L’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note d’Areva. La patronne "Atomic Anne" Lauvergeon doit "renforcer son bilan".
Si leur entreprise n’était pas américaine, on dirait que les analystes de l’agence de notation Standard and Poor’s sont perfides. Ils ont dégradé la note d’Areva de “A” à “BBB+”.
Une sanction justifiée par la dégradation de la situation financière de notre champion national du nucléaire. Mais, que la patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, se rassure : la perspective est stable, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de nouvel abaissement de la note prochainement.
Cette appréciation, expliquent les experts de Standard & Poor’s, reflète l’opinion qu’Areva “devrait être en mesure de mettre en œuvre avec succès le reste de son plan de cessions et son projet d’augmentation de capital, renforçant ainsi son bilan”. En clair, ces analystes espèrent que le groupe pourra redresser la situation.
Mais est-ce bien sûr ? Dans les hautes sphères de l’État, on en doute sérieusement et si Anne Lauvergeon est toujours en place c’est parce qu’elle est soutenue par son ami François Fillon mais aussi parce que l’Élysée ne trouve personne d’incontestable pour diriger une entreprise dont la gestion laisse pour le moins à désirer.
En attendant, Areva continue de plonger. Après son échec retentissant à Abou Dhabi, qui a préféré un réacteur coréen, le groupe vient de passer une nouvelle provision de 400 millions sur une centrale nucléaire en Finlande. Le groupe français avait vendu ce projet 3 milliards et a déjà fait une croix sur plus de 3 milliards en raison de ses retards. Il n’y a pas à dire “Atomic Anne” est une bonne commerciale.
On comprend dans ces conditions pourquoi Areva cherche à tout prix obtenir un gros dédommagement de la part d’EDF (on parle de plusieurs centaines de millions d’euros) parce que l’électricien ne veut pas reconduire un contrat de fourniture d’uranium enrichi qui prend fin cette année. Faute de pouvoir se battre sur le plan juridique, Lauvergeon joue de ses appuis politiques. Ses amis du gouvernement (Fillon et aussi Christine Lagarde, la Marie-Chantal de Bercy) la soutiennent dans son combat contre EDF.
L’Élysée, qui détient la clé, se tait pour le moment. Ce silence peut-il durer alors qu’une pièce maîtresse de la filière nucléaire française semble en perdition ?