Trahisons, coups de pression, vandalisme… Le divorce qui vient d’être consommé entre Lagardère et l’éditeur du magazine « Entrevue », avec un Ardisson tapi dans l’ombre, n’a rien de la conciliation à l’amiable.
Immeuble Omega de « Lagardère Active », vendredi 17 octobre. À l’intérieur, les rédactions de journaux aussi différents que Parent, Union, Pariscope… Et un 3ème étage vide. Vide ? Pas tout à fait ! Car si l’équipe de la SCPE, (Société Conception de Presse et Edition) - filiale qui regroupait les titres Entrevue, Choc et Guts - a déménagé avec meubles, dossiers et ordinateurs la veille au soir, les murs, eux, ont vécu. Tel un appart squatté pendant des mois par une bande de sagouins, ils sont recouverts d’inscriptions, tags et autres messages personnels, essentiellement adressés au président de « Lagardère Active », Didier Quillot. Morceaux choisis : du « Salut Quillot, bonjour Bompart » au « RDV au Byblos Quillot, à Saint Trop ! » en passant par le plus prosaïque « Quillot Quillot ,on t’enc… ».
Le solde d’un divorce houleux entre la SCPE présidée par Gérard Ponson et le groupe Lagardère, amorcé il y a des mois. Depuis début juillet, la SCPE avait été sommée par la direction de vider les lieux. Et cet été, une sombre histoire de micros dénichés dans certains téléphones des journalistes d’Entrevue avait achevé de faire mauvais genre. Cette nouvelle affaire de tags semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Samedi 18 octobre, des huissiers ont constaté l’acte de vandalisme. On ne sait pas encore qui sont les auteurs des tags mais tous les regards se portent en direction de Gérard Ponson.
Un personnage que ce Ponson, 43 ans. Fils de plombier versaillais, ce gouailleur-né démarre sa carrière de patron de presse, en 1987, avec deux publications destinées aux jeunes du PS et financées par Pierre Bergé. En 1991, c’est le grand saut. Il contacte Thierry Ardisson et lui propose de devenir la figure de proue de son concept de magazine « Stupéfiant » (une idée « empruntée » à Coluche). Ardisson est séduit « par ce jeune mec qui s’en foutait de la télé et était réellement passionné par la presse », et lui propose de devenir l’éditeur de son projet, en partenariat avec Hachette Filipacchi Médias : « Interview » qui deviendra par la suite « Entrevue », eu égard aux ayants droits des héritiers d’Andy Warhol. Concept de départ : de l’interview people, du décryptage médias et des sujets de société branchés sexe. Au départ, le mag peine à se vendre, puis atteint finalement les 250 000 exemplaires.
Quand Ardisson veut vendre ses parts, il les propose à Ponson, persuadé que ce dernier n’aura pas les moyens de se les payer. Lequel lui rétorque : « Mais oui Thierry, je te les achète tes parts. » Où Gérard a-t-il trouvé les fonds pour mener à bien cette opération ? Deux versions : Joueur invétéré, Ponson aime à dire qu’il a gagné au casino. Une autre penche plutôt pour l’ombre de Daniel Filipacchi (le père spirituel et idole de Thierry) qui, dans le dos de celui-ci, aurait avancé l’argent à Gérard. Un plan à la Caïn et Abel en somme.
En 1995, à tout juste trente ans, Gérard se retrouve donc directeur d’un canard qui va, sous son impulsion, devenir une fabuleuse pompe à fric. Il y vire les sujets sexes déviants chers à Ardisson, développe les pages décryptages médias en partant en guerre contre TF1 et met le paquet sur les scoops graveleux. Résultat : en 2001, le titre atteint les 800 000 exemplaires, malgré un bidonnage lié à une sombre histoire de frigo en polystyrène. Le fils du plombier a fait fortune. Et Ardisson est ivre de rage. Gérard devient alors le chouchou de Gérald de Roquemaurel (alors le boss de Hachette Filipacchi), qui lui confie le lancement de Maximal (2001) puis de Choc (2004) et Guts (2006).
Mais derrière la réussite, les syndicats du groupe Hachette sont aux aguets. La faute à un management fondé sur une sorte de « paternalisme abusif » (dixit les syndicats) mené par Gérard et son épouse, qui se traduit par des bouclages interminables et, selon eux, de multiples infractions à la législation du code du travail (pas de RTT, heures supplémentaires impayées et sans récupération, turn-over incessant des équipes…). Le web change la donne : les ventes de Maximal, Choc et Guts s’effondrent, et celles d’Entrevue diminuent singulièrement.
Ces magazines sont revendus ou relancés sur de nouvelles bases. Peine perdue. Là-dessus, une journaliste de Choc se suicide fin mars 2007. Les syndicats saisissent alors la balle au bond pour dénoncer les conditions de travail qui sévissent à la SCPE. Entre temps, Roquemaurel a été remplacé par Didier Quillot, qui s’arme d’un conseiller spécial : un certain Thierry Ardisson. Pour faire mordre la poussière au « fils du plombier » ?
Toujours est-il que début 2008, Lagardère Active décide de se débarrasser de ce partenaire trop sulfureux et qui, surtout, rapporte désormais beaucoup moins. La SCPE (détenue à 80 % par le groupe et 20 % par Gérard) est mise en vente. A la surprise générale, le joueur Ponson met son tapis pour racheter son groupe. Un joli coup. Ses vieux démons le rattrapent pourtant… En quittant Lagardère, il n’a visiblement pas pu s’empêcher de « taquiner », façon « voyou-punk » qu’il est, son meilleur ennemi du moment : Didier Quillot. On ne se refait pas. Aujourd’hui, Gérard Ponson entend rationnaliser ses équipes, enrayer la chute relative d’Entrevue et diversifier ses activités vers le net. Un challenge qui sent la fin de partie…
Pour ce qui est des conditions de travail, en tant qu’ancien salarié, je confirme. On fumait même dans les bureaux !
En revanche, pour Ponson, vous oubliez de préciser un truc essentiel : ce type est d’une rare incompétence, en plus d’une fainéantise à toute épreuve. Il se pointe à 15 heures les jours de bouclage pour jeter un oeil à ses magazines (mais pas du tout les autres), et sans lire les articles, décide que tel ou tel ou sujet "n’intéresse pas les lecteurs". Il ne connaît déjà pas ses journalistes, alors les lecteurs…
Et l’équipe de rester jusqu’à point d’heure pour refaire les pages évidemment, à manger des pizzas.
Mais ce n’est pas le pire. Il a foutu sa femme juste en dessous de lui pour diriger les rédactions de tous les titres. Une illettrée à la tête de plusieurs titres de presse écrite, c’est assez pitoyable.
Pour quelqu’un que vous présentez ne pas s’intéresser à la télé, il est pourtant complètement dans le moule des présentateurs-producteurs modèle courant.