Sorti de prison en 1996 grâce à un contrat de travail avec un mafieux new-yorkais, l’ex-ministre de la Ville de François Mitterrand pourrait recroiser le Milieu s’il prend la tête de l’Olympique Gymnase Club de Nice.
Le milieu de terrain de l’Olympique Gymnase Club de Nice (OGCN) pourrait avoir bientôt de la gueule avec le procureur Montgolfier à gauche, le président Stellardo à droite et Bernard Tapie au centre, au ratissage. Rolland Courbis étant, sur le banc, l’indispensable conseiller sportif. Là, le Gym cesserait d’être un club ordinaire.
Encore faut-il que Nanard arrête son mouvement de balance et se décide à prendre le contrôle du club. Les tractations traînent, même si, disent ses amis qui sont si nombreux, « Bernard est toujours intéressé, ou du moins, il le dit". Christian Estrosi, le motodidacte qui règne sur le comté sous la chaleureuse houlette de Nicolas Sarkozy, s’enthousiasme de la nouvelle, bonne pour le sport et excellente pour l’éthique : « Je connais bien Bernard Tapie, je l’apprécie, et tout le monde connaît son talent". Surtout Montgolfier, le procureur de Nice, qui chapeauta l’affaire OM-VA et qui, au tribunal porte la robe rouge et noire, les couleurs de Nice. "Je serai très attentif" a prévu la magistrat. Autant qu’un arbitre sur un rectangle vert.
Gilbert Stellardo, l’actuel président du Gym s’est piqué d’un regroupement familial, celui de la fratrie du sport méridional, et veut sortir Courbis de sa taule marseillaise, pour en faire son « conseiller sportif ». Un honnête homme condamné pour faux, usage de faux, abus de confiance dans l’affaire des transferts de l’OM et de la caisse noire de Toulon. Stellardo, ancien premier adjoint du maire Jacques Peyrat, après avoir été celui de Jacques Médecin ce qui est une bonne école, partage les valeurs de Rolland et aussi, avec lui, quelques viriles relations. Des garçons discrets navigants à la "Brise de Mer", un café de Bastia qui a donné son nom à une très redoutable bande de voyous. Courbis, qui chante en solo à la prison des Baumettes, était si proche de Dominique Rutily, l’un des pontes du terrible gang corse, qu’il a pris une balle perdue le soir où Dominique est mort d’un accident du travail.
Stellardo, qui pourrait donc laisser sa place à Nanard, a longtemps soutenu, bien sûr en tant que membre du syndicat des hôteliers, la société Koema importatrice du café Kimbo dans les Alpes-Maritimes. Déveine, des flics qui voient le mal partout estiment que ce café est mouliné par la « Brise » serviable, Stellardo junior a aidé au lancement de ce pur arabica, "avant de s’en éloigner". Est-il passé au Nespresso ?
La question, si Nanard débarque, est de savoir s’il apportera sa trousse à outils. En gros la fratrie des Barresi et Marc Fratani, surnommé par les grossiers du milieu « la friteuse », son ex attaché parlementaire. Pour les Barresi, deux en cavale, le troisième est agent de joueur ? Bernard doit pouvoir arranger ça. Avant les régionales de 1992, alors qu’arrivait la saison du collage d’affiches, il fit le siège d’un de ses amis du gouvernement pour tenter de sortir Francis le Belge, le regretté patron des bandits du Sud, de prison.
Le contact de gangsters ne fait pas peur au courageux ancien ministre de Mitterrand. En 1996, proche de la mise au frais à la Santé, Tapie a besoin d’un contrat de travail pour obtenir une semi-liberté. Pas dur, il a un bon avocat, Thierry Herzog, devenu depuis celui de notre Nicolas Sarkozy tant aimé. Tapie décroche un CDI signé Joe Polito, le patron de Bridge Corp, une boîte de BTP de New York. Hélas, selon les passionnantes archives de la SEC, le gendarme de la bourse US, Bridge Corp s’acoquine avec la mafia.
Le 12 novembre 1997, un « Proxy Statement » émis par US Bridge (et consultable ici), mentionne l’embauche de Bernard Tapie : « En décembre 1996, la compagnie a signé un accord de conseil avec Bernard Tapie… La compagnie est d’accord pour payer une rémunération mensuelle de 12 000 dollars ». Un autre document de la SEC, présenté en septembre 2000 devant une commission de la Chambre des Représentants (retrouvable ici), titre : « L’implication du crime organisé à Wall Street ». La SEC y relate une opération du FBI où six mafieux sont inculpés pour une broutille de 40 millions de dollars. Au hit parade, Joe Polito et son U.S. Bridge, présenté, comme un associé de la « famille » Gambino, un des plus fameux clan mafieux de New York.
Avec à sa tête un consultant aussi apprécié en Amérique, nul doute que le Gym, pourrait envisager de jouer la Coupe Intercontinentale.
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