Si le temps béni des colonies est bien fini, il reste quelque ficelles au képi de la France-Afrique. Notamment au musée Branly, créé par Chirac, où le président congolais Sassou a pu tranquillement mener ses agapes le 15 juillet.
« Moi monsieur j’ai fait la colo, Dakar, Conakry, Bamako. Moi monsieur, j’ai eu la belle vie, Au temps béni des colonies. » Des paroles de 1976 et un visionnaire : Michel Sardou. Ce dernier peut être fier. Plus de 30 ans plus tard la France continue chaque jour à rendre hommage à sa prose nostalgique.
Dernier exemple en date, la cérémonie du 14 juillet dernier. Forte de son hospitalité légendaire, la présidence française a donc choisi d’inviter 13 chefs d’Etats africains. Le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo ont ainsi défilé aux côtés des troupes françaises. Seule la Côte d’Ivoire, toujours en froid avec Paris, a fait faux bond à l’invitation française.
Un hommage aux soldats qui ont combattu aux côté de la France pendant la seconde guerre mondiale selon l’Elysée. La preuve que la France soutient encore des « dictateurs qui vivent impunément des rapports néocoloniaux », selon de nombreuses associations de défense des droits de l’homme. « 50 ans de Françafrique, ça suffit ! », a ainsi clamé l’association Survie.
Pour certains des « démocrates » africains, la fête s’est prolongée par quelques agapes. Ainsi le musée des Arts Premiers, quai Branly, a mis les petits plats dans les grands pour recevoir dès le jeudi le président congolais Sassou Nguesso. Président depuis 1979, malgré une petite interruption de cinq ans entre 1992 et 1997, et réélu triomphalement en 2009 avec 78,6% des suffrages, Sassou a honoré le musée de sa présence à l’occasion de l’exposition « fleuve Congo ». Mais aussi, comme le racontait mercredi le Canard Enchaîné, en raison de la sortie ce vendredi du livre « Congo, un rêve d’avenir » aux éditions Encre d’Orient, dont le préfacier n’est autre que Jacques Chirac. Bien le moins quand le Cobra Sassou est l’un des souteneurs de la Fondation Chirac. Pour mémoire relire l’article Petites valises entre amis.
Que ceux qui ont voulu « signer l’acte de décès de la Françafrique » fasse demi-tour.
Si le grand Jacquô devait venir serrer quelques paluches, il a finalement annulé sa venue au profit de Jacques Toubon. Ce dernier, missionné par Sarko pour organiser l’année de l’Afrique en 2010 connaît bien son Sassou. En 2009, il avait ainsi été nommé par le président congolais comme observateur du scrutin avec son compère Patrick Gaubert. Il n’avait alors pas lésiné sur les remontrances assurant que tout s’était déroulé dans les règles. Sans doute le zèle du converti pour l’ancien obligé du rival de Sassou, Pascal Lissouba.
La vieille amitié chiraco-congolaise a toujours ému Bakchich. Nous avons donc tenté de nous inviter à cette nostalgique sauterie afin de prendre des nouvelles du temps béni. Activant tous ses réseaux, la rédaction s’est heurtée à un mur : « Le musée du quai Branly n’est pas la puissance invitante » a murmuré le responsable de la communication du lieu.
L’un des co-organisateurs ajoute : « Cette soirée m’a complètement échappée. Pour vous dire, je voulais emmener un ami journaliste et ce n’est pas possible. »
Etonnement dans les rangs. Le musée du quai Branly, nous assure son site officiel, est un établissement public sous l’autorité du ministère de la Culture. Mais qui est donc cette « puissance invitante » ? La réponse tombera en fin d’après-midi via un SMS limpide : « Les délégations africaines présentes ce soir sont les seules à décider de la liste des invités ». On a connu Sassou plus ouvert. N’est-ce pas M. Toubon ? C’est peut-être ça l’Afrique-France.
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