Drogué à l’insu de son plein gré. Le chouchou de Lagardère, Richard Gasquet, a bien appris de son maître, "incompétent mais pas malhonnête". Cerise sur le gâteau, l’affaire Gasquet permet à Lagardère de dégraisser son Team…
Il faut quand même rendre à César ce qui est à César ! Grâce au Team Lagardère, le tennis hexagonal est devenu bien plus excitant côté coulisses que côté court où, il faut bien le dire, on est toujours déçu. Mieux travaillée qu’une balle jaune, l’affaire Gasquet nous offre des rebonds épatants. Qui vont du sport jusqu’à la rubrique faits divers en passant même par les pages business.
On le sait, chouchou de Lagardère et figure de proue de l’écurie financée par l’industriel, le jeune tennisman a des problèmes avec les instances sportives.
Au lendemain d’une virée dans une grosse boîte de nuit de Miami fin mars, Richard Gasquet a été signalé faute. Contrôlé positif à la cocaïne. S’il a objectivement franchi la ligne blanche, il assure n’en avoir sniffée aucune. D’ailleurs Bob Sinclar, le DJ vedette avec qui Gasquet et d’autres sont arrivés, l’a juré. Ce genre d’endroits, c’est pas là où on prend de la coke. Rafraîchissant…
Bref, drogué à l’insu de son plein gré, comme un certain Richard Virenque avait été dopé de la sorte. Ou plus justement comme le cycliste Belge Tom Boonen, qui vient de se faire piquer une deuxième fois à la coke. Pas terrible en tous cas pour l’image du Team Lagardère. Déjà que Gasquet, surdoué programmé pour gagner, ne remporte pas des masses de tournois, voilà qu’on apprend qu’il découche en boîte de nuit où il boit des « vodkas-pomme » avec des filles rencontrées à la volée.
Côté business, la conséquence de tout ça n’est pas terrible non plus. Risquant une suspension de raquette pouvant aller jusqu’à deux ans, - son cas sera examiné le 29 juin par les instances tennistiques - Gasquet a tout d’un actif toxique potentiel qui coûte beaucoup et ne rapporte rien à l’entreprise d’Arnaud Lagardère, sinon des ricanements. Mais le patron lui est très attaché.
Du coup, le « frère » de Sarkozy, comme il se définissait lui-même, et ses conseillers en com’ se démènent comme des damnés pour sauver l’essentiel, détective privé à l’appui. Ils ont d’abord imposé un silence radio assourdissant pendant plus d’un mois à Gasquet. Très fort pour offrir un bel écho aux médisances d’Henri Leconte qui s’est bien foutu du tennisman. Début juin, seulement, ils ont actionné leur champion. Médias choisis : le 20 heures de TF1 ou encore L’Equipe. Véritable exploit, Gasquet a eu droit dans le quotidien sportif à une page entière d’interview. Bien plus que Federer vainqueur de Roland Garros. Il a récité la leçon en présence d’un avocat du groupe. Un peu perfide, le journal a noté qu’il avait l’air sincère mais pas toujours spontané.
Il n’y avait pas de drogue dans cette soirée, répète-t-il, mais un témoin lui a quand même signalé après-coup qu’il y en avait. Alors « comment la cocaïne est arrivée dans (s)es urines » s’interroge-il ? Une puissance hostile lui en aurait-elle dilué dans son verre ? Non, « comme toujours, je fais gaffe au verre. Je l’ai toujours gardé dans la main. Si je l’avais lâché, j’aurais fait une erreur. Je ne l’ai pas faite. ». Mais la thèse échafaudée par les équipes Lagardère, Gasquet qui a porté plainte contre X – le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour administration de substance nuisible – l’a réservée à la police. C’est celle du baiser empoisonné à la cocaïne. Fautive désignée, une certaine Pamela, Française de 29 ans, rencontrée le soir même.
Le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France a réussi à interviewer Pamela, qui a menacé de porter plainte si on la mettait en cause pour une pelle qui, jure-t-elle, n’était pas frelatée. Le tout en défendant Gasquet à sa manière. « Il n’a pas vu le mal. Il vit dans un monde protégé. On n’est pas dans le monde des Bisounours. C’est évident que pendant ce type d’événements, les gens font appel à des drogues pour tenir toute la journée. Richard, c’est un naïf, un bon élève ». La night clubeuse en rajoute une coupe.« On a laissé nos verres, on est parti, on est revenu. Quand il dit qu’il n’a pas lâché son verre, je ne dirai pas ça ».
Bref qué pataquès ! Surtout que l’affaire risque d’alourdir encore le rang des chômeurs. En effet, ça tourne vinaigre en interne et Lagardère aurait en ligne de mire l’encadrement de Gasquet, comme Thierry Champion coupable d’avoir emmené le tennisman dans un lieu de perdition. Bref la belle occase pour une direction qui cherche à dégraisser au maximum. En effet, lancé fin 2005, le Team Lagardère est en train de faire pschitt ! Grâce aux capitaux privés gagnés dans les armes et la communication, il s’agissait de revigorer l’athlétisme, le tennis, voire la natation. Et de faire bien mieux que le sport étatique géré par des fédérations empesées et incapables. Mais les résultats sportifs ne sont pas au rendez-vous. Et avec la crise, nous apprenait L’Equipe il y a quelques temps, Lagardère prévoit de bazarder des pans entiers de sa structure.
Il y a une autre chose qui a de quoi mettre la puce à l’oreille dans cette affaire. Comme par hasard, Ll’Equipe->article06823] et Le Parisien, tous deux propriétés du groupe Amaury, sont comme on le voit très en pointe pour narrer avec une délectation sévère les malheurs de Lagardère. Le Parisien a même publié un sondage pour voir si la population a gobé la campagne de com’ visant à établir l’innocence de Gasquet.
Las pour Amaury, c’est plutôt oui. En tous cas, cette ardeur investigatrice et vacharde interpelle quand on sait que le groupe Amaury compte comme actionnaire… Lagardère présent à hauteur de 25 %. Mais un actionnaire peu désiré, pour tout dire très menaçant et qui aimerait bien racheter le groupe de presse et d’évenements, histoire de mettre la main sur L’Equipe, de rafler l’organisation du Paris-Dakar et mieux encore du Tour de France. Sportif tout ça !
Car malheureux dans l’industrie – après l’affaire des surcoûts des programme Airbus, Lagardère s’est avoué plus « incompétent que malhonnête » dans ce domaine - l’héritier de Jean-Luc Lagardère veut se redéployer dans la communication et le sport en mariant les contenus et le contenant. Posséder des sportifs, gérer les droits de gros événements via Sportifive ( racheté 865 millions d’euros), organiser des épreuves, contrôler la presse pour rafler la pub… voilà son modèle. Lequel menace frontalement le groupe Amaury. Car ces derniers temps, ce dernier a décidé de se lancer dans la gestion des événements mondiaux et vise les droits des Jeux Olympiques.
En tout cas, il y a une réussite qu’on peut mettre à l’actif d’Arnaud. Au moins l’affaire Gasquet nourrit le contenu de la presse people du groupe. Certes à l’insu de son plein grè mais c’est toujours ça de pris.
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En tout cas, les organisateurs de Roland Garros n’ont pas voulu qu’il y vienne car les lignes blanches sont mélangées avec de la terre battue…
Nous avons, en France, des éducateurs bénévoles qui essayent d’inculquer aux jeunes le goût de l’effort, du respect de l’adversaire, d’un milieu de vie sain et serin. Et des personnes comme Gasquet viennent tout foutre en l’air…c’est triste… !!