis et samedis à 20h
Le dimanche à 15h00
Spectacle tout public à partir de 8 ans
Tél : 01 40 05 02 30
Adresse : 20bis, Rue Du Département 75018 Paris métro La Chapelle
communication[@]le grand parquet.net
Autres dates :
22 mai Théâtre de l’ Arlequin à Morsang sur Orge
29, 30 mai et 1er juin au festival international de théâtre (Sibiu en Roumanie)