Patrick Ouart, l’homme justice de Sarkozy, parle peu. Il y a vingt ans, pourtant, il se confiait avec plaisir sur sa vision bien à lui du droit, dans la revue de la très à droite APM. Bakchich publie des extraits.
Il est le conseiller justice de Sarkozy, l’homme de la disgrâce de Dati, avec qui Le Point se plaît pourtant à le présenter en photo (dans son édition papier du 11 juin). C’est aussi lui qui, lors du prochain remaniement, soufflera à l’oreille du Président le nom du prochain garde des Sceaux. Quand Philippe Courroye, procureur de Nanterre, va à l’Elysée, c’est lui qu’il va voir, comme d’ailleurs beaucoup de haut magistrats. Patrick Ouart est sans conteste l’un des hommes forts du château. « Le vrai ministre de la justice, c’est lui ! », s’époumonent les célèbres sources autorisées. Une chose est sûre, l’homme se méfie des médias et parle peu. Mais il s’est parfois montré plus disert. Dans ses jeunes années, alors qu’il était membre de la très droitière Association professionnelle des magistrats (APM), fondée en 1981, le jeune juge lillois prenait la plume dans la revue de l’association et donnait quelques clés pour comprendre la Justice, version sarkozyste.
« Aujourd’hui je me suis levé de bonne heure et assis à ma table de travail dans une maison qui dort encore, je devine, plus que je vois, à travers la fenêtre du bureau les frêles squelettes des jeunes pommiers, nouveaux plantés de la sainte Catherine. J’aime cette heure. J’aime ce pays. J’aime aussi ce sentiment diffus de mélancolie qui est le produit de leur mélange. C’est ce moment que j’ai choisi pour écrire sur la justice. Curieux moment, pensent certains. Et comment leur en vouloir ? Comment pourraient-ils comprendre que la justice a une âme ? », écrit-il dans une touchante confidence en février 1989.
Une âme qui lui secoue la plume quand, le 16 janvier 1989, dans une lettre ouverte au garde des Sceaux de l’époque, Pierre Arpaillange, il s’indigne des pratiques de la Chancellerie : « Il est clair que la magistrature ne saurait en tout état de cause admettre que certains de ses membres se voient mutés contre leur vœu formel, librement et spontanément exprimé sans pressions ni menaces… ». Une saillie qui rend un peu plus assourdissant le silence de ce même Ouart, vingt ans après, quand Rachida Dati, contre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de l’intéressé, mute le procureur général d’Agen à la Cour de cassation.
Plus tôt, en avril 1984, dans ces mêmes colonnes de la revue de l’APM, Patrick Ouart, humaniste et philanthrope s’il en est, raille le gouvernement et la réalité carcérale française. Et détaille par le menu sa vision de la prison : « La peine de prison, qu’on veuille lui donner une finalité de réinsertion ou non, a pour effet immédiat, outre, bien sûr, l’aspect premier de sanction de la norme enfreinte, de placer hors du circuit social le délinquant qui, le plus souvent, vient une fois de plus de démontrer sa dangerosité » . Ou la récidive comme patrimoine génétique.
Force est de constater que malgré l’un des budgets les plus conséquents du gouvernement (6,6 milliards d’euros pour 2009), le ministère de la Justice a bien du mal à se défaire de cette réalité carcérale si collante. Suicides à répétition, grève des surveillants, surpopulation carcérale… Une fois aux affaires, le bon Ouart n’a pas eu l’idée de génie.
Saluons toutefois chez lui un certain don de voyance, quand au début de l’année 1989, dans un discours à l’Assemblée générale de l’APM, il déclare : « l’avenir qui s’annonce pour notre Justice est sombre. »
A lire ou relire sur Bakchich.info
Quand vous avez suivi la pseudo affaire Clearstream franco-française, que vous avez lu le livre d’entretien de Bernard Bertossa avec Agathe Duparc "la justice, les affaires, la corruption" justice écrit avec une minuscule comme notre "minusté" Sarko 1°, que vous avez parcouru le bref interview du juge Gilbert Thiel paru dans le dernier Marianne… vous avez tout compris ou presque.
Sans compter les différentes affaires politico-judiciaires "stratifiées" et assoupies nporfondément dans les hermines, le quasi anéantissement de l’excellent pôle financier.
Les 2 vers de La Fontaine, conclusion de la fable "les animaux malades de la peste (mais non il ne connaissait pas Rachida)"… Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." Toujours plus d’actualité. Avec le raccourci célèbre de Coluche : "y’a l’avocat qui connaît la loi et celui qui connaît le juge".
« l’avenir qui s’annonce pour notre Justice est sombre. »
Ah bon !! Parce que moi, après les mutineries des années 80, je le voyais rayonnant !!! Et puis, entre-nous, dites-moi c’est à qui de le rendre moins sombre ? Ce ne serait pas aux politiciens de faire une vraie politique de justice digne de ce nom, et de se donner de vrais moyens, pour arriver à de sensibles changements… Et puis, tant qu’on enverra du personnel, partir de paris pour signifier des poursuites contre une pauvre internaute qui a, pour seul crime, osé "insulter" Nadine Morano, de… … Menteuse (un sacrilège à notre époque).. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me donne pas une image d’une justice bien rationnelle. Non ?
La conquête de l’électorat d’extrême droite ne s’est pas faite comme l’a prétendu la bonne presse par le seul siphonnage des électeurs à coup de karchers fracassants et de coups de menton nettoyeurs de racaille.
Les cercles pensants et d’influence ont aussi été soignés et leurs hommes placés : Darcos côté club de l’horloge à l’éducation, Novelli côté ex-FN aux PME et commerçants genre néo-poujadisme, Devedjian à la relance et donc encore aux PME et entreprises plus grosses et contributrices électorales, Ouart à la justice avec en paravent une perle d’ouverture pour le décorum, c’est tout bénef pour la droite dure qui a effectivement pris une partie du pouvoir sur des postes qui lui tiennent à coeur, bien mieux qu’en se compromettant avec un hâbleur vieillissant infréquentable en société.
L’essence de la droite se démontre dans l’expression : tout est dans l’exclusion "La peine de prison, … a pour effet immédiat … de placer hors du circuit social le délinquant".
La philosophie c’est "nous, la société" contre "eux" et ce "eux" peut désigner les délinquants "une fois de plus…" mais aussi tout ce qui vit, agit ou parle différemment.
La vision humaniste, bien mal défendue par ce qui reste de la gauche, est de constituer une société avec tous, en faisant tout pour penser "eux comme nous".
En considérant qu’un travailleur inséré contribue à la richesse de la société et à ce titre mérite qu’on investisse pour que les échecs scolaires, les délinquants et exclus pour diverses raisons reviennent dans l’idéal faire partie du "nous".
Rien ne prouve que ça marche mais c’est un point de vue philosophique d’essayer, et la vraie ouverture ça serait aussi d’éviter de dire "eux" gouvernent et "nous" on subit ; expliquer les réseaux, les arguments, les combines, c’est indispensable pour qu’un jour l’ensemble des citoyens se considère comme "nous la société" alors qu’avec 53% des voix pour l’élire ce gouvernement semble rassembler 70% contre "eux qui nous gouvernent".