Il n’y a pas que le tennis et Roland Garros à Auteuil ! L’hippodrome vit ses dernières heures et attise les convoitises voraces de promoteurs.
Dans le monde de l’immobilier chic et class, Bertrand Delanoë se prépare à ne plus compter que des amis. Les jours de l’hippodrome d’Auteuil sont comptés et cette colossale aire de gazon au cœur de la capitale, va pouvoir être livrée aux promoteurs. Enfin, pas tout le gazon puisqu’à la Mairie de Paris on a déjà un plan de campagne derrière la tête. Il indique le destin de feu l’hippodrome : un tiers d’herbe verte et d’arbres qui viendrait en complément du Bois de Boulogne, un tiers d’installation pour sportifs de haut niveau, un tiers d’immeubles. C’est sur cette dernière partie que les bâtisseurs font les yeux doux à « Bébert » Delanoë. Lagardère Les marchands de sports, eux, sont moins bouillants. L’affaire des 150 millions projetés pour la rénovations du stade Jean Bouin, le tout pour faire plaisir aux potes du maire, autrement dit Lagardère et Guazzini , ce dernier étant le maître du ballon ovale à Paris, a laissé des traces. Avec la crise, est-ce bien raisonnable de jeter tout cet argent dans les jeux du stade ?
Par ailleurs, Lagardère qui tire les leçons de la déconfiture de son « Team », de son écurie de supposés champions, est en train de se replier sur l’achat de droits télévisés et sur la gestion des carrières des stars du jarret, puisque c’est là que se cache l’argent. Le petit Lagardère préfère rester sur une bonne affaire, la gestion accordée par la Ville de Paris des 7 hectares de la Croix-Catelan (ex Racing), en plein Bois de Boulogne. Le temps est à l’amitié, plus à l’aventure.
On ignore donc qu’elle tête aura le pôle sportif « hight tec » de l’ex-hippodrome… Sans doute sera-t-il possible de délocaliser le stade Hébert, proche de Roland Garros, qui prendrait la suite des canassons. Les 1 500 lycéens qui font du sport dans ce stade laisseraient la place au futur super Roland Garros doté d’un toit escamotable, comme enceintes de Sydney, Wimbledon et Madrid. Puisque, à l’heure du sport business on ne peut plus attendre la fin de la pluie pour reprendre la partie, et que Gachassin, le nouveau président du tennis français, fait tout un violon sur ce toit.
Dans ce barnum urbain, Delanoë garde la main sur le cœur, donc à gauche, mais ne laisse rien entrevoir pour les pauvres, sauf le droit de pique-niquer sous les arbres. Aucun HLM en vue. D’ailleurs, l’excellent Goasguen, le patron du très réactionnaire XVIe arrondissement, ne supporterait pas qu’on lui mette dans la figure une telle offense qui serait un motif à Intifada. Cette fable sur les drames du Bois de Boulogne démontre que pendant la crise les affaires continuent, cette histoire renforce aussi la loi en vigueur dans le monde du sport-fric : le but des organisateurs de spectacles sportifs est de faire payer les infrastructures et l’entretien par des fonds publics, ensuite nos amis, les PDG du sport, se chargent d’encaisser les bénéfices. C’est le schéma que l’on retrouve à Roland Garros ou à Jean Bouin, mais c’est aussi la philosophie d’Aulas à Lyon ou de Bédier quand il demande la construction (grotesque) d’un circuit de Formule 1 dans les Yvelines, projet qui serait mort-né si Fillon n’aimait pas tant les bagnoles qui font du bruit…
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