Les sommets valent aussi par leurs mets. Et leurs valets… Les 24 heures officielles de la rencontre Afrique-France à Nice peuvent aussi se résumer à ses déjeuners et dîners.
Fidèle à la tradition culinaire tricolore, les hôtes français ont voulu régaler leurs convives africains, 38 chefs d’Etat et 5 chefs de gouvernement.
Premier à dégainer, juste avant l’ouverture officielle des débats, Bernard Kouchner, plus ministre des factures que des Affaires étrangères. Un dîner pour achever les houleux débats du dimanche 30 mai 2010 avec ses homologues africains. Le seul instant du sommet où les saillies ont pullulé et les indiscrétions fuité. « Débat houleux », titreront les gazettes à propos de la réunion et des agapes données à l’Acropolis. Fâché du menu, les frères africains ? L’entrée était consistance, la place de l’Afrique au conseil de sécurité de l’ONU, et la volonté de la France de lui donner un siège de permanent… Quand l’Union Africaine en exige deux. « La discussion a très mal démarré. Certains ont mis en cause la légitimité de la France à lancer ce débat », a même indiqué à l’AFP un diplomate gabonais.
Piètre maître de cérémonie, Nanard ne sera pas renvoyé en cuisine. Mais confiné à un rôle de majordome, chargé d’accueillir - exercice de style - « par ordre protocolaire inversé » les chefs d’Etat et de gouvernement au dîner du lendemain, au Palais des Rois Sardes, pour le dîner du 31 mai.
Simple secrétaire d’Etat, Alain Joyandet n’aura droit qu’à réceptionner, toujours en « ordre protocolaire inversé », les convives du petit déjeuner du mardi matin, 1er juin 2010.
Dès lors que les festivités se sont officiellement ouvertes, le patron en personne, Nicolas Sarkozy a régalé ses amis. Et le squatteur de l’Elysée n’a pas eu la main légère sur l’organisation du sommet, ni sur les petites attentions adressées aux personnalités présentes.
Flics à chaque coin de rue , Service de Protection des Hautes Personnalités (SPHP) même affecté aux allées et venues des gratte-papiers, et ville quasi-privatisée pour les pontes, potentats et dictateurs africains. Qui avaient tout loisir de trimballer leurs suites sur une promenade des anglais bloqué à leur aimable attention…et à celle de leur cortège.
Les moins argentés des présidences africaines ont dévoilé un ballet de 5 berlines. Au hasard le Tchad, ou la Centrafrique. Plus cossus, Gabon ou Guinée Equatoriale, aussi pauvres démocrate que riche pétroliers s’allongeaient le long de 7 luxueuses bagnoles (françaises) aux vitres fumées. De l’art de recevoir.
Et en hôte attentionné, au moment de conclure, la bonne fée de l’Elysée n’a pas omis de remercier les invités qui se sont fait prier. Avant son discours, un petite aparté avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika. "Je l’ai même appelé pour dire combien sa présence était importante", a fièrement avoué en conférence de presse Sarkozy. Les grognons ont aussi été câlinés. Anciennes stars des précédents sommets et piliers de la Françafrique, le congolais Denis Sassou Nguesso et le Gabonais Ali Bongo, fils du si regretté (regrettable ?) Omar ont eu droit à une sincère accolade en tribune.
Même la fessée adressée par le président sud-africain Zuma, la veille a été oublié. « Jacob », comme le président français l’appelle désormais, a été chouchouté jusque dans la conférence de presse post-sommet. A laquelle, selon un rituel consommé, les journalistes ont été gentiment acheminés. Trois heures de départ pour la colonie. 11H 45, 12h et 12 h 30. Et trois mini-bus, sous surveillance policière qui parcourent les 500 mètre entre le centre de presse et le palais des Congrès… Les plumes sont sans doute ainsi mieux taillées. Et vite rangées.
Comme convenu la France appuiera les demandes de siège de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité. Pour peu que les pays africains tombent d’accord… L’armée tricolore formera 12000 soldats africains au maintien de la paix. Et désormais Sarko Ier affirme compter sur l’Afrique. « Sur l’échec de l’Afrique se construira le désastre de l’Europe et sur le succès de l’Afrique se construira la croissance, la paix et la stabilité de l’Europe ». Sarko ou la géopolitique du domino…
Après un jour et demi de sommet, nulle grande déclaration et guère de frisson. Heureusement dans les salons des hôtels huppés des bords de la méditerranée, se sont noués des accords nettement plus enjoués. Quelques à-côté du sommet à découvrir dès samedi prochain dans Bakchich Hebdo 27.
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