Veolia pourrait bientôt se retrouver sur les berges franciliennes. Nouveaux élus, enquêtes accablantes de l’UFC-Que Choisir, contrat bientôt arrivé à terme…Ça bouge sévère aux Syndicats des eaux d’Ile-de-France.
La pression monte au Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif). Le contrat déléguant à Veolia l’exploitation arrive à échéance en 2010. Or, selon le calendrier officiel, la décision de reconduire ou non le contrat doit intervenir d’ici la fin 2008. L’enjeu est de taille puisqu’avec 300 M€ par an, il s’agit du plus gros contrat d’Europe : il couvre 4 millions d’habitants répartis sur 144 communes, principalement dans le sud des Hauts-de-Seine et du Val-d’Oise, ainsi que dans l’ouest du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis.
Après des liens de plus de 80 ans, une page est en train de se tourner entre Veolia et le Sedif. Vivement critiqués à l’étranger, les géants de l’eau ont dû aussi accorder des rabais à domicile de l’ordre de 16% à Lille et à Lyon. Cela représenterait, en moyenne, une économie de 32 € par an et par ménage francilien. En 2006 et en 2007, l’UFC-Que Choisir a décerné au Sedif un double bonnet d’âne : après enquêtes, les marges accordées à Veolia sont les plus confortables de France. Le syndicat des eaux conteste, même si l’un de ses vice-présidents estime qu’« il y a de quoi gratter sur certains travaux et sur les taxes que collecte Veolia. L’argent est bien reversé mais pas les intérêts ».
Parallèlement, le rapport de force politique s’est rééquilibré suite aux élections municipales. Sur 144 délégués, le Sedif en compte désormais 70 à droite, contre 67 à gauche. Or, après avoir cogéré le Sedif pendant des décennies, la gauche réclame une gestion 100% publique afin d’empêcher que les ruisseaux des factures aillent grossir les dividendes fleuves versés par Veolia à ses actionnaires. L’offensive a été facilitée par l’éviction de la mairie de Montreuil de Jean-Pierre Brard, apparenté communiste et ex-numéro deux du Sedif, par l’écologiste Dominique Voynet.
Jusqu’ici élu à l’unanimité président du Sedif, André Santini a vu, le 15 mai, se constituer une opposition derrière le socialiste, Jacques Maheas, sénateur-maire de Neuilly-sur-Marne. Réélu par 77 voix contre seulement 55, Santini s’est ensuite offert le luxe d’arbitrer un duel à gauche, évinçant le maire socialiste de Clamart Philippe Kaltenbach, lors de l’élection des onze vice-présidents. « Comme souvent, Santini l’a finement joué. Mais le rapport de forces est quand même là », constate un élu communiste.
C’était l’élection a ne pas manquer alors que l’évaluation du contrat avec Veolia va battre son plein. « Santini pourra très bien s’en tirer en négociant une baisse des tarifs et avec un cahier des charges plus stricte », souffle un franc-tireur de droite. Mais, la gauche est bien décidée à l’obliger à aller plus loin. Encore faut-il qu’elle soit unie et qu’elle réussisse à convaincre des élus de droite de franchir le Rubicon.
La distribution de l’eau à Paris va devenir publique, fin 2009. Veolia et Suez seront écartés d’un marché de 180 M€ par an. Une décision qui amène de l’eau au moulin des mutins du Sedif. La nouvelle a déjà franchi l’Atlantique, l’association américaine de défense des consommateurs Food & Water Watch se réjouit de voir « les rançonneurs de l’eau (…) jetés hors de leur capitale ». « Cette décision montre que les collectivités qui souffrent de la privatisation de l’eau peuvent reprendre le contrôle ». Les délégués du Sedif lisent-ils l’anglais ?
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On peut bien parler du SEDIF et de Véolia, avec des échéances de contrats, mais la situation ne risque pas de bouger des masses :
Le premier vice-président du SEDIF est le sénateur-maire UMP de Saint Maurice (94) Christian Cambon.
Son troisième adjoint à la mairie, Igor Semo, est trésorier de la FPEE (fédération professionnelle des entreprises de l’eau, lobby des eaux regrouppant Veolia, Suez-Lyonaise des eaux, Saur). Il y est également président de la commission économique. http://www.fp2e.org/page.php ?lg=fr&rub=03&srub=02 http://www.fp2e.org/page.php ?lg=fr&rub=03&srub=02&ssrub=04
Il a été en première ligne pour dénoncer l’enquête de l’UFC Que choisir sur le prix de l’eau
Le siège de Véolia Eau et Technologies est implanté à Saint Maurice, de même que celui d’OTV, filiale de Véolia. http://www.veoliaeau.com/profil/donnees-cles/implantations/europe/france.htm Les recettes fiscales générées pour la ville sont de l’ordre de 20% (Dixit Christian Cambon lui-même)
Véolia est régulièrement cité ou mis en valeur dans le bulletin municipal.
Christian Cambon est également en charge des affaires de solidarité internationale au SEDIF, et vient de quitter la commission des lois au sénat pour celle des affaires étrangères. http://www.sedif.com/le_sedif/instances.html
Mr Cambon effectue régulièrement des voyages à l’étranger dans le cadre du SEDIF pour de la coopération humanitaire visant à permettre l’accès à l’eau dans les pays en voie de développement. Super VRP pour Véolia ?
Et vous espérez un changement ?