L’annulation du rallye Paris-Dakar est-elle justifiée par de réelles menaces d’Al Qaïda en Mauritanie ou par une "raison d’Etat" assez floue ? Les dessous d’une décision qui semble disproportionnée.
Mais de quoi a donc tant peur la France de Sarkozy au point de pousser les organisateurs du rallye Paris-Dakar à annuler pour la première fois de son histoire ce prestigieux – et juteux – rendez vous sportif ?
La décision, annoncée officiellement à la veille de son lancement par les responsables de l’Amaury Sport Organisation (ASO) - à qui incombe la responsabilité en dernier ressort de trancher - a été justifiée par l’existence de « menaces directes lancées contre la course par des mouvances terroristes », dont les services français se seraient alarmés.
Ces menaces ont dû apparaître vraiment terribles aux organisateurs, au point de ne supporter aucune autre alternative, dont celles qui ont déjà été expérimentées : des aménagements de parcours, comme ce fut le cas en 2007, ou la mise en place de ponts aériens en 2000 et 2006, qui avaient permis de réduire le risque et limiter ainsi la casse. Problème : le rallye prévoyait un itinéraire qui comprenait plus de sa moitié en territoire mauritanien.
Or, tout vient de là. L’assassinat des quatre touristes français à Aleg, dans le sud du pays, le 24 décembre dernier, ajoutée à l’attaque contre des soldats mauritaniens deux jours plus tard au nord est de Nouakchott, où quatre d’entre eux avaient été tués, avaient suggéré aux enquêteurs mauritaniens et français une implication du groupe algérien Al Qaïda dans le Maghreb islamique (AQMI). Qui, il est vrai, n’aime ni la France, ni le régime mauritanien.
Ce « double événement » aurait donc généré « un climat », selon Etienne Lavigne, directeur du rallye, qui tenait une conférence de presse vendredi 4 janvier à Lisbonne, capitale choisie comme point de départ de la course. Ce climat, donc, a réuni « toutes les conditions qui ont sans doute laissé penser au gouvernement français qu’il est impossible d’aller en Mauritanie ou ailleurs, d’ailleurs ». « Sans doute » ? Un peu étrange pour prendre une telle décision. Les garanties données par les autorités mauritaniennes aux organisateurs depuis ces deux actions violentes semblaient pourtant l’avoir convaincu. L’organisateur ne déclarait-il pas, il y a encore deux jours, que « toutes les conditions de sécurité étaient réunies » pour permettre les étapes mauritaniennes, et que le nouveau dispositif de sécurité que s’engageaient à mettre en place ses hôtes - « le déploiement de 4000 hommes et une surveillance aérienne accrue » - ne mettait pas en péril l’édition ? Vendredi 4 janvier, les autorités mauritaniennes affirmaient encore qu’ « aucun élément nouveau ne justifie les craintes exprimées par les responsables français », .
Alors, il y a autre chose, Mr Lavigne, n’est-ce pas ? Euh, oui. « Un communiqué d’AQMI citant le Dakar. Je n’en connais pas la teneur mais le Quai d’Orsay l’a en sa possession ». Bakchich aussi, qui vous livre le passage explosif, maintenu au secret pour le risque évident qu’il représente s’il était rendu public et transmis à l’ASO, pour la sécurité nationale.
Selon ce communiqué, le régime mauritanien « jette en prison des jeunes musulmans et affame son peuple, et dans le même temps, protège ses maîtres, adhère sans retenue à la guerre contre le djihad et les moudjahiddines sous la bannière de la croix et » (attention, menace) « assure aux mécréants un cadre favorable au rallye ».
Cette citation assez vague est issue d’un communiqué mis en ligne par le groupe le 29 décembre. Or, dans ce texte, si le groupe AQMI revendiquait bien l’attaque contre les soldats mauritaniens et une série d’actions le même jour en Algérie, il ne mentionnait à aucun moment - pour s’en féliciter, en porter la paternité ou prendre ses distances - l’assassinat des Français, comme Bakchich l’avait alors révélé.
Alors, Mr Lavigne, ça ne marche pas. Qu’est-ce qu’il ya derrière ? Nous y voilà : « la raison d’Etat ». Ainsi, c’est elle qui a été « invoquée pour nous recommander formellement de ne pas donner le départ du Dakar. Et la raison d’Etat ça ne s’explique pas et ça ne se commente pas. Malheureusement, je n’en sais pas plus ». Le genre d’argument qu’un pouvoir brandit quand il est à court d’argument. Et que les enjeux se situent ailleurs que ce pour quoi il dit y avoir recours. « Le terrorisme ne gagnera pas, parce que les démocraties ne sont pas faibles, parce que nous n’avons pas peur de la barbarie », affirmait Sarko, droit dans ses bottes, devant le Congrès américain en novembre dernier pour justifier le renforcement de la présence française en Afghanistan.
Mais sur ce dossier mauritanien, il n’a pas dit un mot. Pénalisant ainsi la Mauritanie, qui n’avait vraiment pas besoin de cela pour calmer sa frange radicale montante. En attendant, la France n’a pas demandé le départ des Français installées dans l’Algérie voisine, ou des entreprises sont implantées. Alors que la menace que représente, dans ce pays, le groupe armé d’Al Qaïda ne se limite pas à la seule rhétorique par voie de communiqué, comme les attentats du 11 décembre et les actions menées quasi quotidiennement sur le territoire le démontrent. A se demander si la « raison d’état » invoquée sous couvert de menace terroriste ne serait décidément pas un régulateur de relations bilatérales… Paris ne veut pas fâcher Alger, mais prend moins de gants avec Nouakchott.
Paris ne veut pas fâcher Alger,
Comme d’hab, Bakchich montre son visage haineux à l’egard de l’Algérie, comme si toutes ces années où l’Algérie a été boycotté ne suffit pas, il faut encore l’isoler encore et encore.
Mais au fait, pour qui roule Bakchich ? Pour le roi du Maroc ou … ?
une algérienne