Le petit joyau du Tennis français et du Team Lagardère, Richard Gasquet pris le nez dans la poudre blanche et c’est tout un débat qui est relancé. Alors la coke, ça dope ?
Richard Gasquet est un intellectuel français qui joue aussi, de temps en temps, au tennis. Pour le situer en bref, disons que le niveau de sa pensée est tel qu’à côté de lui Henri Leconte, dit « Riton », autre prince du revers, pourrait facilement passer pour un agrégé de philo. Gasquet -et la France est mieux informée de cela que du sort des Tamouls- a été contrôlé positif, à la cocaïne, au début du tournoi de Miami en mars dernier. Cette ligne blanche relance un débat des experts sur la coke, qualifiée, par les uns de doping, et par les autres de drogue « absolument pas dopante ». On ne sait plus quoi penser, et que prendre ! La cocaïne est une drogue que l’on rencontre dans les rave-parties et autres patries sans rêves, et qui est à coup sûr un stimulant ultraperformant. Comme l’explique le docteur Mulé, ancien directeur des services antidopage de l’État de New York : « il est normal que les sportifs se laissent tenter. La coke déclenche et stimule l’agressivité. Un athlète qui en prend avant un effort sent sur le moment ses forces décuplées. » Cet effet « hypervitalisant » est parfaitement connu des sportifs qui suivent depuis des lustres le joli panache de poudre blanche.
Dans la première liste rouge des produits dopants, établie en 1966, les amphétamines, autres produits festifs, figuraient en tête des produits interdits. Mais, dès 1971, la Commission médicale du Comité international olympique (CIO) inscrivait à son tour cette cocaïne si chère aux mondains. Comme les raveurs, les sportifs la recherchent pour éprouver la sensation d’avoir de l’énergie en stock, pour durer au cœur de la fête comme dans celui de la « compète ». Au total, c’est une drogue qui lève les inhibitions mentales et physiques. Elle est donc, pardon cher Richard, à la fois festive et dopante. Mais ne jetons pas pour autant notre sniffeur avec l’eau de sa douche. Interrogeons nous sur les circonstances qui ont amené le nez de Gasquet à croiser le rail de coke.
La question, genre shakespearien, à laquelle il nous faut répondre est la suivante : un sportif a-t-il le droit à une vie privée ? Dit autrement, cela donne : un compétiteur peut-il avoir une éthique face aux dopants, éthique qu’il abandonnera au moment de ses loisirs ? Sniffer or not sniffer ? La réponse tient dans la façon dont on met « le nez dans la farine ». Disons que celui qui se gave de coke, pour se motiver à l’entraînement, est un garçon dopé. Mais, en revanche, l’autre qui, un soir, se laisse aller à prendre une ligne n’est qu’un type inconscient, qui s’intéresse trop à la frime et pas assez à sa santé. Tout est dans l’intention : rire avec des potes ou frapper plus fort dans la balle ?
En effet, à ce jour, aucune étude scientifique validée n’a été réalisée permettant de quantifier les effets ergogéniques de la cocaïne sur les performances sportives ! Souvent, pour asseoir leur jugement péremptoire, les experts sollicités par les sportifs – afin de nier la triche médicamenteuse - ou sélectionnés par les journalistes - afin d’accréditer le discours de ces derniers - mettent en avant certains travaux scientifiques qui nient la pertinence de telle ou telle substance dopante. Cette absence de preuve scientifique satisfait les dirigeants du sport, qui gardent ainsi leur vedette au show, et les « docteurs Mabuse » qui affirment, pour être bien vu de leurs ouailles, que « la cocaïne est un très mauvais dopant, qu’en l’occurrence pour le tennis, elle est à prendre quasiment à chaque changement de côté, et que la « descente » peut survenir pendant la rencontre si celle-ci se prolonge jusqu’au 5e set ». Donc, pour être honnête, ceux qui prennent de la coke vont venir vous dire qu’ils se sentent « des surhommes », mais aucun savant n’a mesuré l’avantage de ce surmoi… Pourtant Art Rust, un joueur américain a un jour (d’ivresse) déclaré : « si la coke était de l’hélium, c’est toute la NBA qui s’envolerait » !
Et là, tombant de caribe et si las, je vais scier ma branche en vous expliquant que, parfois, si les études scientifiques existent, elles sont d’une lecture extrêmement complexe. Ainsi, douze volontaires, conducteurs d’automobiles expérimentés, se sont prêtés à une intéressante expérience : ils ont reçu soit un antihistaminique, soit un médicament anti allergique qui a la réputation de favoriser la somnolence au volant.
