Magouilles dans les énergies renouvelables. Des filous inspirés par le filon d’Éole fraudent et accaparent une part significative du budget européen pour les énergies propres en montant des projets bidons.
Dans une interview mi-septembre à Energy Tribune (www.energytribune.com) un site texan d’information qui se consacre à l’économie de l’énergie et fait autorité, un certain Jason Wright, l’un des patrons opérationnels du célèbre cabinet d’investigation et d’intelligence économique Kroll, vient d’apporter une contribution originale au débat sur les énergies renouvelables.
Chargé de réaliser des audits de projets et de sites actifs d’énergie « verte » pour le compte d’organismes publics et privés de financement, Jason s’est lâché sans fausse pudeur : « Le secteur de l’énergie a toujours fourni de nombreux exemples de corruption ; mais la pression de l’Union Européenne pour réduire les niveaux de pollution au carbone a indiscutablement favorisé une mentalité de ruée vers l’or que constituent les subventions de l’Union en faveur d’énergies alternatives ».
Kroll, qui prêche bien sûr d’abord pour sa paroisse, affirme que la mafia et plus généralement le crime organisé, se sont accaparés une part significative du budget européen (6 milliards d’euros) investi dans les énergies propres.
Toutes les enquêtes menées conduisent aux mêmes conclusions selon Wright : un accroissement spectaculaire des fraudes et des activités criminelles liées aux projets de fermes éoliennes en Italie, en Espagne, Roumanie, Bulgarie et plus généralement, dans tout le Sud-Est de l’Europe. Pour l’instant.
Des signaux qui ont fini par alerter le gouvernement italien, troublé par la multiplication des projets de fermes éoliennes dans le Sud de la péninsule, l’une des régions où les vents sont notoirement les plus faibles d’Europe ! Rien qu’en Sicile, 30 fermes éoliennes ont déjà été financées dont une, évidemment au point mort, sur les hauteurs du village de… Corleone.
En 2009, des accords de financement ont été donnés pour 60 projets supplémentaires avant que le gouvernement ne se décide enfin à réaliser des enquêtes approfondies. Elles se sont traduites par l’arrestation en juin 2009, de huit personnes à Trapani dans le « wild west » sicilien. Une opération suivie, en novembre de la même année, de la « mise au vert » de 15 nouveaux adeptes d’Éole dont le président de l’Association italienne de l’énergie éolienne, qui étaient sur le point de percevoir frauduleusement 30 millions d’euros de la part de l’Union Européenne. C’est vrai qu’avec un prix d’achat aux producteurs de 180 euros du mégawatt fabriqué avec du vent, le plus élevé du monde, la situation italienne attise toutes les convoitises…
Selon Kroll, des personnalités politiques locales auraient également été discrètement appréhendées aux Canaries voire même en Corse, début 2010 à la suite de dépôts à Bruxelles de dossiers frauduleux de demandes de subventions.
L’un des projets d’énergie solaire présenté par des Espagnols prétendait pouvoir produire de l’énergie même de nuit ! Sans pouvoir en évaluer précisément le nombre, Wright affirme qu’un grand nombre des projets bénéficiant du budget pluriannuel espagnol de 18 milliards d’euros en faveur de l’énergie solaire, ne sont…que du vent, en observant, un brin moqueur, que les subventions en faveur des panneaux solaires dépassent déjà la facture énergétique totale du pays…
Comme en écho aux propos de Wright, la police italienne vient de confisquer pour près de 1,5 milliard d’euros d’actifs propriété de Vito Nicastri, surnommé « le seigneur du vent » en référence à ses multiples investissements dans l’éolien et le solaire, et soupçonné d’être un proche du parrain Matteo Denaro.
Les enquêteurs italiens affirment que les investissements de Nicastri dans les énergies renouvelables ne sont que d’astucieuses opérations de blanchiment de capitaux d’origine criminelle. 40 sociétés, des terrains prétendument destinés à des fermes éoliennes, des comptes en banques, des voitures de luxes et 2 yachts ont été saisis.
Les propos de Wright confirment tardivement ceux tenus par John Etherington, professeur d’écologie au Pays de Galles, qui dénonçait déjà le scandale dans son ouvrage « l’escroquerie des fermes éoliennes » [1] un pamphlet qui laissait clairement entendre que la mode de l’éolien n’est économiquement que du vent, vendu hélas au prix de l’air comprimé à l’Union Européenne par des truands grands et petits
L’étendue exacte de l’arnaque est difficile à mesurer. Cependant Wright a conclu son intervention en affirmant que la moitié des dossiers sur lesquels Kroll a enquêté en Italie et en Espagne présentait des preuves de fraude plus ou moins importante ; une proportion de 30% plus élevée à celle observée sur tous les autres secteurs où le cabinet est amené à enquêter.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] The Wind Farm Scam (Independent Minds)