Piégé par des journalistes s’étant fait passer pour des lobbyistes, Michel Zen-Ruffinen, ancien secrétaire général de la Fédération internationale de Football Association, évoque les magouilles.
« Il est gentil, c’est un bon gars, mais il incarne l’argent. C’est celui qui en demande le plus, pour lui-même, pas pour sa fédération. Je ne peux pas dire combien, mais je peux trouver ». L’homme, qui parle ainsi d’un membre du comité exécutif de la FIFA, s’appelle Michel Zen-Ruffinen. Cet avocat suisse de 51 ans, installé à Sion, dans le canton du Valais, a été secrétaire général adjoint de la FIFA de 1996 à 1998, et secrétaire général de 1998 à 2002.
Ses propos ont été diffusés sur le site Internet du « Sunday Times ». La vidéo a été filmée en caméra cachée dans un restaurant de Genève. Michel Zen-Ruffinen s’est fait berner par des journalistes déguisés en lobbyistes chargés d’œuvrer en faveur de la candidature des Etats-Unis pour organiser la Coupe du monde de football en 2022.
Michel Zen-Ruffinen aurait été payé 155 000 francs suisses (115 000 euros) pour décrypter les mœurs des 24 représentants du comité exécutif de la FIFA, présidée par le Suisse Sepp Blatter. En clair, cet avocat spécialisé en droit sportif, devait échelonner le degré de corruption des uns et des autres.
Évoquant un autre représentant du comité exécutif, Michel Zen-Ruffinen le traite de « clown », et lâche : « qu’on peut l’avoir avec des filles ». Enfin, d’un autre officiel, l’ancien secrétaire général de la FIFA déclare : « On peut lui demander ce qu’il veut. C’est facile. Je ne plaisante pas. Avec tel ou tel, par exemple, on ne pourrait pas le faire. Mais avec lui, oui ».
La FIFA, déjà dans la tourmente, n’avait pas besoin de cela. D’autant qu’elle doit désigner le 2 décembre prochain les villes hôtes des Mondiaux de 2018 et de 2022. Rappelons que Michel Zen-Ruffinen a dû quitter la FIFA en 2002 après s’être violemment opposé au président Sepp Blatter, lui reprochant certaines pratiques douteuses.
Toutefois, l’ancien secrétaire général de la FIFA, dont le nom est apparu dans d’autres dossiers, ne jouit pas en Suisse d’une réputation d’enfant de chœur. La vidéo du « Sunday Times » (accès payant) provoque un énorme scandale dans la Confédération qui accueille près de 40 fédérations sportives internationales, comme le Comité international olympique (CIO) et l’Union cycliste internationale.
Toutes ces fédérations trouvent habituellement sur les bords du lac Léman des hôtels de luxe, une presse peu curieuse, et des banques accueillantes. Elles sont une importante source de revenus, notamment pour Lausanne.
Michel Zen-Ruffinen dénonce le piège qui lui a été tendu et annonce qu’il va porter plainte. Toutefois, il ne peut guère démentir les affirmations tenues en caméra cachée. « Je croyais travailler pour une société de lobbying défendant la candidature américaine. Mais jamais je n’aurai tenu ces propos devant des journalistes. J’ai fait part de mes impressions sur certains membres. Je leur ai dit qui pouvait être influençable ou non, et d’ailleurs j’ai dit la vérité », déclare, pour se justifier, l’avocat dans le quotidien « Le Matin » de Lausanne.
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