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La valse à deux temps des têtes du nucléaire

Explosif / lundi 19 avril 2010 par Jacques-Marie Bourget
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La bataille du nucléaire français fait rage. Les milliards d’euros en jeu aiguisent les appétits d’EDF et d’Areva, les deux géants du secteur. À l’affiche : Henri Proglio, Anne Lauvergeon, Anne Méaux, Nicolas Sarkozy et compagnie. Récit d’une guerre qui se livre en famille.

En expert, Arafat le répétait à ses hôtes : « Faire la guerre n’est pas une partie de pique-nique ». Les batailles au coeur du Cac 40, c’est pareil. Le conflit atomique que se livrent depuis des mois une poignée de très grosses firmes françaises pour le contrôle de la branche de notre nucléaire civil a ce goût-là, celui du sang.

Pilier de l’histoire : EDF qui, attelée au Comité d’énergie atomique (CEA), a conçu sous de Gaulle nos jolies centrales. Traitement, retraitement, production de combustible, nos champions de l’uranium fondent la Cogema sous Giscard, en 1976. EDF va nourrir les centrales en électricité et gérer, parfois à la va-comme-je-te-pousse, les déchets recrachés par les réacteurs. En juillet 2001, la vieille dame Cogema épouse Framatome pour donner naissance à Areva, une boîte bien plus ambitieuse, qui n’entend pas limiter son rôle à celui de stupide client d’EDF. Elle aussi veut fabriquer des centrales partout dans le monde. Anne Lauvergeon, pépée de 42 ans, devient sans problème grande timonière avec sa bouée de références : Normal Sup, agrégation de physique, passage à l’Élysée sous Mitterrand et ingénieure des Mines. Titre qu’elle porte en sautoir : « Je n’ai pas besoin d’être franc-maçonne, j’appartiens au corps des Mines ». Ah, le joli corps des Mines !

Anne arrive et le vent de l’histoire fait un tête-à-queue. Three Mile Island en 1979 et Tchernobyl en 1986 paraissent précipiter la fin de l’électricité nucléaire. Mais Areva ouvre pourtant des bureaux dans 43 pays. Autour du trésor, ressuscité notamment par la raréfaction du pétrole, ça grouille. Subitement, et la communication de Anne Lauvergeon y est pour beaucoup, le nucléaire devient l’ami de tout le monde. Le géant Suez, spécialiste de la distribution d’eau, du transport, s’allie à GDF, pour gazer ensemble. Sur le paillasson de l’atome, on trouve aussi Martin Bouygues, l’ami de Sarko, et son compère Patrick Kron, respectivement premier actionnaire et PDG d’Alstom, challenger de la production d’électricité. Ces industriels rêvent de manger Areva.

"Mettre fin à ce bordel"

Depuis 2007, la guerre est déclarée. Jusqu’en décembre dernier, cette guérilla reste florentine. C’est le moment où Areva perd un colossal marché de centrales à Abou Dhabi et l’espérance de 40 milliards d’euros (lire ci-dessous). Nicolas Sarkozy qui « a mouillé sa chemise » et Claude Guéant, qui a fait des navettes dans l’émirat et donné sa confiance à Areva, apprécient peu. Derechef, le président commande à François Roussely, ex-PDG d’EDF, un rapport sur les perspectives de notre nucléaire (il doit le rendre fin avril). À l’Élysée, où la langue des casernes domine, le mot de passe est désormais le suivant : mettre fin à ce bordel.

D’autant que, pendant ce temps, d’épouvantables révisionnistes osent mettre en doute les vertus de l’EPR, le réacteur qu’Aréva construit dans la plus grande douleur en Finlande et à Flamanville, près du Havre. Ces agents de l’anti-France comparent notre EPR à Concorde, une machine parfaite mais invendable. La grosse tuile pour Lauvergeon, accusée d’une gouvernance en solo, cause d’échecs et de comptes pas toujours très clairs. Dans la langue des jardins d’enfants, nous dirions qu’Anne est dans le toboggan, virée sans doute bientôt, mais avec un parachute en platine de près d’un million d’euros.

Or, pour remplacer « Atomic Anne », Sarkozy et Guéant ont pensé à Henri Proglio, qui, à la tête de Veolia, la société héritière de la Générale des eaux, rêve à un destin de grand capitaine d’industrie. En 2004, Proglio a tenté de convaincre Chirac de garder son ami Roussely à la tête d’EDF. En se proposant comme héritier. Hélas, cédant sous les coups du colossal Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre menaçant de démissionner, l’Élysée nomme Pierre Gadonneix, qui va s’y assoupir. Rebelote pour Proglio qui, en 2006, sur les conseils du grand Alain Minc, tente une OPA sur l’électricien italien Enel afin de s’emparer de GDF-Suez. Nouvel échec. En attendant, pour tout ce petit monde, de repartir à l’assaut de contrats qui se chiffrent en milliards.

Voir en ligne : In Bakchich Hebdo n°16 du 20 mars 2010

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