Sans mordant, moins exigeant, Sarko Ier devient transparent. Et ce n’est pas son passage du 12 juillet à France Télé qui va rendre sa consistance à l’omniprésident. 2007 est aux oubliettes.
Eric Woerth ne sera plus trésorier de l’UMP. Un fait quasi acté à l’Elysée pour une affaire désormais classée. « Il est lavé de tout soupçon, il est parfaitement innocent » a même osé affirmer Sarko lors de l’entretien télévisé d’une heure hier soir sur France 2. Et l’innocence a toujours les mains pleines…
Sarko Ier a voulu reprendre la main sur les dossiers de fond : les retraites, la rigueur, la France au sein de l’Europe et dans le monde. Et chasser cette odeur de souffre et de moisi qui macèrent dans les recoins de la République depuis quelques mois.
Mais le papier à musique du laïus présidentiel est fort jauni.
Depuis son discours d’investiture en 2007, sa « rupture », tant idéologique qu’en matière de communication politique, semble s’être vidée de sa puissance symbolique. Aussi bien à l’UMP que dans l’opinion publique puisqu’il recueille un modeste 33% d’avis positif. A cela s’ajoute les 57% d’interrogés qui indiquent ne pas faire confiance à son ministre du travail, Eric Woerth, dans un sondage du nouvelobs.com.
Comment pourtant ne pas esquisser un sourire en coin lorsque le devoir d’ « exigence » était le maître mot de sa première intervention en tant que président de la République.
Ainsi, il louait « l’exigence de justice parce que depuis bien longtemps autant de Français n’ont pas éprouvé un sentiment aussi fort d’injustice, ni le sentiment que les sacrifices n’étaient pas équitablement répartis, ni que les droits n’étaient pas égaux pour tous. » Les 30 millions de remboursement du fisc à Liliane Bettencourt au titre du bouclier fiscal auront suffit dans les esprits à anéantir la portée des belles promesses de 2007. Sa défense du jour a moins de mordant : « La France est le pays qui taxe le plus les grosses fortunes. » Deuxième tentative : « J’admire le système allemand. Le bouclier fiscal existe là bas depuis plus de vingt ans. »
« L’Exigence morale parce que jamais la crise des valeurs n’a été aussi profonde, parce que jamais le besoin de retrouver des repères n’a été aussi fort. » scandait en 2007 le touriste préféré de Bolloré. On pense alors au crime de lèse-contribuable d’Alain Joyandet et Christian Blanc pour des histoires de cigares à 12 000 euros et de vol en jet à 116 000 €. Réplique éclair de Sarko ? « Deux ministres ont commis des indélicatesses et maladresses. J’ai promis une république irréprochable et c’est ce que nous faisons. » Bonjour tristesse.
Et toujours en 2007, « l’Exigence de résultat parce que les Français en ont assez que dans leur vie quotidienne rien ne s’améliore jamais, parce que les Français en ont assez que leur vie soit toujours plus lourde, toujours plus dure, parce que les Français en ont assez des sacrifices qu’on leur impose sans aucun résultat. » La crise est passée par là. 100 000 postes de fonctionnaires n’ont pas été renouvelés et la réforme des retraites risque d’agiter la rentrée politique. Du coup, on tape sur les collectivités tenues par les socialos sans les nommer « Qu’est ce qui empêche les régions en France à ne pas l’appliquer ? ».
Et que penser de « l ’Exigence de rompre avec les comportements du passé, les habitudes de pensée et le conformisme intellectuel parce que jamais les problèmes à résoudre n’ont été aussi inédits. » On pense aussitôt à la crise économique mondiale, et au « laissez-faire, c’est fini » du capitalisme financier lancé avec véhémence au Congrès de Toulon en 2008. Les mots sont depuis teintés de prudence. Tout en généralité : on parle d’« un nouvel ordre monétaire mondial », voire de « changer la gouvernance mondiale ».
Ultime affront des cales du passé : « Je m’efforcerai de construire une République fondée sur des droits réels et une démocratie irréprochable. Je ferai de la défense des droits de l’homme et de la lutte contre le réchauffement climatique les priorités de l’action diplomatique de la France dans le monde. » Omar Bongo et Kadhafi à Paris. Jean-Christophe Ruffin qui vient d’être éjecté de l’ambassade de France au Sénégal, pas assez aux ordres du président Wade. Sans évoquer le Grenelle de l’Environnement qui a tourné à la mascarade parlementaire en février et de la taxe carbone ajournée. Un mot des nouvelles ambitions écolo de Sarko ? Le sujet est passé à la trappe de l’entretien télévisé. « La république irréprochable c’est la transparence. »Et le Président a poussé l’exigence jusqu’à devenir transparent…
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Ainsi, il louait « l’exigence de justice parce que depuis bien longtemps autant de Français n’ont pas éprouvé un sentiment aussi fort d’injustice, ni le sentiment que les sacrifices n’étaient pas équitablement répartis, ni que les droits n’étaient pas égaux pour tous. »
Quand on imagine que certaines personnes ont vraiment pensé qu’il était l’homme providentiel pour rétablir une justice sociale - lui, Sarkozy de Neuilly, avocat d’affaire - on se dit qu’on est soit vraiment cernés par les cons, soit que la machine à propagande tourne à fond et de manière très efficace (soit un peu des deux ou alors beaucoup de l’un et un peu de l’autre…).
Déjà que les socialistes n’étaient pas très balaises pour ça, qu’est-ce qui a bien pu convaincre les gens qu’un type comme Sarkozy allait faire qqchose pour les foyers modestes ???