Huit grosses boîtes ont créé en 2007 EDH, pour "Entreprises pour les droits de l’homme". Une bien noble association qui affiche très discrètement ses penchants droits-de-l’hommistes.
Contraint d’œuvrer en des terres où n’irradient pas les droits de l’homme, telles la Chine, le Niger ou le Congo-Kinshasa, le géant du nucléaire français, Areva, n’en demeure pas moins très attaché à la défense des libertés. Si, si, promis, et c’est la patronne Anne Lauvergeon qui le dit. En réponse au journaliste Nicolas Poincaré qui lui demandait ingénument si dîner avec des dictateurs faisait partie du job, Atomic Anne est entrée en fusion : « Nous, nous sommes très sensibles à ce qui est droits de l’homme. Nous sommes d’ailleurs une entreprise qui a fondé EDH en France. »
EDH ? Entreprises pour les droits de l’homme, une bien noble association fondée en 2007 et dont les huit membres sont tous de grosses affaires : BNP Paribas, Casino, EDF, Sanofi Aventis, STMicroelectronics, GDF Suez et, donc, Areva. Des industriels particulièrement discrets quant à leurs penchants droits-de-l’hommistes. Et les sites Web de ces sociétés n’en disent guère plus sur EDH. À peine Areva mentionne-t-elle, dans une brochure datée de 2008, le dépôt des statuts de l’association. Et après ? L’année 2009 ne sera pas plus fructueuse.
L’entreprise de Lauvergeon assure pourtant, dans un document intitulé « Areva et le pacte mondial », que « le projet le plus mobilisateur a porté sur la conception d’un module (interentreprises) de formation des dirigeants aux droits de l’homme (…). La première session de cette formation inter-entreprises est programmée pour la fin du premier semestre 2010. Elle réunira plusieurs dirigeants de chacune des entreprises membres d’EDH ». Bluffant. Les présidents Nazerbaïev (Azerbaïdjan) et Hu Jintao (Chine) peuvent trembler. Leurs interlocuteurs sauront désormais de quoi il retourne en matière de droits de l’homme.
Contacté par Bakchich, le service de presse d’Areva se montre peu disert. Impossible d’obtenir des précisions, ni sur EDH (budget, nombre de personnels, réalisations) ni sur ce cocasse cours de droits de l’homme. Professionnel avant tout, le service renvoie à la charte de l’entreprise, disponible en ligne, « où, vous verrez, il est beaucoup question de droits de l’homme ». EDH, une coquille vide pleine de déclarations d’intention… D’autres en avaient rêvé, Areva l’a fait.