Comme à Cannes en 2007, mais avec Sarkozy, le tapis rouge se déroule à Nice sous les pieds de tout ce que l’Afrique compte de potentats miniers et pétroliers.
Grand Jacques plus très frais, Papa Omar décédé, le sommet France-Afrique de Nice (31 mai-1er juin) est orphelin de ses Parrains.
Comme l’axe Paris-Berlin a cimenté l’Europe, la relation Chirac-Omar Bongo a enchaîné la France à l’Afrique en général, son pré carré en particulier, et le Gabon en premier ressort. Coups de pouces politiques et diplomatiques, soupçons de financement, cécité sur les agissements limites des uns et des autres. Le Chi à l’Elysée, l’ascenseur n’a jamais aussi bien fonctionné entre la France et les dirigeants africains.
Las, deux ans après le retrait de la vie politique de Chirac (2007), le petit émirat pétrolier du Golfe de Guinée a perdu en juin dernier son Mollah Omar, remplacé comme prévu par le fiston Ali. Un potentat sans la rondeur ni la science du père pour réaliser des coups fourrés, accueilli par un Sarkozy toujours dénué d’appétence pour l’Afrique.
Au moins le squatter de l’Elysée y a-t-il réalisé sa seule rupture politique. Fini le temps des intermédiaires cachés, d’un Quai d’Orsay tout puissant et d’une cellule Afrique de choc. Désormais, les missi dominici prennent le soleil. A l’instar de Robert Bourgi ou Patrick Balkany, des proches du président ou du secrétaire général Claude Guéant, qui multiplie les voyages en Afrique au nom du squatteur de l’Elysée… Et le font savoir.
Réduit au rang de représentant, Bernard Kouchner n’a la haute main sur à peu près rien. Difficile en même temps pour l’ancien salarié de quelques présidences africaines de faire montre d’une once de crédibilité. « Si Kouchner n’était pas entré au gouvernement, il aurait été notre employé deux mois plus tard, comme consultant pour notre système de santé », a pointé pince-sans-rire, un conseiller du président tchadien Idriss Déby [1]
Missionné pour nettoyer les réseaux françafricains, Bruno Joubert a quitté la cellule Afrique de l’Elysée. De guerre lasse de voir Bourgi vibrionner dans le bureau de Claude Guéant, l’ancien haut cadre de la DGSE a déposé les armes et s’est replié à l’ambassade de France au Maroc.
Rupture dans la forme. Pas dans le discours. Ni les méthodes. Comme à Cannes, trois ans auparavant, le tapis rouge se déroule sous les pieds de tout ce que l’Afrique compte de potentats miniers et pétroliers.
Junte nigérienne invitée, le président camerounais Paul Biya chouchouté, l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang choyé et Denis Sassou Nguesso, le congolais aux deux guerres civiles remportées intronisé grand parrain pétrolier après la mort de son gendre Omar Bongo.
Et la presse enamourée de se réjouir de la présence de 80 entrepreneurs français et 170 africains, conviés pour les festivités. "Ces rencontres servent surtout aux banquiers, et aux délégations qui sortent du cash d’Afrique, peste un haut diplomate français. La dernière fois c’était, Cannes, maintenant c’est Nice. Autant faire le sommet directement à Monaco !"
Bakchich peut en témoigner : sans accréditation, notre envoyé spécial a pu franchir un cordon (bleu) de 45 policiers, et se retrouver en salle de presse…
Tout ce beau monde continental n’a même pas chouiné quand il s’est agit de déplacer le lieu du sommet. Prévu de prime abord à Charm-el-Cheikh en Egypte, le raout s’est finalement déplacé sur la Côte d’Azur. L’invitation au pays des pharaons du président soudanais Omar el Béchir, inculpé pour crime contre l’humanité, le président (réélu), a tant fait couiner la France que le raïs Hosni Moubarak a accepté de déplacer la rencontre. En échange d’un hochet… Il préside avec Sarkozy aux cérémonies. "On en est encore à leur offrir de la verroterie, s’afflige une vieille concierge des palais africains. Rien ne change. Y compris chez les Africains. Que les présidents acceptent encore ce genre de sommet entre un (petit) pays et un continent laisse augurer du déséquilibre. Et ce n’est pas la nouvelle génération de dirigeants qui va changer quoi que ce soit".
Premier à sortir des pouponnières présidentielles africaines, Ali Ben Bongo, fils de son mollah Omar de père, attend "beaucoup" de ce sommet avouent ses proches. A l’instar de son ancien camarade de bringue, Karim Wade. Désormais ministre multicartes, le fils du président sénégalais n’a pas renoncé au suffrage universel, malgré sa déconvenue aux municipales de 2009. Ni à parfaire son image internationale, déjà établie au Moyen Orient après l’organisation du sommet de la conférence islamique l’an dernier à Dakar.
Autant d’efforts que n’aura guère à déployer leur acolyte Mohammed VI, qui s’est décommandé. Le souverain chérifien n’a besoin ni de vernis démocratique, ni de circonvolutions diplomatiques pour régner. Le sang suffit à s’épargner les salades niçoises…
A lire sur Bakchich.info :
[1] Sarko en Afrique, de Glaser et Smith, Plon, 2008.
Dire de Karim Wade qu’il aurait une image "déjà établie au Moyen Orient" après la déroute du sommet de l’OCI à Dakar, les atroces soupçons de corruption "déraisonnable" de la part des Emirs à l’issue de celui-çi , la fréquentation des perses ces temps-ci et j’en passe, euh …. En même temps, il est vrai, Bakchich ne précise pas la nature de l’image en question.
PS : Bakchich aurait-il déjà eu entre les mains une bio complète de Karim Wade ? Parce que j’ai beau chercher (site des ministères sn etc.) : rien. Pas un CV. Pour un ministre d’état, c’est étrange. Des problèmes avant 2002 ?
Cordialement
BAKCHICH.INFO a t-il viré sa cuti ???
Pourquoi ce "Gros Mot" figurant habituellement dans vos écrits lorsqu’il s’agit du Continent Africain , disparait-il quand la Rédaction se déplace sur la Côte d’AZUR ???
Vous préférez sans doute , des mots "SOFT" tels que : "potentats" ????….qui font plus "tendance", selon vous ?