Nicolas Pompigne-Mognard (UMP), 34 ans, en position éligible dans le Tarn-et-Garonne pour les régionales, se présente comme un candidat de la diversité. Il est aussi un lobbyiste actif parrainé par de bonnes fées de la Françafrique.
Un chèque de 4500 euros. C’est le tarif officiel annoncé par un candidat de l’UMP aux élections régionales pour être en position éligible sur la liste du Tarn-et-Garonne. Des petits jaloux de son propre parti ont aussitôt dénoncé un « investissement » qui serait rapidement rentable, à raison de « 2.000 euros d’indemnités mensuelles pendant 6 ans ». Un calcul mesquin. En réalité, le mandat des futurs élus régionaux a été raccourci à 4 ans par le gouvernement.
Surtout, notre futur élu du Bas-Querçy se présente comme un généreux donateur fortuné, qui n’aurait pas besoin d’un mandat local pour assurer la subsistance de sa petite famille. « J’ai la chance de bien gagner ma vie, et il m’a semblé normal de financer la vie de mon parti politique » explique Nicolas Pompigne-Mognard, qui s’est auto-interviewé dans les colonnes de son propre journal.
Car depuis septembre 2009, cet ancien militant RPR de 34 ans a été bombardé à la direction du Petit Journal, un groupe de presse qui tente de concurrencer La Dépêche du Midi sur ses terres en multipliant les hebdomadaires départementaux. « Il me coûte plus cher qu’il ne me rapporte » soupire le nouveau Tycoon du Sud Ouest, qui finance donc à pertes ces feuilles de choux avec un objectif clairement politique : battre Jean-Michel Baylet, patron de La Dépêche et président du conseil général du Tarn-et-Garonne, en 2011.
Pour réussir dans son entreprise, Nicolas-Pompigne-Mognard peut compter sur sa famille. Né à Valence d’Agen, ce franco-gabonais a épousé la fille de Marcel Abéké, directeur général de la Compagnie minière de l’Ogouée. Derrière ce nom exotique qui fleure bon le colonialisme à papa se cache la Comilog, deuxième exportateur mondial de manganèse, propriété du groupe français Eramet.
D’autres bonnes fées de la « Françafrique » veillent à son destin, comme l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, parrain de l’un de ses trois enfants. Le « Mr Afrique » officieux de l’Elysée, qui se targue d’avoir pris auprès de Sarkozy la place que tenait Jacques Foccart auprès Chirac, a placé le jeune et prometteur Pompigne-Mognard à la tête d’une obscure « Organisation de la Presse Africaine », basée à Lausanne. Le sigle français (OPA) de cette officine pouvant prêter à sourire, c’est en anglais que cette vraie-fausse agence de presse associative préfère diffuser des communiqués de presse institutionnels sur un simple blog, pompeusement rebaptisé « Newsroom ».
L’OPA s’est beaucoup dépensée pour la visite mémorable du guide de la révolution lybienne à Paris en 2007, ce qui valu à Nicolas Pompigne-Mognard le sobriquet de « communicant de Kadhafi à Paris ». Lui préfère se présenter sans complexe comme « un pro du lobbying ». « Croyez-moi, j’ai investi bien plus de 4.500 euros dans la course à l’investiture » affirme le candidat. On veut bien le croire…