La plage qui peut arborer le bout de tissu bleu azur est dite belle, propre, écolo. Illusions… Et la ville de Nice, trop contente de l’obtenir, n’hésite pas à faire de jolis cadeaux
Au départ, en 1983, le pavillon bleu concernait la qualité des eaux, mais on a, depuis, empilé quantité d’autres critères. Les infrastructures, les bacs à fleurs, l’accès pour les handicapés, et une cinquantaine d’autres. Pour la qualité de l’eau, il vaut mieux repasser, car les analyses sont faites sur la base de prélèvements… de la saison précédente. Impasse complète sur les orages, qui peuvent pourrir le littoral en deux heures, et bien sûr sur les dégazages ponctuels. Pour Sylvain Pastor, élu vert du Gard, « c’est un label de complaisance, obscur sur ses attributions, et qui ne prend pas en compte la biodiversité, la protection des espèces ou les effets d’un urbanisme ravageur, comme c’est le cas au Grau-du-Roi, où des associations ont demandé son retrait ».
Ils ne sont pas rares, les spécialistes écolos de tout poil qui allument le pavillon bleu. Les maires, eux, se l’arrachent…
Cette année, Nice vient de l’emporter les doigts dans le nez. Tout content de l’afficher sur cinq de ses plages, Estrosi a —discrètement— financé la conférence de presse nationale 2010 du pavillon bleu. Coût : 9 200 euros de bon argent public, offerts à la puissante Fondation pour l’éducation à l’Europe (FEE), en charge du label et de bien d’autres encore, qui cumule déjà subventions nationales, européennes, et donations privées, comme celles, entre autres, de Suez ou Veolia. Au Maroc au moins on joue franco, le label pavillon bleu s’est développé sous la houlette directe de l’entreprise, qui se charge de l’assainissement, du contrôle, voire de la publicité. Limpide.
Cet été Bakchich vous invite à visiter l’envers des plages parfois paradisiaques de notre bel hexagone. Algues tueuses, promoteurs indélicats, pêcheurs hystériques ou naturistes transcendantaux, la liste de ce qui pollue nos côtes est tellement longue qu’on en a fait un abécédaire. A déguster en long, en large et en travers, vautré sur le sable.
"Ils ont flingués nos plages !" en vente dans les kiosques et marchands de journaux jusqu’au 3 septembre