Sarko a trouvé son jeu de fin d’été, remplacer le patron d’EDF… Pour l’instant, Henri Proglio tient la corde.
La taxe carbone réglée, Nicolas Sarkozy va pouvoir revenir aux vrais sujets, à savoir la distribution des places de PDG. Et justement, il y en a une, et non des moindres, qui vient à échéance, celle du patron d’EdF.
Celui qui tient la corde est Henri Proglio, le PDG de Véolia. Cela fait longtemps qu’il postule au point d’avoir remis une longue note à l’Elysée expliquant son projet pour EdF. En fait, il s’agit de fusionner EdF et Véolia pour en faire un prestataire de service couvrant quasiment tous les besoins domestiques (énergie, ramassage des ordures, fourniture d’eau). Au passage, Véolia vendrait sa branche « transport » qui est aujourd’hui le deuxième opérateur de chemins de fer en France.
Ce beau schéma se heurte cependant à diverses difficultés. D’abord, pour vendre la branche « transport » de Véolia, il faut un acheteur. Seule la SNCF semble intéressée. Un intérêt tout politique car Guillaume Pépy voit dans sa proposition de rachat la possibilité non seulement de remuscler son service fret à la dérive mais encore celle de permettre une opération qui apparemment plaît à l’Elysée. Et çà, pour un PDG d’entreprise publique, c’est énorme ! A Bruxelles, on hurle déjà : à peine la concurrence commence à apparaître dans le secteur ferroviaire que les grandes manœuvres industrielles du gouvernement français conduiraient à consolider le monopole de la SNCF. Alerté par Bercy, Sarkozy a semblé considérer que le fait que Bruxelles montre des dents n’avait plus guère d’importance. La commission Barroso I et bientôt II est tellement affaiblie qu’il ne voit pas qu’elle puisse devenir un problème.
Ensuite, et c’est là le vrai problème, Proglio a la réputation d’être chiraquien. Il est resté fidèle à l’ancien maître de l’Elysée. Entré à 24 ans à la Générale des Eaux, devenue au gré des vicissitudes du monde des affaires et notamment des foucades de feu Jean-Marie Messier, Véolia, Proglio a donc une sensibilité très « Générale des eaux » faite de culture des réseaux d’influence et de respect outré des élus locaux. Cela l’a spontanément rapproché de Chirac et il se refuse à tourner cette page.
Mais le handicap dont nul ne parle mais que tout le monde connaît est que Proglio était à la célèbre soirée du Fouquet’s au soir de l’élection de Sarkozy. Cela pourrait être un avantage sauf qu’il accompagnait Rachida Dati. Cela l’exclut des nouveaux cercles et braque sur lui la vindicte doucereuse de la première dame de France, aujourd’hui occupée à effacer toute trace de Cécilia et autres Rachida.
En fait, ce qui fait la vraie force de Proglio, c’est qu’il n’y a pas d’autres candidats sérieux. L’homme qu’écoute le plus Sarkozy sur ce dossier est Patrick Kron et celui-ci soutient la candidature d’Anne Lauvergeon, ingénieur du corps des mines comme lui. C’est d’autant plus méritoire que sur le fond, il la déteste. Il rappelle à qui veut l’entendre qu’elle est bel et bien du corps des mines, mais qu’elle n’est pas polytechnicienne, ce qui ne lui en donne pas la pureté absolue… ! En fait, il veut la dégager d’Areva pour superviser personnellement la restructuration du secteur nucléaire.
Dans cette guerre de titans qui s’annonce, un garde un espoir de moins en moins secret, à savoir Xavier Musca. Ancien directeur du Trésor devenu secrétaire général adjoint de l’Elysée il y a six mois, il veut déjà fuir un bateau qu’il sent de plus en plus ivre. Et après tout, il ne serait pas le premier à profiter des affrontements des autres…
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