100.000 touristes de moins que prévu pendant la Coupe du Monde en Afrique du Sud, et des dizaines de milliers de nuitées invendues. Malgré les belles promesses de la Fifa.
Le rapport « Tourisme et Migration – juin 2010 » réalisé par l’Office Statistique Sud-Africain (www.statssa.gov.za) paru le 28 septembre était très attendu.
Oui ou non, la Coupe du Monde 2010 disputée en Afrique pour la première fois de son histoire a-t-elle tenu les fantastiques promesses prodiguées sur tous les tons par les dirigeants de la FIFA avant l’épreuve ?
À première vue, il y a loin de la Coupe aux lèvres. D’ailleurs, craignant sans doute un élan communicatif de déception populaire, les statisticiens sud-af’ avait placé le rapport sous embargo jusqu’au 27 septembre à 13h00 afin de mieux contrôler les commentaires acides qu’il risquait de susciter.
Comme le laissait entendre Bakchich peu après le sacre footballistique de l’Espagne au vu des commentaires des médias sud-africains qui ne s’étaient pas laissé gagner par l’euphorie de la propagande made in Zurich, la déception est à la hauteur des espérances : c’est la FIFA qui, comme l’on sait, a raflé la mise des droits TV (700 millions de téléspectateurs) et des ventes de tickets d’entrée dans des stades flambant neufs dont les plus coûteux sont déjà qualifiés sur place « d’éléphants blancs ».
Danny Jordaan, le patron du Comité Local d’Organisation a eu beau faire et refaire ses comptes, ce sont bien des milliers de tickets qui sont demeurés invendus à quelques jours de l’ouverture de la compétition, provoquant une braderie monstre dont les principaux bénéficiaires ont été les spéculateurs.
Les 22 000 emplois précaires créés pour l’occasion n’ont pas duré plus de 3 mois et même les petits vendeurs à la sauvette qui espéraient survivre en vendant autour des stades, les contrefaçons habituelles des produits dérivés mondial 2010, en ont été pour leurs frais.
Pire, depuis la parution du rapport d’une précision presque hélvétique, le doute n’est plus permis : le nombre des visiteurs a été indiscutablement inférieur aux prévisions. Il relève un accroissement de 19,4% des touristes recensés en juin et juillet 2010 par rapport à l’année précédente, soit près de 100 000 de moins que prévus aux dernières estimations du ministère du Tourisme à l’occasion de l’événement planétaire, lesquelles avaient déjà été considérablement corrigées à la baisse par rapport à celles effectuées en mars 2010 sur la base des annonces triomphalistes de la FIFA. Les syndicats de l’hôtellerie ont également relevé les compteurs ; et ce n’est pas brillant.
L’édition du week-end du Financial Times s’est récemment fait l’écho des « prouesses » de l’impayable distributeur exclusif des séjours hôteliers choisi par le Comité Exécutif de la FIFA dans l’opacité la plus totale, qui avait notamment réservé 92 000 nuitées dans le campus d’une université sud-africaine, avant d’en retourner 91 000 invendues au recteur un peu déconfit… Bref, peut vraiment mieux faire.
Au vu des chiffres, assez déprimants il faut bien en convenir avec le recul, un certain nombre de voix se sont élevées en insistant sur le fait que le succès du Mondial ne doit pas se mesurer uniquement au nombre des visiteurs pendant l’épreuve mais sur ses prolongements à plus long terme.
Interrogé sur son appréciation du succès économique de la Coupe du Monde pour l’Afrique du Sud, Marc Hershowitz, patron de l’institut Unilever de marketing stratégique de l’Université de Cape Town s’est même montré très optimiste : « La FIFA à fait réaliser après l’épreuve, une étude en 6 points auprès d’un échantillon représentatif de la population sud-africaine et de touristes et les résultats sont encourageants. L’étude a montré une augmentation significative du moral des consommateurs et de la ‘fierté nationale’ des sud-africains. Mieux sur les 75% de touristes dont c’était la première visite en Afrique du Sud, 83% ont manifesté l’intention d’y revenir et 94% ont indiqué qu’ils seraient heureux de recommander l’Afrique du Sud comme destination touristiques à leurs amis et même à leurs parents ».
Si c’est la FIFA qui le dit…