Le mauvais oeil sur le clan Mariani

Dans la famille Mariani, plus besoin de demander le père, François Francis. L’ancien pilier du gang corse dit de la Brise de mer s’en est allé. Parti en fumée lui et sa moustache broussailleuse, le 12 janvier dernier, lors de l’explosion d’un hangar. En plein période de guerre dans le milieu corse, qui n’en finit plus de faire des victimes.

Pour l’instant épargné par le destin, le fils Jacques ne l’est guère par la justice. Condamné à 15 ans de réclusion pour meurtre, incarcéré dans la morne contrée de Saint-Maur, dans l’Indre, Mariani junior s’est récemment fait balader. Par la flicaille. Deux jours, les 13 et 14 juin derniers, à Nanterre pour un interrogatoire par la PJ locale. Qui lui a parlé du pays. L’héritier se voit soupçonner d’avoir organisé un vaste racket du milieu de la nuit aixoise depuis sa cellule. Bref de se servir dans la caisse de la boîte de nuit de la ville du Roy René, et notamment la plus emblématique d’entre elles, sise sur le cours Mirabeau, Le Mistral. Pas vraiment gagnant, ce passe-temps va lui valoir une nouvelle mise en examen. « Elle tarde un peu pour des raisons de sécurité et de coûts. Le juge Duchaine ne veut pas le transférer vers Marseille avec tout le tintouin et l’escorte du Raid », précise un des enquêteurs à Bakchich. « Il attend de monter à la capitale pour le faire ».

Coup de filet et contrée

Et le coup de filet a également touché sa compagne, « devenu sa femme en octobre 2008 », précise un limier un peu people, coupable selon le parquet de Marseille et le procureur Dallest - qui n’a pas lésiné sur la pub autour de cette affaire- d’avoir joué les intermédiaires dans l’opération. Mise en examen et écrouée aux Baumettes, la bucolique prison marseillaise. Pourvu qu’elle sache jouer à la contrée…

Même le beau-frère, Christophe Vincenti , se trouve en cabane et a eu droit à deux jours de procès, les 22 et 23 juin derniers, à Marseille, accusé de tentative d’intimidation sur des jurées de cour d’assises, en compagnie de trois autres prévenus.

Corsica

© Nardo

Bref l’heure n’est pas à la franche rigolade dans la famille. Sans doute le mauvais oeil, qui a décidé de frapper la famille depuis le printemps 2008.

Du 25 février au 3 mars 2008 s’est en effet tenu, aux assises d’Aix-en-Provence, le procès des assassins de Nicolas Montigny, tué en 2001 dans un cybercafé à Bastia. Pas franchement un ami de la famille le Christophe, Jacques et Francis se retrouvant dans le box des accusés…et des condamnés. 15 ans de taule pour le fils, 7 pour le père qui avait pris soin de ne pas se présenter le dernier jour. Un verdict lourd, que 4 proches du clan, pensent les limiers marseillais, ont cherché à adoucir.

Dont Christophe Vincenti, le beau-frère de feu Francis. Le 2 mars 2008, vers 15 heures, Vincenti, Pierre Noel Giacomoni et Gérard Haouzi, se baladent sur le cours Lieutaud à Marseille. Et Giacomoni se met en tête de faire un étrange porte à porte. Qui l’amène au domicile de la compagne d’un des jurés du procès des Mariani, qu’il aborde un peu sèchement, en demandant après son concubin. Et de se faire éconduire. Une étrange coïncidence que les flics prennent pour une tentative d’intimidation, les soupçonneux. Prévenus par la bonne dame, les poulets débarquent illico et serrent les trois bonhommes, tranquillement installés dans leur 4x4. Et dégottent même les clés d’une chambre d’hôtel…et une paire de gants noirs, une cagoule noire, un chargeur de pistolet automatique Glock assorti de 18 cartouches. Le parfait attirail du bricoleur.

Mon beauf dans la mafia

Les clés découvertes amènent les enquêteurs vers un petit hôtel de Venelles, dans l’arrière pays aixois, dont Vincenti est le directeur administratif. Et là aussi, pêche miraculeuse. Un pistolet GC 54 dans une chambre, un 9 mm dont le numéro est limé dans la chambre de Giacomoni, caché entre le matelas et le sommier, et des plaques d’immatriculations.

Après tant de réussite les flics connaissent un petit accroc puisqu’ils perquisitionnent la maison récemment achetée à la compagne de Vincenti par Matthieu Valbuena, le lutin de l’OM.

Mais le panier est déjà bien garni. Giacomoni est officiellement reconnu lors d’une parade d’identification par la compagne du juré qui a averti la police. Et s’il se défend de toute tentative d’intimidation, il reconnait avoir acheté le pistolet retrouvé lors des perquisitions. « C’était une affaire 200 euros », confie-t-il au juge. Quant à l’intimidation, que nenni. S’il faisait du porte à porte, c’était tout simplement pour trouver, un dimanche, un médecin pour son frère. « Par quelle coïncidence extraordinaire tombez vous à l’adresse d’un juré du procès de votre ami Mariani », s’esbourdit le juge Choquet, en charge de l’instruction.

« Je n’ai rien contre Mariani mais je ne suis pas son ami. Je suis allé à ce procès par solidarité corse. Comme vous le dites, il s’agit bien d’une coïncidence que je déplore ».

Le chaouch et le Smalto

Une coïncidence que regrette également Gérard Haouzi, « endormi à l’arrière du véhicule » au moment des faits, selon ses dires…et « chaouch » malgré lui de la famille Mariani. « On m’appelait pour servir de guide, pour avoir des rabas sur les vêtements (…) on m’a demandé de trouver un costume Smalto et d’autres vêtements pour le procès de Jacques. C’est moi qui lui ai trouvé ça avec un rabais de 40% ».

Quant à Vincenti, muet pendant toute la durée de sa garde-à-vue, il criera au complot. Déjà soupçonné dans l’affaire du fax de Borgo, le beauf de feu Mariani se plaint « d’un véritable harcèlement sous forme de plusieurs contrôles fiscaux, garde-à-vue abritraire » quand, rappelle-t-il, son casier judiciaire s’avère toujours vierge.

En tout cas au moins jusqu’au 2 juillet prochain. Date du délibéré de la 7 chambre correctionnelle où il comparaissait. Le parquet à requis 4 ans de réclusion pour lui et Giacomoni, trois pour Haouzi. Et trois ans pour Claude Chossat, le propriétaire du 4x4, dit le « fantôme ». Disparu après le coup de filet, il n’a pas réapparu au procès.

Au moins un qui échappe au mauvais oeil.

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