Eh bien mes amis, les performances de nos cobayes ont été beaucoup plus altérées au laboratoire que dans les conditions réelles de conduite. Autrement dit, on roupille en chambre et on se réveille au volant ! Cela signifie qu’avec certains tests ou certaines méthodes en labo, on peut, en ce qui concerne les effets de la drogue « sportive », prouver ce que l’on veut ! en choisissant bien ses tests, plus ou moins sensibles, on peut prouver ce que l’on veut… Ou tout au moins des choses incomplètes ou inexactes ! D’autant que dans un service médical spécialisé dans l’exploration fonctionnelle, il manque deux éléments majeurs, qui stimulent eux aussi les neurotransmetteurs (noradrénaline, dopamine, GABA) et potentialisant les effets de la cocaïne : le stress de la compétition et l’environnement du public. En gros, une ligne de bar n’est pas une ligne de central.
Pis, un autre paramètre vient rajouter son influence dans nos cerveaux compliqués : l’effet de groupe ! Le caractère « tribal » de la consommation crée un phénomène « d’agrégation » bien étudié chez l’animal. En groupe, l’effet d’une drogue ou d’un dopant est beaucoup plus puissant. D’où la fréquence de la diffusion du « pot belge », (cocktail de cocaïne, amphétamine, caféine, corticoïde…), ingéré de conserve au sein d’une équipe sportive ou lors de rave-parties. Et le « pétard » partagé n’a pas les effets du « h » fumé en solo…
Mais revenons à la dame « blanche » pour signaler qu’il est impossible dans une étude, la plus rigoureuse possible c’est-à-dire en « double aveugle », de laisser longtemps évoluer dans un même groupe des cobayes ayant pris de la coke et d’autres qui n’ont sniffé que de la farine. Les premiers « témoins » se rendent très vite compte qu’il se passe quelques chose d’inhabituel dans leur organisme ce qui brouille les pistes de l’étude.
En revanche, on peut mesurer les « progrès » chez un même sportif que l’on « charge » plus ou moins pour les nécessités de l’étude. Les Incas connaissaient déjà cette échelle de l’effort puisqu’ils mesuraient les distances accomplies à la course ou à la marche en fonction de la masse de coca ingurgitée ! C’est, en 1884, que Sigmund Freud a remis cette façon de mesurer à la mode, en montrant à l’aide d’un dynamomètre l’évolution de la force musculaire mesurée et en mesurant aussi son temps de réaction. Le barbu autrichien à découvert que la performance s’améliorait en « quelques minutes » et que « l’effet positif persistait plus de trois heures ». D’autres encore se sont intéressés aux effets secondaires. Il ressort que pour de faibles doses correctement choisies, l’augmentation du tonus et de la vigilance semblent dénuée d’effets perturbateurs dans le comportement du sportif. Ainsi un tennisman sous coke ne va pas servir avec le filet dans le dos. Comme toujours avec les « drogues de la performance », il faut respecter la règle « l’important c’est la dose ».
Pour en finir avec Gasquet, avec cette ridicule casquette d’ado qu’il arbore à 23 ans, s’il est victime de la coke il l’est aussi de la presse, peu « pressée » d’intégrer dans son logiciel la présomption d’innocence : si ce garçon a pris de la cocaïne, l’a-t-il fait dans le but de gagner un match ? Ainsi, nous voyons des journalistes qui ignorent tout de la médecine, de la pharmacologie, voire du sport, enfiler subitement la robe de juge. Et, afin de trouver du crédit, ces hommes de presse convoquent comme témoins des « experts ». Toujours sélectionnés dans la liste des « bons clients », c’est-à-dire de types capables de dire joliment, et avec aplomb, des approximations générales devant une caméra de télé… On mobilise même des spécialistes des addictions, des médecins consultés par d’anciens champions toxicomanes qui n’ont jamais vu un sportif de haut niveau en activité. Je vais vous dire une bonne chose : le nuage de coke ? C’est toujours le brouillard.
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En tout cas, les autres joueurs de tennis doivent prendre des produits pour pouvoir taper aussi fort dans la balle après 2h, 3h, 4h de match… !
C’est une bonne chose que Gasquet soit suspendu, alors que les tournois sur terre battue commencent. En effet, il aurait sniffé les lignes blanches mélangées à la terre battue et cela aurait pu le rendre malade…